Mon jardin…

Au nom d’Allah le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux

« Le moment n’est-il pas venu pour ceux qui ont cru, que leurs cœurs s’humilient à l’évocation d’Allah et devant ce qui est descendu de la vérité [le Coran] ? Et de ne point être pareils à ceux qui ont reçu le Livre avant eux. Ceux-ci trouvèrent le temps assez long et leurs cœurs s’endurcirent, et beaucoup d’entre eux sont pervers. » Surat Al Hadid verset 16.

Cette semaine, le soleil étant de la partie, je me suis consacrée à m’occuper de mon jardin.

Comme chaque fois, je me suis étonnée de constater à quel point cela demande du travail, du temps et des soins, de maintenir la pelouse verte qui embellira mon foyer et les jolies fleurs colorées qui réjouiront ma vue.

Les mauvaises herbes quant à elles, poussent sans aucun effort de ma part. J’ai beau lutter contre elles et les combattre avec tous les moyens mis à ma disposition, elles semblent avoir une énergie vitale à toute épreuve. Que je tourne le dos un moment, que je relâche la bataille un instant et elles envahissent tout.

Je possède un autre jardin que celui de ma maison. Ce jardin-là réside dans ma poitrine, je le nomme mon cœur. J’en suis la gardienne désignée, l’indéniable gestionnaire. Plus que cela, j’en suis la dépositaire, on me l’a prêté, et malheur à moi, demain à son sujet je serai interrogée.

Tu peux être croyant et pourtant sentir ta foi se flétrir dans ton cœur comme une fleur laissée sans soins.

Combien de fois j’ai senti que je n’avais plus ce feu intérieur qui me réchauffe et qui me pousse vers le bon comportement et les belles vertus ?

C’est parce que j’ai laissé ma foi se faner.

Négligente, je ne l’ai pas abreuvée par la lecture du Coran…

Fatiguée, je ne l’ai pas fertilisé par l’évocation abondante du nom d’Allah ‘azza wa jal…

Alors ma foi, comme la belle orchidée rare, s’est recroquevillée sur elle-même, elle s’est faite toute petite, toute desséchée.

Et devant son manque de vigueur, les mauvaises herbes de l’insouciance et du péché ont eu la place pour proliférer.

Que faire dans ces moments, quand je sens mon cœur se serrer, pauvre écrin vide ou presque, coquille désertée ?

Fragile et menacée par les vents, la fleur de ma foi baisse la tête. Dans les profondeurs de mon cœur cependant sa racine résiste et s’accroche. Consciente de sa vulnérabilité, vers son Créateur elle aspire et elle s’entête.

Ce verset-là ne s’adresse pas aux négateurs, il s’adresse à tous ceux comme moi qui aiment Allah, et espèrent en Lui. Et qui malgré cela se sentent parfois comme des imposteurs, de belles images à l’extérieur et un champ de ruines à l’intérieur.

Allah nous appelle une fois encore, à nous hisser ver Lui, à sauver notre peau.

Avec sa douceur inégalable, Il nous interpelle, n’est-il pas venu le moment pour toi ? En excellent pédagogue Il nous questionne, puis nous laisse devant cette question ouverte.

Fais ton choix Mon serviteur. Et sache que si seulement tu le veux, tu peux revenir vers Moi. Moi qui fais tomber la pluie sur vos jardins terrestres et sur les jardins de vos cœurs, et qui les fais vivre à nouveau, alors qu’ils étaient morts.

Hayat

Quand la beauté s’éveille à travers la parole

La parole est propre à chaque individu, et bien qu’elle passe souvent inaperçue, elle est essentielle à la communication entre les êtres humains. Elle possède de nombreux pouvoirs : elle peut séduire, manipuler, enchanter, renforcer, encourager, guérir mais aussi blesser ou humilier…

Et l’Histoire recèle des pépites de grands orateurs qui ont marqué les esprits et les cœurs. L’exemple de Winston Churchill, premier ministre, s’exprimant pour la première fois devant la Chambre britannique : « Je n’ai rien d’autre à vous offrir que du sang et de la peine, des larmes et de la sueur », ou Martin Luther King qui galvanise son combat pour les droits civiques : « Je fais un rêve. Je fais un rêve où mes quatre enfants pourront un jour vivre dans un pays où ils ne seront pas jugés sur leur couleur de peau, mais sur leur personnalité ».

Qu’est ce qui fait que des discours d’orateurs nous marquent, au point que parfois ils changent notre vision de saisir le monde ? Quel est donc, ce point commun entre tous ces personnages inspirants ?

Le talent de bien parler, de persuader, de convaincre, l’art de s’exprimer : c’est ce qu’on appelle l’éloquence !

Le « pouvoir » du langage

Selon Aristote, grand philosophe grec de l’Antiquité, l’homme est un animal doué de langage. Au sens large, le langage humain peut être défini comme un ensemble de systèmes qui associent des mots selon des règles grammaticales précises, en tenant compte de la faculté de raisonner, de nommer les choses et de communiquer avec les autres. Cependant, des linguistes comme Ferdinand de Saussure [1] donnent plus de précisions dans la définition en faisant une distinction entre les mots langage, langue et parole. D’une part, le langage est une capacité universelle dont disposent à l’état latent tous les êtres humains. D’autre part, la langue est un outil, un système de communication conventionnel partagé par un groupe de personnes (même culture ou aire géographique), acquise par chaque être humain après un apprentissage qui commence dès la naissance. Et enfin, la parole est la mise en œuvre par un individu de la langue qu’il a acquise ; elle prend en compte l’accent, l’intonation, le rythme, ainsi que son lexique, son style et les expressions qu’il utilise.

L’art de l’éloquence

Le langage est un bon indicateur du niveau de développement d’une civilisation : plus il est riche, plus la société est développée ; mais plus il est pauvre, plus il signe le déclin d’une société. Si on analyse brièvement l’exemple de la langue française, on remarque qu’elle est une passerelle entre plusieurs civilisations. En effet, elle fut enrichie par les traductions et l’intermédiation de la langue arabe qui lui a permis d’assimiler l’héritage grec, oriental et asiatique. La langue française a pu enfin redonner place à sa dimension humaniste pour s’enrichir au contact de peuples qu’elle a rencontré. À travers d’autres langues, les valeurs se contaminent mutuellement. C’est cela l’essence de la langue : elle véhicule des valeurs et fait des ponts entre les cultures :

«  (…)La diversité et la langue de partage passent par des repères communs, des croisements reconnus et des intérêts communs. La diversité dans le partage est un dialogue (…) »[2]

De plus, pour Quintilien [3] l’éloquence est l’art de bien parler, de bien construire ses discours, mais aussi de maîtriser la voix et ses modulations, son expressivité, ainsi que celle de son visage et de son corps. Adrien Rivierre, spécialiste de la prise de la parole en public écrit :

« (…)Les gestes confèrent à la parole une résonance plus forte et durable dans l’esprit de l’audience. Ils permettent de lui donner vie, de maintenir l’attention de l’audience et de faciliter la compréhension des messages transmis. » [4]

Finalement, l’éloquence est la capacité à traiter une information et à la transmettre à un public de manière claire et facile à digérer. Plus l’auditoire sera en mesure de comprendre, plus on paraît éloquent et plus les arguments semblent solides.

Le poids des mots, la force des idées

C’est sous cette maxime que la plateforme PUBLIQ, lance en 2021 son premier concours national d’éloquence. En Belgique, il n’existait aucun concours d’art oratoire dédié aux jeunes et à portée nationale, contrairement à la France.

« (…)Cette absence pouvait être expliquée par le fait que notre pays est divisé en plusieurs communautés linguistiques, ce qui rendait une compétition d’art oratoire ouverte à tous, compliquée. Au lieu de voir ce constat comme un problème, nous le considérons comme une opportunité. Une opportunité de motiver chaque jeune Belge autour d’un objectif commun. Une opportunité de faire concourir côte à côte francophones et néerlandophones. Une opportunité de faire briller ensemble deux de nos langues nationales, et de rapprocher les jeunes de tout le pays dans des temps où l’unité est plus que primordiale. » [5]

Ainsi, cette pratique combine 2 compétences : l’éloquence (facilité à bien s’exprimer) et la rhétorique (ensemble des techniques qui mènent à la persuasion). Si l’éloquence se définit comme l’art de bien parler, et la rhétorique comme un ensemble de procédés permettant cette maîtrise de la parole ; il y a toutefois une grande différence entre eux. En effet, l’éloquence est surtout un talent ou un don naturel, la rhétorique est un fruit de l’étude ou un art ; l’une trace la méthode, l’autre la suit ; l’une enseigne les moyens, l’autre les emploie. Elles diffèrent l’une de l’autre comme la théorie diffère de la pratique [6].

La parole et ce qu’elle renferme de beau confèrent à la langue une dimension artistique. Elle est un outil de transmission et de partage de valeurs. C’est pourquoi Publiq s’est associé au Parlement Bruxellois pour y accueillir le projet ; un lieu symbolique de débats et de démocratie. Tous les sujets de discussions proposés traitent du vivre-ensemble et de la citoyenneté : rapprocher les jeunes et la politique. Aucun style oratoire n’est privilégié et ceci afin d’encourager toute forme d’expression que cela soit en français ou en néerlandais. Le concours est gratuit, complètement organisé par des jeunes et s’adresse à tous les jeunes belges.

Publiq écrit sur son site :

« Rassembler les jeunes derrière la prise de parole, c’est le challenge qu’on a entrepris de relever ! »

Najoua

[1] Fondateur des sciences du langage au début du 20 ième siècle. Site maxicours.com ; « les pouvoirs de la parole ».

[2] La diversité culturelle est un dialogue, de l’auteur Driss Khrouz, dans la revue internationale et stratégique, 2008/3 numéro 7, p.69-70, Iris Editions.

[3] Orateur et pédagogue latin du 1ier siècle apr.-C. auteur d’un grand manuel de rhétorique « l’institution oratoire ».

[4] Tiré de son livre « Prendre la parole pour marquer les esprits » aux éditions Marabout, 2018.

[5] Tiré de l’ebook de la plateforme publiqcontest.com

[6] Pour en savoir plus : Site bvil.sorbonne-universite.fr ; cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5ième Edition 2017)

Hajj 2023 : les inscriptions sont lancées 

Depuis le 4 mai dernier, les musulmans belges peuvent réserver leur forfait pour le hajj 2023 via la plateforme en ligne Nusuk Hajj qui remplace au pied levé Motawif qui avait suscité de nombreuses critiques. Une volonté de repartir sur de nouvelles bases ? Cette année, l’Arabie saoudite a décidé de déléguer l’accompagnement des pèlerins à des guides officiels, parmi les guides retenus : l’agence bruxelloise Tawhid Travel et l’agence anversoise Trekvogel. 

C’est donc via la plateforme en ligne Nusuk Hajj que les candidats européens au pèlerinage peuvent réserver leur forfait. Des forfaits compris, pour la plupart, entre 8000 et 13500 euros. Néanmoins, un nouveau forfait a été mis en ligne durant ces dernières heures au prix de 2655 euros. Un tarif qui ne comprend que les prestations liées à Arafat, Mina et Muzdalifa. Les vols et les hôtels ne sont pas inclus dans ce tarif. Pour ce pack, c’est l’agence Tawhid Travel qui a été choisie pour accompagner les pèlerins qui auront sélectionné ce forfait lors de leur inscription sur Nusuk. Pour ce qui est des autres forfaits, ils comprennent la réservation des billets d’avion, les logements (y compris la restauration) ainsi que la désignation d’un guide touristique qui se chargera des pèlerins tout au long du séjour. Des guides accrédités par les autorités saoudiennes. 

Nusuk Hajj remplace Motawif

Nusuk est la seule plateforme approuvée par le ministère saoudien du Hajj et de la Omra pour l’organisation du Hajj 2023 pour l’Europe, les Etats-Unis et le Canada. Si officiellement, il s’agit de faciliter le hajj pour les pèlerins de ces pays, officieusement, il s’agirait pour l’Arabie saoudite de mettre la main totalement sur cette manne financière que représente le hajj qui rapporte chaque année des milliards d’euros au royaume. L’Arabie saoudite tente donc de diversifier ses revenus puisque les entrées liées au pétrole ne sont pas suffisantes. 

Nusuk Hajj propose des forfaits compris, pour la plupart, entre 8000 et 13500 euros.

Des guides rémunérés par la plateforme

Le forfait comprend également la rémunération des guides reconnus par Nusuk. Une rémunération assez importante selon le professeur Shaqeel Siddiq qui a publié une vidéo en ligne sur le sujet. « Ils proposent de payer les guides généreusement afin qu’ils s’occupent de la gestion d’un groupe de minimum 45 pèlerins. Les autorités saoudiennes ont constaté que l’an dernier l’organisation du hajj sans les agences de voyage a été très compliquée, ils se sont tirés une balle dans le pied. Ils devaient gérer les Européens individuellement, ce qui a été très difficile. Ils ont regretté amèrement et ont donc décidé de changer leur stratégie. » 

Premières inscriptions et premières polémiques

En France, plusieurs ont dénoncé les agissements de certaines agences de voyage qui demandent aux pèlerins de payer un acompte compris entre 500 et 1000 euros pour les frais d’accompagnement des pèlerins. Or les guides sont déjà rémunérés par la plateforme Nusuk. Beaucoup y voient de l’abus voire de la tromperie et n’ont pas hésité à le dénoncer, c’est le cas du site al kanz.org : «  Faudrait-il payer aussi en plus les hôtels qui, comme les guides, sont déjà inclus dans le forfait ? » questionne le fondateur du site. 

En 2022, la Mecque a ouvert ses portes à près de 900 000 pèlerins, une baisse de 64 % comparée à 2019, dernière année avant la fermeture des frontières en raison de la pandémie de covid. Outre les quotas imposés par le royaume saoudien, le lancement de la plateforme en ligne Motawif a découragé de nombreux pèlerins à tenter l’expérience qui semblait plus que risquée. 

De droite à gauche, les familles politiques décryptées

Dans les numéros précédents, nous nous sommes attachés à expliquer le fonctionnement de l’Etat belge, ainsi que l’organisation des élections dans notre pays. Ce nouvel article, et le suivant, visent à éclaircir le positionnement et les combats des différentes formations politiques qui coexistent chez nous. Dans ce troisième et avant-dernier article, nous détaillerons les idées et luttes de quatre familles politiques qui se positionnent à l’extrême-gauche, le centre-gauche et le centre.

Et pour commencer, qu’est-ce que la droite, la gauche en politique ?

Nous tentons ci-dessous une explication simplifiée. Toutefois, il faut garder à l’esprit que les discours de droite et de gauche tendent ces dernières années à se fondre les uns dans les autres, au gré des ambitions et des intérêts électoraux des partis, au point où il devient parfois difficile de faire une nette différence entre un programme de gauche et un autre de droite.

Pour schématiser, nous dirons que la droite encourage la liberté d’entreprendre, et l’initiative personnelle. Elle soutient le libéralisme économique et défend les entreprises et les indépendants. La droite ne porte pas de jugement moral sur l’enrichissement des individus et la propriété privée. Elle estime aussi qu’il faut juger chacun selon son mérite. Pour la droite, l’Etat ne devrait pas interférer dans l’économie. La droite met en avant d’autres valeurs comme l’identité nationale, le conservatisme et la tradition. L’ordre, l’autorité, la sécurité, sont autant de principes fondamentaux des partis de droite.

À gauche, les valeurs maîtresses sont le progrès, l’égalité, la solidarité, la tolérance. La gauche estime qu’il faut considérer chacun selon ses besoins et non selon son mérite contrairement à la droite. On défend l’égalité sociale et économique des citoyens. On estime que l’état doit veiller à fournir aux individus les mêmes chances au départ. La gauche affiche un progressisme nettement plus marqué au niveau des mœurs.

Certaines valeurs sont communes aux deux tendances, comme les valeurs de liberté, de justice et de travail, même si leurs sens peuvent varier selon l’un ou l’autre.

crédit: Miriam Hamjan

Les partis politiques se positionnent sur un éventail qui va de la gauche radicale jusqu’à l’extrême-droite, en passant par le centre. 

1- Les anticapitalistes, ou communistes  

Idéologie : communisme, égalitarisme Place sur l’éventail politique : à l’extrême-gauche

Quelles sont leurs idées ?

· Mouvement politique né dans l’entre-deux-guerres

· L’état doit s’occuper de répartir les richesses produites, par le biais de la taxation de la spéculation, et l’imposition des grandes fortunes

· L’intérêt de la collectivité avant l’intérêt de l’individu

· Abolition de la société des classes

· Rétablir les entreprises publiques et les services publics (contraire de la privatisation)

· Éviter les délocalisations

· Priorité à la défense des travailleurs salariés

· Augmentation du revenu minimum, des pensions

· Favorables aux droits des immigrés

· Le capitalisme est en partie responsable du réchauffement climatique

· La prévention par les mesures sociales est la clé face aux problèmes de sécurité. Opposés aux discours sécuritaires

· Questions de société : favorables aux droits des homosexuels, au droit à l’euthanasie et à l’avortement

· Positionnement par rapport à l’Europe : souhaitent plus de pouvoir pour les populations. Les décisions européennes sont trop influencées par le lobbying économique et financier des grandes entreprises. Veulent des règles européennes pour préserver les droits sociaux des citoyens

2- Les socialistes :

Idéologie : social-démocratie Place sur l’éventail politique : centre-gauche

Quelles sont leurs idées ?

· Issus historiquement des associations ouvrières, les partis socialistes sont attachés aux valeurs d’égalité et de justice sociale. A gauche sur l’éventail politique, l’intérêt collectif prime sur l’intérêt individuel

· Défendre avant tout les classes défavorisées

· L’état doit réguler l’économie et les marchés financiers, afin que la croissance économique profite aussi aux plus défavorisés

· Progressistes sur les questions de société et des mœurs

· Favorables au multiculturalisme et aux droits des immigrés. Positionnement plus nuancé du côté des socialistes flamands

· Favorables à l’Europe mais jugent celle-ci trop libérale et orientée vers les marchés

· Préoccupés par les questions environnementales, mais les mesures prises ne doivent pas pénaliser les plus pauvres

· La sécurité doit passer par la prévention et la répression

3- Les écologistes:

Ecolo / Groen

Idéologie : écologie politique Place sur l’éventail politique : centre-gauche

Quelles sont leurs idées ?

· C’est un mouvement politique plutôt jeune (années 1970)

· Les enjeux environnementaux sont déterminants et doivent être inclus dans les choix politiques

· Protéger le climat et l’environnement, préserver les ressources, veiller au développement durable

· L’économie doit être régulée au niveau mondial, elle doit respecter les écosystèmes et la qualité de vie. Elle ne doit pas vouloir créer de la richesse à n’importe quel prix

· Soutiennent une couverture sociale forte

· Politique d’immigration ouverte

· Progressistes sur les questions de société (euthanasie, avortement, égalité hommes/ femmes)

· Prudents sur les questions éthiques liées au génie génétique

· La sécurité doit passer par la prévention et la répression

· L’Europe a toute sa place dans la lutte pour l’environnement, car c’est en prenant des mesures au niveau européen que l’impact sera efficace

4- Les chrétiens-démocrates

Les Engagés / CD & V

Idéologie : démocratie-chrétienne Place sur l’éventail politique : centre

Quelles sont leurs idées ?

· Ce mouvement politique est ancien en Belgique (né en 1867).

· Défendent des valeurs humanistes qui trouvent leur ancrage dans la tradition chrétienne

· Veulent défendre les intérêts de toutes les classes de la société (salariés, patrons, indépendants,…) 

·       L’économie doit prospérer dans une perspective humaniste, se mettre au service de l’humain

· Les indépendants, patrons et PME doivent être soutenus car ils dynamisent l’économie 

· baisse des charges sur les entreprises

· Plaident pour des politiques sociales de solidarité afin de soutenir les populations les plus défavorisées

· Amélioration de la vie des familles

· Plutôt conservateurs sur les questions de société et de mœurs. Attachés à la famille dans sa conception traditionnelle

· Préservation d’un réseau libre d’enseignement

· Position tolérante au sujet de l’immigration pour le parti francophone Les Engagés, plus stricte pour le parti flamand CD & V

· La sécurité passe par plus de présence policière et de prévention. Les peines doivent être appliquées avec plus d’intransigeance

· Les partis orange sont pro- européens. L’Europe doit mieux prendre en compte l’aspect social et environnemental. Elle doit viser à réduire l’endettement notamment par la rigueur budgétaire.

Nous avons passé en revue une bonne moitié des familles politiques belges. Rendez-vous au prochain article, pour continuer notre exploration vers la droite de l’éventail politique.

Hayat Belhaj

Source : les couleurs politiques en Belgique. Culture et santé

La foi

Un monde qui paraît mort, le gouffre d’ombres stériles et de lueurs spectrales, le vent polaire souffle très fort, et les arbres grondent

Courbés et malmenés, malgré tout, ils arrivent à résister

Le monde se lamentait, le soleil paraît timide

Prisonnier de la nuit, on le croyait pourtant vaincu !

Mais au fond des cœurs, une lumière divine s’abrite

Nullement agitée, par ce qui se passe

Sereine, elle attend, la fin de l’ouragan.

L’écorce de l’arbre la protégeait, elle demeurait confiante ;

La foi.

Quand l’épreuve surgit, te mutilant de ses coups

Ne sois pas affolé, lève tes mains vers le Divin, reste prosterné

Tu te réfugies ainsi dans les bras de ton Créateur

Rien ne t’arrivera, sois en convaincu !

Sans la foi, tu ne peux l’affronter, il te faut le secours de Dieu !

N’essaie pas par toi-même, car tu cours à ta perte et ce serait dangereux

Mais laisse-la agir, abandonne-toi à Lui et attends patiemment

La victoire tu l’auras, si tu restes confiant.

“Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuve.”

Confucius

Ainsi est la foi quand elle brille, elle dépasse le cadre d’une expérience personnelle

Elle débute par le toi, prend racine dans ton cœur et s’étend vers tous les pans de la société. Débutant de l’individuel afin de bâtir le collectif !

La paix, l’apaisement, lumière

Seule la Liillaha ilalah te donnera la force de te libérer de leur servitude

Seule la Liillaha ilalah a servi à proclamer la révolte contre les tyrans de la terre.

Seule La Liillaha ilalah a été un appel universel

Seule La Liillaha ilalah annonçait la naissance d’une société nouvelle et équilibrée

Triste de constater que la foi aujourd’hui n’érige plus notre comportement dans nos sociétés, il ne s’agit plus que d’une foi « géographique » ou « héréditaire », un héritage comme on aurait hérité d’une terre ou d’une maison,

Une foi endormie, dépourvue d’influence et de dynamisme

L’homme s’est avili par l’amour de ce bas monde et parce qu’il éprouve de l’aversion pour la mort.

Ne crois surtout pas que la foi s’invente, ou se consomme dans un séminaire, non elle est bien inscrite dans ta nature, capable de soulever des montagnes,

Tu as la faculté du discernement, de par cette foi tu aspires à ressentir ta dignité et préserver ton identité, tu aspires à éprouver le sentiment que ton existence a un but et que tu es doté d’une mission de vie,

Dans ce cas ne t’inquiète pas Ô toi ! Dieu est de ton côté !

Il est cet abri sûr, ouvert et permanent

Qui te dit d’y entrer, d’y entrer maintenant.

Hana Elakrouchi

Une guerre entre le Yuan et le dollar désormais déclarée

Depuis quelques mois, nous assistons à la chute du dollar. Les économistes avaient prédit une récession comme nous n’en avions jamais vu. Pourtant les marchés n’ont pas l’air d’en pâtir. Mieux que cela, ils se reprennent. Le Yuan, quant à lui, prend de plus en plus de force dans un monde qui cherche à se «dédollariser ».

Le climat qui se dessinait depuis mars 2022 commençait à donner raison à ces analyses pessimistes. En effet, de crise en crise, nous avons assisté à

· Une invasion russe en Ukraine ;

· Une avalanche de sanctions européennes contre la Russie qui n’a fait qu’affaiblir l’économie européenne ;

· Une exportation massive d’aide militaire de l’Europe vers l’Ukraine ;

· Une augmentation du prix du pétrole ;

· Une inflation bien installée tant au niveau européen qu’américain et qui fut difficile à combattre ;

· Une explosion des dettes publiques européennes et une charge de la dette croissante…

· Un dollar qui ne finit pas de s’engouffrer ;

· Et récemment, une cascade de faillites de banques (américaines) démontrant une crise de liquidité des banques (et non de solvabilité comme ce fut le cas en 2008, nous y reviendrons plus loin) ;

Et paradoxalement, les marchés boursiers se portent plus ou moins bien :

· Le Cac 40 vient d’atteindre un nouveau record jamais atteint, soit 7514.16 points ;

· Meta ne finit pas de monter et trace son chemin faisait fi de tout ce qui se passe autour ;

· Apple récupère lentement mais sûrement ;

· Le Bitcoin, quant à lui, monte tranquillement aussi.

Deux situations opposées qui laissent tous les acteurs financiers perplexes et sceptiques. Les investisseurs courageux investissent en restant sur leurs gardes.

Pourquoi les marchés donnent tort aux analystes ?

En général, il est plutôt logique de voir les marchés financiers monter lorsque le dollar s’affaiblit. Inversement, les marchés descendent lorsque le dollar monte comme nous l’avons vu dans l’article « Chute de l’euro, vers un effondrement de la zone euro ». On peut donc se poser la question de savoir ce qui affaiblit le dollar.

La chute du dollar

La chute du dollar peut s’expliquer par deux phénomènes importants qui marquent le contexte actuel :

1. Le sauvetage du quoi qu’il en coûte du secteur bancaire américain

Jusqu’ici, la Fed a mené une campagne de lutte contre l’inflation en augmentant les taux d’intérêt ce qui avait pour conséquence de faire augmenter le dollar. Les marchés financiers américains faiblissaient.

La FED a dû interrompre ce processus (d’augmentation des taux d’intérêt) lorsque la Silicon Valley Bank (SVB) a surpris les marchés et s’écroule suite à une crise de liquidité.

Que veut dire « crise de liquidité » ?

La SVB a beaucoup investi dans des obligations à plus de 10 ans. Or, comme la Fed augmentait les taux d’intérêt dans le cadre de sa lutte contre l’inflation, les investisseurs de la SVB, principalement des start-up, ont vu une urgence à vendre leurs investissements (en obligations).

Lorsque la courbe des taux d’intérêt long terme croise la courbe des taux d’intérêt court terme, cela signifie que les investisseurs ont une meilleure rentabilité en investissant dans des actifs court terme que long terme parce que:

· Une obligation court terme à 1 an offre un meilleur rendement qu’une obligation long terme 10 ans par exemple ;

· La détention de ses obligations est plus courte  l’argent des investisseurs est bloqué pour une durée moins longue (1an pour les obligations court termes contre 10 ans pour les obligations long termes).

La vente massive de tous ces investisseurs a donc provoqué une crise de liquidité chez SVB qui n’avait pas assez de capital disponible pour rendre l’argent à ces investisseurs.

Pour rembourser ces derniers, la SVB aurait dû vendre les actifs à perte. Elle avait assez de liquidité pour payer quelques investisseurs mais pas tous. Ainsi, un phénomène de panique a entraîné la chute de la SVB.

Cette panique, se propageant très vite, peut entraîner très rapidement la chute d’autres banques et ce, jusqu’en Europe puisque l’augmentation des taux d’intérêt se poursuit aussi en Europe. La Fed a tiré des conclusions de sa précédente expérience lors de la crise des subprimes qui a entraîné la crise du secteur, par effet de “contagion. »

Elle a, ainsi, immédiatement, arrêté d’augmenter les taux d’intérêt. Elle a promis d’aider les banques en ne mettant plus de garanties plafonnées sur les dépôts des clients dans le secteur bancaire en cas de faillite. Ce qui veut dire qu’en cas de faillite de la banque, si le client à 500 000 dollars sur son compte, il peut récupérer la totalité de son argent et non plus plafonné à 250 000, comme ce fut le cas.

Mais comment ? La Fed va réimprimer de la monnaie pour sauver toutes les banques qui en ont besoin pour éviter de reproduire la crise 2008. La Fed s’aventure dans un nouvel épisode de réimpression monétaire, celle-là même qui est à l’origine de cette inflation tant combattue.

Le danger est que lorsque l’inflation s’aggrave, la situation peut dégénérer vers une hyperinflation.

La Fed a voulu éteindre un incendie et devait choisir entre la peste et le choléra.

2. L’alliance des BRICS qui se renforce :

Les BRICS représentent 40% de la population mondiale et 25% du PIB mondial qui pourrait passer à 40% en 2025 selon une étude américaine de Goldman Sachs [1].

Les BRICS comptent le Brésil, la Russie, l’Inde, la Chine et l’Afrique du Sud.

L’Algérie, l’Argentine et l’Iran ont dernièrement déposé des demandes d’adhésion. L’Arabie saoudite, l’Egypte et la Turquie ont également émis leur intérêt pour cette adhésion.

Ces pays partagent une idée commune :

“Les tentatives de l’Occident d’imposer sa volonté à tous les autres, d’imposer ses prétendues règles sur lesquelles il veut établir et maintenir un ordre pro-occidental sont totalement futiles et absolument sans espoir », selon le ministre russe des affaires étrangères, Sergey Lavrov.

Ainsi, les BRICS ont clairement et ouvertement décidé de donner le coup de massue :

· L’Arabie saoudite ainsi que les Emirates Unis œuvrent activement pour vendre leur pétrole et hydrocarbures en Yuan ;

· Dans l’exploitation de ces champs gaziers, l’Iran semble aussi vouloir se « dédollariser »

· Depuis 2014, la Russie avait déjà mené des initiatives pour sortir complètement le dollar et l’euro de ses transactions financières ;

· La chine et le Brésil collaborent entre eux en monnaie locale.

Le Yuan gagne du terrain au détriment du dollar qui faiblit et s’écroule.

L’union de ces deux phénomènes : chute du dollar à cause de l’inflation mal maîtrisée et de la gestion de la crise du secteur bancaire d’une part et d’autre part, le renforcement des alliances du BRICS- fragilise très fortement le dollar.

Des affaiblissements du dollar ont déjà été constatés dans le passé. Mais est-ce pour autant la fin d’une nouvelle monnaie ?

Le Dollar se reprendra-t-il pour laisser place à cette récession tant attendue ?

Les USA ont toujours su rebondir dans ce type de crise. Ils restent forts et s’adaptent au contexte. Toutes les situations où le dollar fut menacé par des initiatives de « dédollarisation » ont été résolues par l’éradication des menaces et des sources de leurs maux, à la racine, en éliminant les chefs d’Etat et en créant des guerres entre deux pays…

Peu seront étonnés d’entendre un coup d’État les prochains mois ou années…

Sauf que cette fois-ci, les BRICS pourraient se montrer plus soudés que jamais face aux menaces et attaques américaines contre l’un des Etats membres.

Nelm

[1] https://www.rediff.com/money/2004/nov/10guest1.htm

Il s’en va…

Tel un ami, il est arrivé apportant avec lui paix, sérénité, spiritualité… Nombreux sont ceux qui ont retrouvé le chemin des mosquées, les familles se sont unies, les prières se sont élevées dans des moments de partage et de communion rares.   

A quelques heures de son départ, une pointe de tristesse nous envahit… Nous ne savons si nous aurons le privilège de le retrouver. Le cœur est triste mais, s’il s’en va, il nous laisse des cadeaux qu’il a semé, à nous de les trouver. Il est donc temps de jeter un regard en arrière et d’en retirer tous les enseignements pour poursuivre le chemin même s’il n’est plus à nos côtés. 

Il n’est pas rare d’éprouver un sentiment d’inachevé, de « trop peu », mais tel un tremplin, le mois de ramadan est venu nous montrer le chemin de la réforme, les prémices du véritable changement qui, lui, peut prendre toute une vie… 

Une amie me confiait il y a quelques jours : « je pense que l’on connaît tous à un moment notre propre laylatu al qadr », notre nuit du destin. Ce qu’elle essayait de me faire comprendre c’est que s’il existe une date « officielle » de la nuit du destin, ce moment d’intense connexion avec Allah peut arriver à tout moment durant le mois de ramadan et même en dehors de celui-ci, à nous de créer ce moment unique. Il ne suffit que d’un instant de sincérité pour changer sa destinée… 

Trouver la paix avec soi, les autres et avec Allah exige une autodiscipline et une maîtrise de soi : se détacher du monde pour se rattacher à Lui, tel est donc l’enseignement principal qu’est venu nous enseigner ce mois béni. Le ramadan est donc à la fois un retour à soi et un renoncement à soi. Al Ghazali disait : « En se dépouillant de ce qui l’attache à la vie terrestre, le jeûneur découvre qu’il est peu de choses par rapport à l’infini de Dieu, dont il est la créature.

Sacrifice d’autant plus exigeant qu’il ne repose que sur la foi… Ce soir en rompant notre jeûne, gardons à l’esprit que ce n’est pas la fin, mais seulement le début d’autre chose, d’encore plus fort in cha Allah ! 

H.B.

L’islam et l’enseignement moral : l’exemple de Luqmân le Sage

Lyess Chacal, écrivain et docteur de l’université Paris IV Sorbonne nous fait l’honneur de prendre la plume pour nous parler d’éducation à travers l’exemple de Luqman. Des versets riches d’enseignements sur lesquels l’auteur nous propose de nous arrêter pour les méditer profondément.

Rousseau écrivait : « On ne connaît point l’enfance : sur les fausses idées qu’on en a, plus on va, plus on s’égare. Les plus sages s’attachent à ce qu’il importe aux hommes de savoir, sans considérer ce que les enfants sont en état d’apprendre. Ils cherchent toujours l’homme dans l’enfant, sans penser à ce qu’il est avant que d’être homme. Commencez donc par mieux étudier vos élèves ; car très assurément vous ne les connaissez point. » (Emile ou de l’éducation).[1] Ou encore : « Tout est bien sortant des mains de l’Auteur des choses, tout dégénère entre les mains de l’homme. »  Ces paroles de Jean-Jacques Rousseau illustrent, si besoin était, l’importance qu’a revêtue l’éducation selon les époques. L’éducation a toujours été une préoccupation majeure. Le Coran a pourtant beaucoup à nous apporter en matière d’éducation comme nous nous proposons de le faire, certes succinctement, au travers de cet article en nous appuyant sur l’exemple de Luqmân al Hakim ou Luqmân le Sage. 

Les prophètes : ces exemples vivants

Les valeurs morales ne se transmettent pas comme un savoir. Elles s’acquièrent et se construisent au gré de nos expériences et des modèles que nous suivons. Les parents sont nos premiers modèles. Le Prophète en est un autre et, par extension, les récits des prophètes dans le Coran sont aussi source d’exemple. Sur ce dernier point, une première lecture de ce que le Coran rapporte de la vie de ces prophètes montre que chacun d’entre eux s’est distingué par une qualité ou un trait de personnalité différent des autres. Ce sont ces spécificités que le Coran nous propose dans un but bien précis. Il nous est impossible d’être exhaustif, néanmoins voici ce que nous pouvons apprendre de l’histoire d’une grande partie des prophètes cités par le Coran et plus particulièrement celle de Luqmân.

Le récit de Luqmān le sage : un exemple d’enseignement moral

Arrêtons-nous maintenant à un récit coranique qui évoque la façon dont Luqmân, s’adressa à son fils. De Luqmân, on sait peu de choses si ce n’est qu’il était probablement originaire de Nubie (actuel Soudan) et qu’il aurait été un esclave affranchi par son maître en partie grâce à cette sagesse légendaire qui le caractérise [2]. La sourate, intitulée « Luqmân », est un exemple édifiant d’un père exhortant son fils à se conformer à de nombreux commandements et valeurs morales soigneusement hiérarchisées. Nous proposons, dans un premier temps de suivre pas à pas les quelques versets relatifs à Luqmân et de nous imprégner de leur contenu avant d’en tirer des règles plus générales. Le Coran mentionne, tout d’abord, le devoir d’être reconnaissant envers les bienfaits divins :

« Nous avons effectivement donné à Luqmân la sagesse : “Sois reconnaissant à Allah, car quiconque est reconnaissant, n’est reconnaissant que pour soi-même; quant à celui qui est ingrat… En vérité, Allah se dispense de tout, et Il est digne de louangeˮ»[3] 

وَلَقَدْ آتَيْنَا لُقْمَانَ الْحِكْمَةَ أَنِ اشْكُرْ لِلَّهِ وَمَنْ يَشْكُرْ فَإِنَّمَا يَشْكُرُ لِنَفْسِهِ وَمَنْ كَفَرَ فَإِنَّ اللَّهَ غَنِيٌّ حَمِيدٌ

La reconnaissance est désignée par le terme arabe šukr. L’ingratitude au sens de se détourner de Dieu au point de ne plus croire en Lui est désigné par le mot kufr. Ce que nous traduisons bien souvent par mécréant en parlant de kâfir est plutôt celui qui nie les bienfaits de Dieu à son égard et qui ne reconnaît à Dieu aucune intervention dans sa vie. Vient ensuite le récit de Luqmân :

« Et lorsque Luqmân dit à son fils tout en l’exhortant : “Ô mon fils, ne donne pas d’associé à Allah, car l’association à [Allah] est vraiment une injustice énorme.ˮ» 

وَإِذْ قَالَ لُقْمَانُ لِابْنِهِ وَهُوَ يَعِظُهُ يَا بُنَيَّ لَا تُشْرِكْ بِاللَّهِ إِنَّ الشِّرْكَ لَظُلْمٌ عَظِيمٌ

Le premier enseignement de ce verset est à chercher dans la posture de Luqmân à l’égard de son fils que le Coran prend soin de mettre en avant. On ne trouve pas de mention d’échanges entre le père et son fils ; c’est ici le père qui s’adresse à son fils pour l’exhorter à suivre les enseignements qui lui seront dictés. L’emploi, dans les versets que nous citons, de verbes à l’impératif indique que nous avons bien affaire là à des injonctions. Ces dernières ont valeur de règles absolues. D’ailleurs, la référence symbolique du père chez les psychanalystes est importante puisque le père représente la loi. 

L’enseignement fondamental de ce verset concerne la première injonction de Luqmân qui touche au culte et au devoir de ne rien associer à Dieu. Luqmân pose les bases d’un monothéisme absolu qui consacre Dieu comme seule divinité digne d’adoration. Il délimite aussi et surtout le cadre dans lequel va se développer la spiritualité de l’enfant dans son rapport au divin. 

L’autre élément fort intéressant, une fois érigée la base du monothéisme pur, c’est la mention de la reconnaissance, déjà évoquée plus haut, mais élargie aux parents, père et mère, avec, comme souvent dans le Coran, une sollicitude toute particulière à l’égard de la mère dont la première « qualité » est d’avoir su souffrir pour amener son enfant à la vie. Cette souffrance mérite, pour Dieu, que la mère soit l’objet d’attentions et d’affection particulières : 

« Nous avons commandé à l’homme [la bienfaisance envers] ses père et mère; sa mère l’a porté [subissant pour lui] peine sur peine : son sevrage a lieu à deux ans. “Sois reconnaissant envers Moi ainsi qu’envers tes parents. Vers Moi est la destinationˮ. » 

وَوَصَّيْنَا الْإِنْسَانَ بِوَالِدَيْهِ حَمَلَتْهُ أُمُّهُ وَهْنًا عَلَى وَهْنٍ وَفِصَالُهُ فِي عَامَيْنِ أَنِ اشْكُرْ لِي وَلِوَالِدَيْكَ إِلَيَّ الْمَصِيرُ

Ce respect des parents est un respect inconditionnel mais qui ne saurait toucher à l’adoration de Dieu comme l’indique le verset ci-dessous :

« Et si tous deux te forcent à M’associer ce dont tu n’as aucune connaissance, alors ne leur obéis pas; mais reste avec eux ici-bas de façon convenable. Et suis le sentier de celui qui se tourne vers Moi. Vers Moi, ensuite, est votre retour, et alors Je vous informerai de ce que vous faisiez » 

وَإِنْ جَاهَدَاكَ عَلَى أَنْ تُشْرِكَ بِي مَا لَيْسَ لَكَ بِهِ عِلْمٌ فَلَا تُطِعْهُمَا وَصَاحِبْهُمَا فِي الدُّنْيَا مَعْرُوفًا وَاتَّبِعْ سَبِيلَ مَنْ أَنَابَ إِلَيَّ ثُمَّ إِلَيَّ مَرْجِعُكُمْ فَأُنَبِّئُكُمْ بِمَا كُنْتُمْ تَعْمَلُونَ

Cependant, la désobéissance aux parents ne peut se faire que dans l’exercice de son culte. Elle ne peut être prétexte à une désobéissance plus large. Il y a nécessité de préserver la stabilité du cercle familial en continuant d’être redevable à l’égard de ses père et mère. 

Adorer Dieu seul, lui être reconnaissant ainsi qu’envers ses parents constituent les fondements essentiels qui vont permettre maintenant d’approfondir sa foi et sa pratique. Tout d’abord en consacrant l’omnipotence et l’omniscience divines car rien n’échappe à Dieu : 

« “Ô mon enfant, fût-ce le poids d’un grain de moutarde, au fond d’un rocher, ou dans les cieux ou dans la terre, Allah le fera venir. Allah est infiniment Doux et Parfaitement Connaisseurˮ» 

يَا بُنَيَّ إِنَّهَا إِنْ تَكُ مِثْقَالَ حَبَّةٍ مِنْ خَرْدَلٍ فَتَكُنْ فِي صَخْرَةٍ أَوْ فِي السَّمَاوَاتِ أَوْ فِي الْأَرْضِ يَأْتِ بِهَا اللَّهُ إِنَّ اللَّهَ لَطِيفٌ خَبِيرٌ

La prière n’est mentionnée qu’après la dictée des grandes règles du culte. Tout individu sait maintenant à qui sont destinées ses prières :

« Ô mon enfant accomplis la Salât (prière), commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t’arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise! » 

يَا بُنَيَّ أَقِمِ الصَّلَاةَ وَأْمُرْ بِالْمَعْرُوفِ وَانْهَ عَنِ الْمُنْكَرِ وَاصْبِرْ عَلَى مَا أَصَابَكَ إِنَّ ذَلِكَ مِنْ عَزْمِ الْأُمُورِ

La prière commande que soit ordonné le convenable et interdit le blâmable. L’endurance mentionnée par le verset sous-entend que l’on soit exposé, en société, aux réactions négatives des individus qui n’accepteraient pas qu’on puisse les rappeler au bon sens en cas de dérive. 

Les versets que nous venons de parcourir illustrent de manière très claire les grands axes à privilégier dans l’éducation morale de nos enfants, sans pour autant que cela soit exhaustif bien entendu. Ils ont le mérite de mettre en avant quelques principes qui permettent que la vie en société soit possible :

  • reconnaître les bienfaits de Dieu à notre égard c’est nous placer dans cette position d’assujettissement consentie à Dieu. C’est aussi éviter toute suffisance et donc tout dévoiement ; 
  • la reconnaissance vaut aussi pour les parents et la mère en particulier. Il y a réaffirmation du socle social de base, la famille, au sein de laquelle le père a la lourde charge de transmettre à sa progéniture les règles essentielles de la religion ; 
  • rien ne peut justifier de désobéir à ses parents, hormis la pratique du culte voué à Dieu ;
  • Dieu sait tout, Il voit tout. Ces attributs divins doivent sensibiliser les enfants à la sincérité dans les actes. Notre éducation doit valoriser l’absence de « tricheries » ou de dissimulations malsaines parce que rien n’échappe à Dieu ;
  • c’est seulement les éléments précédemment assimilés que la prière prend tout son sens. Abordée, sous cet angle, on voit bien que la prière ne peut se limiter à une série de mouvements insignifiants. Elle est, de plus, intimement liée au fait d’ordonner le convenable et d’interdire le blâmable. La prière est l’un des symboles d’une éducation morale pratique aboutie qui se reflète au travers de sa façon d’être au quotidien ;
  • l’intérieur doit être purifié de tous les caractères blâmables et répréhensibles au premier titre desquels l’orgueil et l’arrogance. Ces derniers ont valu à Iblīs d’être chassé du paradis.
  • l’humilité est une vertu à cultiver. Elle grandit celui qui la pratique. 

En résumant de la sorte les grands enseignements que nous offrent ces versets tirés de la sourate Luqmân, on peut construire l’éducation morale de nos enfants en s’appuyant sur de grandes lignes directrices qui constitueront les bases d’une éducation plus complète. 

Lyess Chacal

[1] Rousseau, Émile ou de l’éducation.

Ramadan made in America

L’islam est un. L’islam est universel. Depuis le 23 mars 2023, les musulmans du monde entier célèbrent le mois du jeûne, le ramadan, au rythme cosmique du jour et de la nuit. Un mois unique où la spiritualité est à son paroxysme pour certains, et pour d’autres le point de départ d’un changement radical dans une voie plus saine et plus « excellente » du comportement. Une meilleure version de soi, en quelque sorte.

Ce qui est particulier durant ce mois, c’est ces valeurs morales qui sont mises en avant et surtout ce concept de partage. En effet, dans certains pays non-musulmans, la population musulmane vit ce mois à la vue de tous et surtout au vue des autres communautés. 

Nous voilà aux Etats-Unis, à New York et plus précisément, à Times Square[1].

Un peu d’histoire sur Times Square

Avant l’épopée des temps modernes, Times Square était connu sous le nom de Longacre Square. C’était un faubourg où logeait principalement des écuries et des manufactures de calèches. Puis, vers 1904, le quartier va subir un tournant dès la construction d’un gratte-ciel dont les nombreux locaux seront alloués au prestigieux journal The New York Times. Sous l’influence du propriétaire du journal, ce lieu change de nom est devient Times Square lors du nouvel an de 1907.

C’est vers les années 80 que le paysage change radicalement et devient ce que nous connaissons aujourd’hui

Il subit encore un autre changement pendant les années folles (1919-1929) où la guerre aura fait resurgir une folle envie de vivre dans le divertissement. Ainsi, des établissements de théâtres, de cabarets et de music-hall florissent : Times Square devient un quartier culturel. De plus, avec la grande dépression [3], ce lieu deviendra un endroit de rassemblement populaire. En 1945, des milliers d’Américains y célèbrent la fin de la guerre. Durant les années 50, l’économie d’après-guerre redonne au lieu son dynamisme par l’ouverture de commerces et la population est au rendez-vous.

Devenu quartier malfamé à partir des années 60, la criminalité et les établissements peu recommandables y prennent racine. C’est vers les années 80 que le paysage change radicalement et devient ce que nous connaissons aujourd’hui. Les commerces pour adultes sont fermés et le tourisme familial est priorisé. Le quartier est animé par d’abondantes publicités lumineuses et immenses, qui recouvrent les façades des immeubles ; et de nombreux visiteurs y viennent, attirés par la démesure qu’il offre. 

“Crossroads of the world”, carrefour du monde

« L’islam est la religion qui connaît la croissance la plus rapide en Amérique. D’ici 2050, la population américaine musulmane devrait plus que doubler, passant de 3,5 millions aujourd’hui à 8,1 millions. Cette augmentation ferait des musulmans le deuxième groupe religieux des États-Unis. Les musulmans latinos forment la population convertie qui connaît la croissance la plus rapide aux États-Unis. Sur les quelque 3,45 millions d’Américains musulmans de tous âges vivant aux États-Unis en 2017, 58 % étaient nés dans un autre pays, selon le Pew Research Center. » [1]

Times Square a été mis à disposition des musulmans pour y rompre leur jeûne et y prier. Le quartier où se situe Times Square est surnommé « Crossroads of the world », carrefour du monde. Quartier cosmopolite où les différentes cultures y font figure. C’est dans ce célèbre lieu qu’une association musulmane a célébré le premier jour de jeûne du mois de ramadan, en y accueillant plus de 1000 musulmans pour le rompre ( iftar). Mais, au-delà de l’aspect logistique de l’évènement, l’association[2] avait pour objectif d’expliquer l’islam aux non-musulmans et de partager avec eux un moment de spiritualité. 

Carrefour du monde ! Certes, le mot est juste ! Ainsi ce lieu mythique est devenu la belle vitrine de l’islam.

A l’heure où en Europe, l’islam est synonyme de terrorisme, violence, radicalisation, et d’autres termes encore, les musulmans américains (et dans d’autres pays comme le Canada) nous montrent à quel point l’islam est universel et que nous avons, nous musulmans d’Europe, le devoir de transmettre le message de paix et de justice aux autres communautés. 

C’est un grand défi ! Un défi qui nécessite les bonnes armes de communication et surtout une volonté commune de parvenir à franchir les obstacles des préjugés et les ondes de haine qui nous envahissent. Un défi à mener intelligemment !

Najoua

[1] Times Square est un quartier de la ville de New York, situé dans l’arrondissement de Manhattan, qui tire son nom de l’ancien siège du New York Times. Situé entre la 42e rue et Broadway. ( wikipedia.org)

[2] Pour en savoir plus : nyc-shop.fr « la folle histoire du Carrefour du monde, Times Square ».[1]

(3) La Grande Dépression (en anglais : Great Dépression) ou « crise économique des années 1930 », dite encore « crise de 29 », est une longue phase de crise économique et de récession qui frappe l’économie mondiale à partir du krach boursier américain de 1929 jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Précédée par la puissante expansion des années 1920, c’est la plus importante dépression économique du XXe siècle. Elle a été accompagnée d’une forte déflation et d’une explosion du chômage et a poussé les autorités à une profonde réforme des marchés financiers.(wikipedia.org)

[4] Tiré de l’article rédigée par Amirah Ismail, 19 avril 2022 dans le site internet : www.share.america.gov/fr/les-americains-musulmans-celebrent-le-ramadan.

[5] Wayoflifesq presents Taraweeh in Times Square.[

[6] Coran: Sourate 2, Verset 185.

Musulmans.be

Ce soir, comme chaque soir depuis le début du ramadan, je parcours la nouvelle plateforme musulmans.be dont l’objectif est de diffuser l’actualité concernant la communauté musulmane de Belgique. 

Dans l’un des articles, « Le ramadan des musulmans belges », le journaliste va à la rencontre de citoyens musulmans et met en évidence le sens que chacun d’entre eux attribue au mois béni. 

Ni une ni deux, me voilà pensive et méditative à mon tour… « Et pour moi, qu’est-ce qu’il signifie ce mois béni de la Révélation ? »

Mois d’abstinence… s’abstenir des futilités mondaines.

Mois de méditation… méditer le Coran afin de renforcer ma relation avec Dieu.

Mois de l’introspection où le corps abandonne les excès pour élever son esprit vers son Créateur.

Le contraste avec la réalité est parfois saisissant : excès de nourriture, gaspillage de repas et d’aliments, surconsommation de séries télévisées ‘spécial ramadan’, soirées ramadanesques en famille ou entre amis dont le but n’est pas toujours la méditation…

Je continue à parcourir ce site de qualité qui me fait penser à celui d’Oumma – un regard musulman sur l’actualité – : professionnel, efficace, diversifié.

Je tombe sur l’article « Après Londres, Bruxelles pourrait s’illuminer pour le ramadan. » À l’approche du mois de ramadan, les rues de Londres se sont parées de guirlandes lumineuses arborant étoiles et croissants de lune. Pascal Smet, secrétaire d’État bruxellois à l’Urbanisme, a émis l’idée… lumineuse (!?) de faire la même chose à Bruxelles.

Je souris… Euh… par où commencer ? 

Je me ferai d’abord le porte-parole des détracteurs les plus sages… :

  • « En ces temps de crise financière et vu le coût exorbitant de l’énergie, ne peut-on pas revenir à la raison ? »
  • « On voit que les élections approchent… »

… puis celui des détracteurs les plus zemmouriens :

  • « Comment ça, des guirlandes étoilées pendant le ramadan ?! Et pour la fête du mouton, ce sera des guirlandes moutonnées ? »
  • « On n’est pas en Musulmanie ici ! »

Après cet intermède, revenons à ce qui m’interpelle… Certains musulmans se réjouiront de cette suggestion, y voyant une certaine reconnaissance de leur pratique religieuse allant jusqu’à une considération de leur individualité.

D’autres objecteront qu’ils n’ont rien demandé et qu’ils n’ont pas besoin de cette pseudo-considération folklorique par charité laïque.

En effet, la considération d’un individu ne passe pas par des guirlandes, aussi lumineuses soient-elles, mais par le respect de ses droits garantis par la Constitution de son pays.

Elles sont encore nombreuses les jeunes filles qui se voient refuser l’accès dans certaines Hautes Écoles parce qu’elles portent le voile. Elles sont encore nombreuses les jeunes femmes diplômées (ou non) qui se voient refuser l’accès au monde du travail parce qu’elles portent le voile. Et pourtant, l’article 19 de la Constitution leur garantit la liberté des cultes et celle de leur exercice public

Sans parler de l’interdiction de l’abattage rituel pour les juifs et les musulmans en Flandre et en Wallonie qui est garanti par le même article de loi.

Tant que ces questions ne seront pas résolues, remballons nos guirlandes lumineuses ou mieux encore… envoyons-les aux Anglais qui, eux, ont une tout autre approche de la considération des individus…

Il est temps d’éteindre ma guirlande lumineuse, celle qui décore ma table de nuit durant le ramadan, et de plonger dans les bras de Morphée…

L.M.

Musulmans.be, un site dont les thématiques vous pousseront à la réflexion, à la méditation et surtout vous feront penser autrement !