Un moment suspendu…

La méditation est un moment de pause que chacun de nous doit faire dans sa journée. Elle commence par une simple réflexion, puis elle vous permet de déambuler dans des endroits les plus improbables, c’est un moment magique !Se faire confiance et se laisser guider, une manière de s’abandonner aux images, aux mots, aux couleurs qui nous viennent à l’esprit.

Comment franchir les portes de la méditation ?

Par la solitude ! Il est très difficile d’être en état de méditation en étant dans un environnement perturbant. L’âme a besoin de paix pour se laisser emporter tranquillement au fil des pensées. La nécessité de s’isoler est donc une démarche primordiale !

Ma méditation s’est portée sur un verset de la sourate 101 « Le fracas », verset 4 : « C’est comme le jour où les gens seront comme des papillons éparpillés ». Kal farachi lmabthouth, en arabe!

J’étais dans un jardin en compagnie de belles âmes, nous sommes en automne, le refrain de la poésie de Maurice Carême m’accompagne dans ce doux moment…ce fameux refrain que nous avons, pour la plupart, étudié sur les bancs de l’école, cette période d’innocence…

Il ne faisait pas froid, seule la brise nous invitait à ce vent de liberté, ce vent ayant parcouru des lieux inimaginables tel le parcours d’un nomade. Mon regard est alors attiré par ce papillon, seul, alors j’ai souhaité être sa compagne de route. Sa danse était si élégante que je me suis mise à valser avec lui !

Quelques jours après, je me mets à ma tâche, je m’isole et je prends mon coran que je lis…je m’arrête sur ce verset de la sourate « Le fracas » : « C’est comme le jour où les gens seront comme des papillons éparpillés. »

Un sentiment de mal-être s’empare de moi !

Ce papillon qui m’a fait oublier l’instant présent me revient à l’esprit. Il était si fragile, si beau !

Je me mets à rechercher ses caractéristiques afin de comprendre pourquoi Allah en parle dans un verset ! Pourtant, Allah nous parle du jour le plus dur, du jour le plus terrible, le jour de l’angoisse, le jour où, vous le verrez, toute nourrice oubliera ce qu’elle allaitait !

Je monte dans la camionnette de Jamy avec son équipe, vous vous en souvenez ? Nous pénétrons une réserve naturelle dans laquelle se trouve un élevage de papillons. Je découvre des milliers d’espèces. Je découvre les différents stades dans sa physionomie, ses mets composés de jus de fruits et de nectar de fleurs. Quand il est dans son cocon, il est drapé de soie. Je suis émerveillée par ces découvertes.

Seigneur! Tu n’as pas crée cela en vain!

Cet insecte est décidemment merveilleux, dans certaines cultures, le croiser est signe de bon augure !

Mes yeux se reposent sur le titre « Le fracas ». Une autre appellation du jour le plus terrible que l’humanité vivra! Kal farachi mabthouth ! Comme des papillons éparpillés.

Celui que j’observais me semblait valser mais à y réfléchir, non, c’est juste que sa trajectoire n’est pas précise.

Là, je médite sur ma vie… je ne connais pas le repos mental.

Rattraper ce temps perdu avant que mon délai ne soit consumé, je vis dans cette crainte que la mort ne me surprenne dans mon état d’ignorance !

Je suis à l’image de ce papillon qui papillonne, mes pensées vont dans tous les sens, entrainées à 1000 lieux de mon point de départ, me poser 1001 questions pour que la seconde d’après elles se multiplient…

« KAL FARACHI LMABTHOUTH ! »

J’ai mal, ma poitrine se serre, je repose mon regard sur le coran comme pour rechercher cette bouffée d’oxygène pour me sortir de cette asphyxie.

« Waman ya3mal mithqala daratine khayran yarah ! » Quiconque fait le poids d’un atome de bien le verra

L’Amour d’Al Wadoud s’empare de moi, je finis par conclure que l’image du papillon, dans ce verset, était une manière de mettre en exergue Sa douceur, reconnaissant la fragilité de chacun de nous, reconnaissant la beauté de chacun de nous !

Elakrouchi Hana

Je suis venu te libérer de tes chaînes…

Me voici, que déjà ta porte est grande ouverte pour m’accueillir. Dans un élan de ferveur tu m’ouvres tes bras en me remerciant d’être, enfin arrivé. Tu me fais entrer chez toi le cœur léger et plein d’espoir. L’espoir que je t’apporte ce en quoi tu aspires : la faveur d’être un serviteur agréé et dont le Maître sera satisfait.

Je suis venu te libérer de tes chaines.

Je m’infiltre dans ton quotidien et ta maison devient la mienne pour le temps de mon séjour. Et c’est avec joie et reconnaissance que tu (ré) apprends à me connaitre. Au début, nos entretiens restent distants mais toujours sur la même longueur d’onde tu m’abordes pour mieux me connaitre. Alors timidement, tu t’ouvres à moi : tes peurs, tes doutes, tes difficultés, tes craintes, tes aspirations, tes espérances, tes invocations, tes demandes, tes prières, …Tu m’en fais part à chaque instant.

Je suis venu te libérer de tes chaines.

Au fur et à mesure de notre contact, tu me semble troublé, énervé par moment. Pourquoi ? Espérais-tu que cela se passe dans le calme le plus inerte ? Ma démarche n’est pas de te mettre en déroute mais plutôt de te bousculer pour te faire sortir de ton sommeil.

Je suis venu te libérer de tes chaines.

Le monde, dans lequel tu vis, devient bancal et s’apprête à s’effondrer à tout moment. Ton existence est fragile et tes forces s’amenuisent. Tu comprends que cela va être difficile. Pourtant, tu fais semblant que tout va se passer calmement et rien ne changera, juste prendre son « mal » en patience et attendre. Attendre la libération ! Et je suis là, à tes cotés !

Je suis venu te libérer de tes chaines.

Ton corps décline jour après jour. Il crie, il hurle même, et toi tu fais la sourde oreille. Vu de l’extérieur, ton attitude est presque inquiétante. Mais, à l’intérieur, il se passe quelque chose : une étincelle se dresse. T’appesantir sur ton sort, tu y refuses. Alors tu te bats. Parfois, le corps réagit en soubresaut pour te faire comprendre que c’est dur de maintenir ce cap et qu’il faudra songer à changer de méthode. Mais non! Inlassablement, tu es fixé sur ton objectif car tu sens que tu es sur la bonne voie. Et je te regarde ! Ta lutte est légitime et honorable !

Je suis venu te libérer de tes chaines.

Longues sont les lamentations de ton corps, mais tu réalises que quelque chose de subtil, de doux, de chaud commence à réagir au fond de ton cœur. On aurait dit une secousse, un tremblement ! Alors, tu ne plies pas et continues à faire émerger cette aurore en toi. Et je t’observe ! J’attends ce réveil, ce printemps !

Je suis venu te libérer de tes chaines.

Tu commences à comprendre que cette douleur a un sens. Tu réalises que tu as besoin de changer et d’offrir à ton cœur un renouveau. Tu aspires à mieux être en phase avec Le Tout Rayonnant d’Amour. Tu sens Sa proximité et pour tout l’or du monde tu ne veux pas la perdre. C’est l’aube qui se lève en toi ! Une renaissance, une vie sans joug !

Je suis venu te libérer de tes chaines.

L’heure du départ approche, et voilà que tu te sens mélancolique. Me voir partir est un déchirement, car ma présence t’encourageait à sortir de ta torpeur. Enfin, tu brilles ! Enfin, tu vis ! Enfin, tu as brisé tes chaines !

                                                                                                                      Najoua

Un cadeau pour le coeur

Il disparaît plus vite qu’il n’est apparu. Comme un faisceau lumineux,  des étincelles éblouissantes, mais seules des poussières ornées laissent leurs empreintes pour ceux qui tentent de les rattraper. Et pourtant le trésor dépasse certes l’imaginaire.

C’est l’heure qui a déjà sonné pour la course pour obtenir les bienfaits,  chaque fraction est une valeur titanesque, où ni l’horizon,  ni la hauteur des cieux peuvent tracer la dimension. 

Laisse ce cœur être heureux,  être le plus joyeux,  laisse cette âme se reposer, ressentir la tranquillité et la douceur qui l’enveloppe pour être bercée.

Ce mois n’est pas pour rester figé, mais pour être animé, pour réveiller davantage cet amour qui appelle sans cesse Son Aimé.

Allah pardonne nous et accorde nous tous les bienfaits de ce mois merveilleux. Vivons ce mois,  vivons-le et nous goûterons peut-être un avant goût du paradis. Qu’Allah nous l’accorde. Amin

ℒamiaaℳ

Au-delà des mots, la sacralité de la Maison de Dieu

Il existe un lieu et un moment pendant lequel toute l’humanité peut se reconnecter à l’héritage d’Ibrahim (Paix sur lui), prendre du recul sur sa vie, réviser sa façon de penser et d’agir en toute quiétude, de prendre conscience de qui nous sommes.

Au cœur du Sacré

Alors que presque partout dans le monde, l’humanité est déchirée par des conflits; dans ce lieu sacré qu’est la Maison de la Mecque, Al-Ka’ba,[1] chacun peut trouver un lieu de paix, une bulle de miséricorde.

C’est au cœur de ce lieu sacré que tout croyant ressent la toute Grandeur de Dieu, la Toute Puissance du Maitre des Mondes. Ce lieu, nous renvoie à une histoire commune, à travers la prophétie d’Ibrahim (Paix sur lui), l’origine du culte monothéiste. C’est la première Maison offerte à l’humanité pour nous rappeler que nous sommes une seule et même famille humaine.

L’importance d’un lieu ou objet sacré est nécessaire car celui-ci a une réelle efficacité du fait qu’il contribue à nourrir la foi. Ainsi, le sacré implique la reconnaissance de l’être transcendant comme une réalité et de l’univers comme le fruit d’une Essence Créatrice Toute Puissante. En quelques mots, le lieu (ou objet) sacré assure la médiation entre l’Homme et le Divin. Dès lors, l’union de la parole et du geste constitue l’essence du sacré, mais aussi un profond engagement envers Dieu : le servir uniquement, réaliser sa vocation de vicaire (khalifa)[2] et honorer son dépôt (al-amanah)[3].

« Je réponds à Ton appel, mon Dieu, oui, j’y réponds ! »

Le pèlerinage, un des piliers de l’Islam permet de se découvrir, d’avoir une connaissance profonde de soi, de se nourrir spirituellement comme on cultiverait un jardin privé. Le voyage de toute une vie qui prend alors sens et trouve une harmonie dans son rapport à soi, aux autres, à l’univers et au Créateur de toute chose. Ce cheminement personnel se vit en collectivité, au milieu des Hommes, dans une communauté unique – au-delà de toutes appartenances ethniques ou culturelles – dirigée vers un même point, vers une direction originelle, vers le même destin.

La Ka’ba.Derrière cet objet sacré, cet édifice, impressionnant, fascinant, se cache la grandeur du Créateur. Il nous rappelle qu’Il est le Puissant, le Maitre, le Grand, l’Unique. « Seigneur ! Nous sommes faibles et nous sommes soumis ! » Voilà ce que nos cœurs battent à la chamade au rythme de nos pas autour de Sa Maison. Cet aveu salutaire est le message d’un retour vers Lui. Notre regard agit comme un aimant vers cette Maison, attiré inlassablement, au point que son image s’inscrit sur nos rétines. Chaque battement de nos cœurs répond à l’appel du Divin.

Ainsi, l’héritage de nos Prophètes et Messagers résonne en nous et anime de leurs passages passés ce lieu béni, et ce jusqu’à la fin des temps.

Toute personne ayant visité ce lieu sacré, restera à jamais marquée dans son cœur par le désir ardent un jour d’y retourner…

« Cette connexion a fait s’incliner vers la Ka’ba les cœurs des mondes, elle a distillé de l’amour pour elle dans les âmes ainsi qu’un profond désir de la voir. Elle est le lieu de rendez-vous de ceux qui aiment Allah, et jamais leur soif n’est assouvie. A chaque visite de la Ka’ba, le désir de la revoir se fait plus fort, la soif n’est pas étanchée et la distance n’y change rien. »[4]   

                                                                                                                      Najoua


[1] La Ka’ba est la Maison d’Allah, elle se situe au centre de la Mosquée sacrée (al-Masjid al-haram). Il s’agit d’une maison cubique composée d’un toit et de murs asymétriques : la longueur du mur comportant la porte est de 11,68 m.

[2] Lieutenant, successeur. L’homme est appelé dans le Coran le Khalifa ou lieutenant de Dieu sur Terre.

[3] En tant que Khalifa, l’homme a reçu une charge ou amana dont il doit s’acquitter.

[4] Tiré du livre de Mahmud al-Dawsari, Tout savoir sur la Ka’ba. Editions al-hadith, 2015. Extrait p.31/32