Quand la beauté s’éveille à travers la parole

La parole est propre à chaque individu, et bien qu’elle passe souvent inaperçue, elle est essentielle à la communication entre les êtres humains. Elle possède de nombreux pouvoirs : elle peut séduire, manipuler, enchanter, renforcer, encourager, guérir mais aussi blesser ou humilier…

Et l’Histoire recèle des pépites de grands orateurs qui ont marqué les esprits et les cœurs. L’exemple de Winston Churchill, premier ministre, s’exprimant pour la première fois devant la Chambre britannique : « Je n’ai rien d’autre à vous offrir que du sang et de la peine, des larmes et de la sueur », ou Martin Luther King qui galvanise son combat pour les droits civiques : « Je fais un rêve. Je fais un rêve où mes quatre enfants pourront un jour vivre dans un pays où ils ne seront pas jugés sur leur couleur de peau, mais sur leur personnalité ».

Qu’est ce qui fait que des discours d’orateurs nous marquent, au point que parfois ils changent notre vision de saisir le monde ? Quel est donc, ce point commun entre tous ces personnages inspirants ?

Le talent de bien parler, de persuader, de convaincre, l’art de s’exprimer : c’est ce qu’on appelle l’éloquence !

Le « pouvoir » du langage

Selon Aristote, grand philosophe grec de l’Antiquité, l’homme est un animal doué de langage. Au sens large, le langage humain peut être défini comme un ensemble de systèmes qui associent des mots selon des règles grammaticales précises, en tenant compte de la faculté de raisonner, de nommer les choses et de communiquer avec les autres. Cependant, des linguistes comme Ferdinand de Saussure [1] donnent plus de précisions dans la définition en faisant une distinction entre les mots langage, langue et parole. D’une part, le langage est une capacité universelle dont disposent à l’état latent tous les êtres humains. D’autre part, la langue est un outil, un système de communication conventionnel partagé par un groupe de personnes (même culture ou aire géographique), acquise par chaque être humain après un apprentissage qui commence dès la naissance. Et enfin, la parole est la mise en œuvre par un individu de la langue qu’il a acquise ; elle prend en compte l’accent, l’intonation, le rythme, ainsi que son lexique, son style et les expressions qu’il utilise.

L’art de l’éloquence

Le langage est un bon indicateur du niveau de développement d’une civilisation : plus il est riche, plus la société est développée ; mais plus il est pauvre, plus il signe le déclin d’une société. Si on analyse brièvement l’exemple de la langue française, on remarque qu’elle est une passerelle entre plusieurs civilisations. En effet, elle fut enrichie par les traductions et l’intermédiation de la langue arabe qui lui a permis d’assimiler l’héritage grec, oriental et asiatique. La langue française a pu enfin redonner place à sa dimension humaniste pour s’enrichir au contact de peuples qu’elle a rencontré. À travers d’autres langues, les valeurs se contaminent mutuellement. C’est cela l’essence de la langue : elle véhicule des valeurs et fait des ponts entre les cultures :

«  (…)La diversité et la langue de partage passent par des repères communs, des croisements reconnus et des intérêts communs. La diversité dans le partage est un dialogue (…) »[2]

De plus, pour Quintilien [3] l’éloquence est l’art de bien parler, de bien construire ses discours, mais aussi de maîtriser la voix et ses modulations, son expressivité, ainsi que celle de son visage et de son corps. Adrien Rivierre, spécialiste de la prise de la parole en public écrit :

« (…)Les gestes confèrent à la parole une résonance plus forte et durable dans l’esprit de l’audience. Ils permettent de lui donner vie, de maintenir l’attention de l’audience et de faciliter la compréhension des messages transmis. » [4]

Finalement, l’éloquence est la capacité à traiter une information et à la transmettre à un public de manière claire et facile à digérer. Plus l’auditoire sera en mesure de comprendre, plus on paraît éloquent et plus les arguments semblent solides.

Le poids des mots, la force des idées

C’est sous cette maxime que la plateforme PUBLIQ, lance en 2021 son premier concours national d’éloquence. En Belgique, il n’existait aucun concours d’art oratoire dédié aux jeunes et à portée nationale, contrairement à la France.

« (…)Cette absence pouvait être expliquée par le fait que notre pays est divisé en plusieurs communautés linguistiques, ce qui rendait une compétition d’art oratoire ouverte à tous, compliquée. Au lieu de voir ce constat comme un problème, nous le considérons comme une opportunité. Une opportunité de motiver chaque jeune Belge autour d’un objectif commun. Une opportunité de faire concourir côte à côte francophones et néerlandophones. Une opportunité de faire briller ensemble deux de nos langues nationales, et de rapprocher les jeunes de tout le pays dans des temps où l’unité est plus que primordiale. » [5]

Ainsi, cette pratique combine 2 compétences : l’éloquence (facilité à bien s’exprimer) et la rhétorique (ensemble des techniques qui mènent à la persuasion). Si l’éloquence se définit comme l’art de bien parler, et la rhétorique comme un ensemble de procédés permettant cette maîtrise de la parole ; il y a toutefois une grande différence entre eux. En effet, l’éloquence est surtout un talent ou un don naturel, la rhétorique est un fruit de l’étude ou un art ; l’une trace la méthode, l’autre la suit ; l’une enseigne les moyens, l’autre les emploie. Elles diffèrent l’une de l’autre comme la théorie diffère de la pratique [6].

La parole et ce qu’elle renferme de beau confèrent à la langue une dimension artistique. Elle est un outil de transmission et de partage de valeurs. C’est pourquoi Publiq s’est associé au Parlement Bruxellois pour y accueillir le projet ; un lieu symbolique de débats et de démocratie. Tous les sujets de discussions proposés traitent du vivre-ensemble et de la citoyenneté : rapprocher les jeunes et la politique. Aucun style oratoire n’est privilégié et ceci afin d’encourager toute forme d’expression que cela soit en français ou en néerlandais. Le concours est gratuit, complètement organisé par des jeunes et s’adresse à tous les jeunes belges.

Publiq écrit sur son site :

« Rassembler les jeunes derrière la prise de parole, c’est le challenge qu’on a entrepris de relever ! »

Najoua

[1] Fondateur des sciences du langage au début du 20 ième siècle. Site maxicours.com ; « les pouvoirs de la parole ».

[2] La diversité culturelle est un dialogue, de l’auteur Driss Khrouz, dans la revue internationale et stratégique, 2008/3 numéro 7, p.69-70, Iris Editions.

[3] Orateur et pédagogue latin du 1ier siècle apr.-C. auteur d’un grand manuel de rhétorique « l’institution oratoire ».

[4] Tiré de son livre « Prendre la parole pour marquer les esprits » aux éditions Marabout, 2018.

[5] Tiré de l’ebook de la plateforme publiqcontest.com

[6] Pour en savoir plus : Site bvil.sorbonne-universite.fr ; cours élémentaire de rhétorique et d’éloquence (5ième Edition 2017)

De droite à gauche, les familles politiques décryptées

Dans les numéros précédents, nous nous sommes attachés à expliquer le fonctionnement de l’Etat belge, ainsi que l’organisation des élections dans notre pays. Ce nouvel article, et le suivant, visent à éclaircir le positionnement et les combats des différentes formations politiques qui coexistent chez nous. Dans ce troisième et avant-dernier article, nous détaillerons les idées et luttes de quatre familles politiques qui se positionnent à l’extrême-gauche, le centre-gauche et le centre.

Et pour commencer, qu’est-ce que la droite, la gauche en politique ?

Nous tentons ci-dessous une explication simplifiée. Toutefois, il faut garder à l’esprit que les discours de droite et de gauche tendent ces dernières années à se fondre les uns dans les autres, au gré des ambitions et des intérêts électoraux des partis, au point où il devient parfois difficile de faire une nette différence entre un programme de gauche et un autre de droite.

Pour schématiser, nous dirons que la droite encourage la liberté d’entreprendre, et l’initiative personnelle. Elle soutient le libéralisme économique et défend les entreprises et les indépendants. La droite ne porte pas de jugement moral sur l’enrichissement des individus et la propriété privée. Elle estime aussi qu’il faut juger chacun selon son mérite. Pour la droite, l’Etat ne devrait pas interférer dans l’économie. La droite met en avant d’autres valeurs comme l’identité nationale, le conservatisme et la tradition. L’ordre, l’autorité, la sécurité, sont autant de principes fondamentaux des partis de droite.

À gauche, les valeurs maîtresses sont le progrès, l’égalité, la solidarité, la tolérance. La gauche estime qu’il faut considérer chacun selon ses besoins et non selon son mérite contrairement à la droite. On défend l’égalité sociale et économique des citoyens. On estime que l’état doit veiller à fournir aux individus les mêmes chances au départ. La gauche affiche un progressisme nettement plus marqué au niveau des mœurs.

Certaines valeurs sont communes aux deux tendances, comme les valeurs de liberté, de justice et de travail, même si leurs sens peuvent varier selon l’un ou l’autre.

crédit: Miriam Hamjan

Les partis politiques se positionnent sur un éventail qui va de la gauche radicale jusqu’à l’extrême-droite, en passant par le centre. 

1- Les anticapitalistes, ou communistes  

Idéologie : communisme, égalitarisme Place sur l’éventail politique : à l’extrême-gauche

Quelles sont leurs idées ?

· Mouvement politique né dans l’entre-deux-guerres

· L’état doit s’occuper de répartir les richesses produites, par le biais de la taxation de la spéculation, et l’imposition des grandes fortunes

· L’intérêt de la collectivité avant l’intérêt de l’individu

· Abolition de la société des classes

· Rétablir les entreprises publiques et les services publics (contraire de la privatisation)

· Éviter les délocalisations

· Priorité à la défense des travailleurs salariés

· Augmentation du revenu minimum, des pensions

· Favorables aux droits des immigrés

· Le capitalisme est en partie responsable du réchauffement climatique

· La prévention par les mesures sociales est la clé face aux problèmes de sécurité. Opposés aux discours sécuritaires

· Questions de société : favorables aux droits des homosexuels, au droit à l’euthanasie et à l’avortement

· Positionnement par rapport à l’Europe : souhaitent plus de pouvoir pour les populations. Les décisions européennes sont trop influencées par le lobbying économique et financier des grandes entreprises. Veulent des règles européennes pour préserver les droits sociaux des citoyens

2- Les socialistes :

Idéologie : social-démocratie Place sur l’éventail politique : centre-gauche

Quelles sont leurs idées ?

· Issus historiquement des associations ouvrières, les partis socialistes sont attachés aux valeurs d’égalité et de justice sociale. A gauche sur l’éventail politique, l’intérêt collectif prime sur l’intérêt individuel

· Défendre avant tout les classes défavorisées

· L’état doit réguler l’économie et les marchés financiers, afin que la croissance économique profite aussi aux plus défavorisés

· Progressistes sur les questions de société et des mœurs

· Favorables au multiculturalisme et aux droits des immigrés. Positionnement plus nuancé du côté des socialistes flamands

· Favorables à l’Europe mais jugent celle-ci trop libérale et orientée vers les marchés

· Préoccupés par les questions environnementales, mais les mesures prises ne doivent pas pénaliser les plus pauvres

· La sécurité doit passer par la prévention et la répression

3- Les écologistes:

Ecolo / Groen

Idéologie : écologie politique Place sur l’éventail politique : centre-gauche

Quelles sont leurs idées ?

· C’est un mouvement politique plutôt jeune (années 1970)

· Les enjeux environnementaux sont déterminants et doivent être inclus dans les choix politiques

· Protéger le climat et l’environnement, préserver les ressources, veiller au développement durable

· L’économie doit être régulée au niveau mondial, elle doit respecter les écosystèmes et la qualité de vie. Elle ne doit pas vouloir créer de la richesse à n’importe quel prix

· Soutiennent une couverture sociale forte

· Politique d’immigration ouverte

· Progressistes sur les questions de société (euthanasie, avortement, égalité hommes/ femmes)

· Prudents sur les questions éthiques liées au génie génétique

· La sécurité doit passer par la prévention et la répression

· L’Europe a toute sa place dans la lutte pour l’environnement, car c’est en prenant des mesures au niveau européen que l’impact sera efficace

4- Les chrétiens-démocrates

Les Engagés / CD & V

Idéologie : démocratie-chrétienne Place sur l’éventail politique : centre

Quelles sont leurs idées ?

· Ce mouvement politique est ancien en Belgique (né en 1867).

· Défendent des valeurs humanistes qui trouvent leur ancrage dans la tradition chrétienne

· Veulent défendre les intérêts de toutes les classes de la société (salariés, patrons, indépendants,…) 

·       L’économie doit prospérer dans une perspective humaniste, se mettre au service de l’humain

· Les indépendants, patrons et PME doivent être soutenus car ils dynamisent l’économie 

· baisse des charges sur les entreprises

· Plaident pour des politiques sociales de solidarité afin de soutenir les populations les plus défavorisées

· Amélioration de la vie des familles

· Plutôt conservateurs sur les questions de société et de mœurs. Attachés à la famille dans sa conception traditionnelle

· Préservation d’un réseau libre d’enseignement

· Position tolérante au sujet de l’immigration pour le parti francophone Les Engagés, plus stricte pour le parti flamand CD & V

· La sécurité passe par plus de présence policière et de prévention. Les peines doivent être appliquées avec plus d’intransigeance

· Les partis orange sont pro- européens. L’Europe doit mieux prendre en compte l’aspect social et environnemental. Elle doit viser à réduire l’endettement notamment par la rigueur budgétaire.

Nous avons passé en revue une bonne moitié des familles politiques belges. Rendez-vous au prochain article, pour continuer notre exploration vers la droite de l’éventail politique.

Hayat Belhaj

Source : les couleurs politiques en Belgique. Culture et santé

Musulmans.be

Ce soir, comme chaque soir depuis le début du ramadan, je parcours la nouvelle plateforme musulmans.be dont l’objectif est de diffuser l’actualité concernant la communauté musulmane de Belgique. 

Dans l’un des articles, « Le ramadan des musulmans belges », le journaliste va à la rencontre de citoyens musulmans et met en évidence le sens que chacun d’entre eux attribue au mois béni. 

Ni une ni deux, me voilà pensive et méditative à mon tour… « Et pour moi, qu’est-ce qu’il signifie ce mois béni de la Révélation ? »

Mois d’abstinence… s’abstenir des futilités mondaines.

Mois de méditation… méditer le Coran afin de renforcer ma relation avec Dieu.

Mois de l’introspection où le corps abandonne les excès pour élever son esprit vers son Créateur.

Le contraste avec la réalité est parfois saisissant : excès de nourriture, gaspillage de repas et d’aliments, surconsommation de séries télévisées ‘spécial ramadan’, soirées ramadanesques en famille ou entre amis dont le but n’est pas toujours la méditation…

Je continue à parcourir ce site de qualité qui me fait penser à celui d’Oumma – un regard musulman sur l’actualité – : professionnel, efficace, diversifié.

Je tombe sur l’article « Après Londres, Bruxelles pourrait s’illuminer pour le ramadan. » À l’approche du mois de ramadan, les rues de Londres se sont parées de guirlandes lumineuses arborant étoiles et croissants de lune. Pascal Smet, secrétaire d’État bruxellois à l’Urbanisme, a émis l’idée… lumineuse (!?) de faire la même chose à Bruxelles.

Je souris… Euh… par où commencer ? 

Je me ferai d’abord le porte-parole des détracteurs les plus sages… :

  • « En ces temps de crise financière et vu le coût exorbitant de l’énergie, ne peut-on pas revenir à la raison ? »
  • « On voit que les élections approchent… »

… puis celui des détracteurs les plus zemmouriens :

  • « Comment ça, des guirlandes étoilées pendant le ramadan ?! Et pour la fête du mouton, ce sera des guirlandes moutonnées ? »
  • « On n’est pas en Musulmanie ici ! »

Après cet intermède, revenons à ce qui m’interpelle… Certains musulmans se réjouiront de cette suggestion, y voyant une certaine reconnaissance de leur pratique religieuse allant jusqu’à une considération de leur individualité.

D’autres objecteront qu’ils n’ont rien demandé et qu’ils n’ont pas besoin de cette pseudo-considération folklorique par charité laïque.

En effet, la considération d’un individu ne passe pas par des guirlandes, aussi lumineuses soient-elles, mais par le respect de ses droits garantis par la Constitution de son pays.

Elles sont encore nombreuses les jeunes filles qui se voient refuser l’accès dans certaines Hautes Écoles parce qu’elles portent le voile. Elles sont encore nombreuses les jeunes femmes diplômées (ou non) qui se voient refuser l’accès au monde du travail parce qu’elles portent le voile. Et pourtant, l’article 19 de la Constitution leur garantit la liberté des cultes et celle de leur exercice public

Sans parler de l’interdiction de l’abattage rituel pour les juifs et les musulmans en Flandre et en Wallonie qui est garanti par le même article de loi.

Tant que ces questions ne seront pas résolues, remballons nos guirlandes lumineuses ou mieux encore… envoyons-les aux Anglais qui, eux, ont une tout autre approche de la considération des individus…

Il est temps d’éteindre ma guirlande lumineuse, celle qui décore ma table de nuit durant le ramadan, et de plonger dans les bras de Morphée…

L.M.

Musulmans.be, un site dont les thématiques vous pousseront à la réflexion, à la méditation et surtout vous feront penser autrement !

Qatar: le mondial des paradoxes

Alors qu’approche à grands pas, la très critiquée mais néanmoins très attendue coupe du Monde de football 2022 (20 novembre), les esprits, échauffés un temps, semblent vouloir s’apaiser. Les appels tardifs au boycott n’ont finalement eu qu’un écho modéré et n’ont pas arrêté la gigantesque machine du sport business. Alors pourquoi ce mondial suscite-t-il un tel intérêt politique ? Alors que les Jeux Olympiques à Pékin ou la dernière coupe du monde en Russie n’ont pas soulevé autant de critiques ? Pourrait-on imaginer que la religion, la culture joueraient un quelconque rôle dans cet acharnement? 

Le mondial de football démarre dans près d’une semaine mais le choix de l’émirat pour accueillir cette compétition sportive suscite autant de questions que de polémiques. En cause, les milliers de travailleurs décédés sur les chantiers des stades. Mais pas uniquement, la crise énergétique que nous traversons révèle toute l’absurdité d’organiser une compétition sportive au milieu d’un désert dans des infrastructures totalement climatisées… 

Les droits de l’homme, un prétexte ? 

Au Qatar même, on ne le nie pas, les travailleurs migrants subissent des abus. Ces centaines de milliers d’Indiens, de Népalais, ou d’Ougandais sont la force de travail du Mondial 2022. Certains gagnent correctement leur vie, tandis que beaucoup d’autres subissent des conditions de travail indignes et scandaleuses. Le Qatar pour eux signifie l’eldorado, la cité de tous les possibles mais surtout une échappatoire à une vie de pauvreté dans leur pays d’origine. Ils ont quitté famille et patrie pour rejoindre l’un des pays les plus riches de la planète. Si les questions climatiques et des droits de l’homme sont totalement légitimes, on ne peut que s’interroger sur le timing de cette prise de conscience, bien trop tardive. Le Qatar ayant été désigné en 2010, la polémique démarre, elle, en 2022. Certains politiques ont affirmé qu’ils boycotteront la compétition, en ne se rendant pas sur place ou en ne regardant pas les matchs. Le Brésil, la Russie avaient, eux aussi, suscité des interrogations sans pour autant remettre en question les critères d’attribution. Si les pays européens se sentent si concernés par la dignité, pourquoi ne pas appeler à un véritable boycott, en refusant d’envoyer leur équipe nationale participer à cette compétition ? La manne financière générée et en jeu permet finalement de mettre tout le monde d’accord…

Une lumière dans un océan d’obscurité

Néanmoins, dans cet océan de critiques, encore une fois légitimes, si l’on devait retenir un élément positif de ce mondial de toutes les absurdités, c’est cette initiative des autorités qatariennes de paver les murs de nombreux édifices emblématiques de la capitale de hadiths du Messager d’Allah. Doha aspire à ce que la noblesse du comportement du Messager, sa sagesse et sa grandeur d’âme profitent de ce formidable coup de projecteur pour, qui sait, toucher un monde qui les méconnaît ou les ignore. 

H.B.

Traque aux arnaques des influenceurs sur les réseaux

Drop shipping, cryptomonnaie, paris sportifs, fausses promotions, contrefaçons… Bienvenue dans le monde du e-commerce avec ses avantages mais aussi ses failles ! Beaucoup d’influenceurs, issus pour la majorité de la télé-réalité, sont mêlés à des business permettant aux boutiques en ligne de prospérer très rapidement grâce à leur popularité sur les réseaux.

Depuis quelques semaines, le rappeur Booba tire la sonnette d’alarme contre des pratiques frauduleuses de certains de ces influenceurs qu’il surnomme « influvoleurs » et appelle ainsi la justice à réagir contre ce phénomène en vogue. 

En effet, une querelle est née sur les réseaux sociaux entre le rappeur Booba et Magali Berdah, créatrice et patronne de l’agence « Shauna Events » qui gère les contrats publicitaires de la plupart de ces influenceurs ciblés par Booba. 

Après avoir lancé l’hashtag #influvoleurs, Booba ouvre une boîte mail où il recueille les témoignages des personnes victimes de ces arnaques. Une plainte a aussi été déposée à l’encontre de Magali Berdah qu’il surnomme « la reine de la futilité », pour pratique frauduleuses et escroquerie en bande organisée. 

Quant à Magali, elle a indiqué mener une action en justice contre Booba pour « harcèlement en ligne ». Interrogé par le journal Libération, Booba a dénoncé plusieurs exemples d’escroquerie:  « Il y a des enjeux financiers, des gros sous ! Les influenceurs font de l’argent tellement vite qu’ils n’ont plus aucune notion de la réalité… » « Cette histoire ce n’est pas un clash, c’est une demande de justice pour toutes les victimes… »

Comprendre ce qu’est le drop shipping et l’impact des influenceurs sur les consommateurs…

D’après définitions-marketing.com, le drop shipping est une forme de e-commerce par laquelle le site vendeur ne possède pas de stocks et fait livrer son client directement par son fournisseur sans que le client ne le sache au préalable. 

Depuis peu, ce système de vente a explosé sur les réseaux sociaux grâce à la collaboration des marques avec des influenceurs qui vantent les mérites d’un produit auprès de leur communauté sur Instagram, Snapchat, Tik Tok…

Le but des influenceurs est d’acquérir davantage de followers afin de générer plus d’argent. En effet, plus tu as de followers, plus le produit à promouvoir sera vu et plus l’influenceur pourra négocier son cachet. 

Le but des influenceurs est d’acquérir davantage de followers afin de générer plus d’argent. Crédit: George Milton

Quant à la marque qui met en avant ces produits, c’est une réelle opportunité pour elle car celle-ci sera propulsée sur le devant de la scène et cela lui permettra de générer plus de profits. 

Néanmoins, il faut savoir que la plupart de ces produits bas de gamme sont vendus parfois vingt fois plus cher que leur véritable valeur et sont souvent achetés par de jeunes fans naïfs, qui sont tellement fascinés par ces influenceurs, qu’ils seraient prêts à mettre n’importe quel prix pour ressembler à leurs idoles si parfaites. Ceux-ci profitent de la crédulité des plus jeunes pour s’en mettre plein les poches. D’ailleurs, une des stratégies marketing qu’adoptent certains influenceurs, est de créer une proximité avec leurs fans en partageant leur quotidien, leurs réussites, parfois leurs peines,… Ils créent un climat de confiance entre eux et cette communauté si proche et si abstraite à la fois. Ils les tutoient, les remercient du soutien qu’ils leur apportent au quotidien, les nomment mes amours, mes chéris… Ils les font voyager via leurs stories, à travers le monde, la gastronomie, la mode, leur vie familiale, tout en y glissant subtilement des publicités de produits miracles testés et approuvés. Suivi de cela, un code promo négocié spécialement pour leurs abonnés chéris ! 

Pour la star des réseaux sociaux, Nabilla Benattia qui cumule près de 7,6 millions de followers, certaines marques paient jusqu’à 6000 euros pour une courte vidéo publicitaire. Ce qui lui rapporterait un salaire mensuel proche des 400 000 euros juste pour des placements de produits.   

Aujourd’hui, beaucoup de jeunes rêvent d’avoir le même train de vie que ces pseudos-influenceurs qui sont devenus une véritable source d’inspiration. Les réseaux sociaux ont un impact considérable sur la jeunesse qui sont en décrochage scolaire notamment à cause de ce monde d’illusions exposé en permanence. En effet, certains se disent mais pourquoi faire des études pour ensuite travailler dur alors que je peux me faire de l’argent facilement ? Être influenceur ne nécessite aucun talent particulier finalement ? On fait quelques placements de produits au bord d’une piscine tout en sirotant un bon cocktail et on vit un rêve éveillé… Malheureusement, les jeunes se retrouvent piégés par cette fausse réalité. 

Il y a notamment l’image du corps parfait qui est véhiculé sans cesse et qui forcément incite les jeunes à avoir recours à la chirurgie esthétique. 

Résultat ? Abandon précoce de la scolarité, recours à la prostitution, injection de Botox illicite dont les conséquences sont désastreuses… 

Paris sportifs, les jeunes, cibles principales des influenceurs 

On retrouve les paris sportifs sur toutes les plateformes d’internet. Leur présence accrue sur les réseaux sociaux montre que la cible numéro 1 sont les jeunes. Selon les données de l’ANJ, neuf parieurs sur dix sont des hommes et un sur trois a entre 18 et 24 ans.

Les sites des paris sportifs ont bien évidemment recours à des personnalités ayant une certaine réputation sur les réseaux pour inciter les jeunes à parier gratuitement dans un premier temps, mais ceci mène vite à une dépendance. 

Beaucoup d’influenceurs s’affichent en grosse Berline, montre Rolex au poignet. Ils annoncent des rendements garantis et des gains considérables, des feux d’artifice dans leur vie… Certains influenceurs sans scrupule, sont même prêts à véhiculer des mensonges sur des pronostics gagnants en échange de rémunération. Évidemment, tout ce bing bling n’est que tentation pour les plus jeunes qui rêvent de cette vie fabuleuse ! 

Il faut bien prendre en compte les choses néfastes que peuvent amener ces paris sportifs car malheureusement beaucoup tombent dans une addiction et se retrouvent surendettés. Quant aux mineurs, les parents se retrouvent à devoir rembourser des dettes colossales. Ce fléau va jusqu’à détruire des vies, des familles entières…

Selon le psychiatre Guillaume Hecquet, interrogé par Huffingtonpost.fr : “Généralement, l’addict vient pendant une crise, au moment de ce qu’on appelle, la révélation du jeu, après une période plus ou moins longue de clandestinité. Souvent, les proches viennent de découvrir ses dettes.” 

“Le jeu d’argent est l’une des addictions les plus suicidogènes. Le nombre de tentatives de suicide est 15 fois supérieur à celui de la population normale.”

Dans une vidéo, le youtubeur Riles tire la sonnette d’alarme auprès des jeunes et dénonce l’immense responsabilité des influenceurs et de certaines personnalités publiques qui en font la pub. 

Il ne s’agit pas dans cet article de faire l’amalgame et de pointer du doigt tous les commerces en ligne. Mais dans un monde où les réseaux sociaux ont pris une place importante dans nos vies, où il est difficile de distinguer le vrai du faux, il est essentiel de rappeler aux jeunes mais aussi aux adultes de prendre de la distance avec les contenus véhiculés quotidiennement sur nos écrans ainsi que l’image que les influenceurs nous transmettent via leurs réseaux… 

Il serait plus sage de réfléchir à deux fois avant d’effectuer une transaction en ligne pour un produit dont les mérites sont vendus par des « influenceurs » …

Plus d’infos sur : 

https://www.rtbf.be/article/paris-sportifs-tout-est-bon-pour-attirer-les-jeunes-meme-tiktok-11039828

https://www.francetvinfo.fr/replay-magazine/france-2/complement-d-enquete/complement-d-enquete-clash-fric-et-politique-le-vrai-business-des-influenceurs_5323603.html

I.Senh

La plus noble conquête de l’homme

« La plus noble conquête de l’homme » désigne le cheval. Il est, de tous les animaux, celui qui a sans doute le plus influencé l’histoire et les progrès de l’humanité.

Dès l’Antiquité, le cheval a été domestiqué par l’homme qui l’utilise dans de nombreuses activités : agriculture, transport, nourriture, guerre et sport. La domestication du cheval a permis le développement du commerce et la naissance de civilisations sur de grandes étendues. Un vaste vocabulaire spécialisé s’est développé pour décrire les concepts liés au cheval : leurs races, leurs comportements, leurs morphologies, leurs locomotions et leurs élevages. Des métiers sont liés à leurs entretiens, à leurs commerces et à leurs activités sportives. C’est à travers les arts islamiques, que nous découvrons cette passion du cheval équestre.

La petite histoire du cheval en Arabie

Les tribus désertiques de la péninsule arabique, les Bédouins ont élevé une race de cheval particulière : le pur-sang arabe. Cette race a accompagné l’expansion de l’Islam et a gagné d’autres régions à l’occasion de guerres et d’échanges commerciaux. Dans ces conditions désertiques difficiles, le cheval arabe a évolué avec sa grande capacité pulmonaire et son incroyable endurance.

Pur-sang arabe domestiqué par les bédouins préislamiques[2]

Le climat rigoureux a obligé les nomades à partager la nourriture et l’eau, et parfois même leurs tentes avec leurs chevaux. Ainsi, ils ont développé une affinité étroite avec l’animal.

Au fil des siècles, les tribus bédouines ont maintenu avec zèle la pureté de la race. En raison de leurs ressources limitées, les pratiques d’élevage étaient extrêmement sélectives. De telles pratiques, qui ont finalement aidé le cheval à devenir une possession prisée dans le monde entier, ont conduit à la belle race athlétique que nous connaissons aujourd’hui, qui est marquée par un profil en courbes distinctif : de grands yeux lustrés et larges sur un front large, des petites oreilles courbées et des grandes narines.

En arabe, le terme « Furûsiyya » désigne les disciplines scientifiques et techniques se rapportant au cheval dans son sens général. Forgé dès la seconde moitié du VIIIème siècle sous le règne des califes abbassides, ce vocable recouvre l’équitation et le dressage, l’hippologie, l’art vétérinaire, la technologie militaire, la formation du cavalier et du fantassin, la chasse et les sports d’adresse. A ces pratiques s’ajoute un code de vertus chevaleresques. Cet ensemble témoigne de la passion que les Arabes nourrissent pour le cheval depuis l’Antiquité.

« L’air du Paradis est celui qui souffle entre les oreilles d’un cheval. » d’après une sagesse arabe.

De plus on retrouve des représentations de chevaux et de cavaliers qui foisonnent dans les manuscrits et les miniatures, mais aussi sur les céramiques, les métaux, les textiles. Ces figurations, dans lesquelles le harnachement du cheval et l’équipement du cavalier sont détaillés avec soin, transcrivent une réalité qui dépasse la nécessité fonctionnelle pour faire de ces éléments des chefs d’œuvres de l’art décoratif. Les essais et les commentaires d’œuvres rédigés par des historiens, des historiens de l’art, des conservateurs de musées et de bibliothèques apportent un éclairage nouveau et riche sur la relation de l’homme avec sa « plus belle conquête ».

Manuscrit d’hippiatrie arabe daté de 1670, vraisemblablement d’origine égyptienne, détaillant les noms des parties du corps du cheval[3]

De nos jours, le cheval est utilisé principalement pour le loisir et le sport (sauf dans certaines régions du monde où son utilisation est restée la même : pour l’agriculture et le transport. Mais, de nouvelles utilisations ont vu le jour en Europe ces dernières années : la police à cheval, le ramassage de bois (débardage) et l’équithérapie.

L’éveil relationnel par le cheval

Ambre Guerbouz[1] est une jeune femme qui a, dès son plus jeune âge, eu une grande histoire d’amour avec le cheval. Ses parents ont pu l’inscrire en poney club, et ainsi assouvir sa passion. Mais, cela ne s’est pas passé comme elle l’espérait :

« Au poney club, ça ne sait pas bien passé parce que j’arrivais et le cheval était déjà tout prêt, sellé, brossé. C’était vraiment une « usine à poney ». La séance se déroulait ainsi : on monte, on descend et on rentre. Ce n’était pas du tout ce que je recherchais, le relationnel avec le cheval n’existait pas. »

Après cette expérience difficile, Ambre s’inscrit dans une ASBL à Virginal en tant que bénévole et développe son approche relationnelle avec les chevaux en s’occupant d’eux, en les nourrissant, en les brossant. Parallèlement, elle obtient tous ces diplômes (diplômée d’une école d’équitation belge).

Son désir d’avoir son propre cheval grandissait sans cesse. Et finalement, avec beaucoup de patience, Ambre est l’heureuse propriétaire d’une jument appelée India depuis 8 ans.

Le projet de Ambre est d’ouvrir le monde équestre à la communauté musulmane, notamment aux femmes. En effet, le monde autour du cheval est un monde fermé et trop rigide dans ses codes vestimentaires et ses préjugés (ouvert seulement aux initiés). D’ailleurs sa conversion à l’Islam lui a valu quelques résistances face aux autres cavaliers et propriétaires qui considéraient qu’elle n’avait pas sa place dans ce monde.

Pour commencer, Ambre ouvre un groupe sur le réseau Facebook pour mettre en place son projet et ainsi se faire connaitre auprès de la communauté. Elle ne fut pas surprise de constater que la communauté musulmane a peu répondu à l’offre. Quelques curieux ou des séances pour les enfants seulement ; et peu de femmes pour elle-même. 

Répondant à leurs inquiétudes, Ambre démystifie la pratique du cheval. En effet, monter sur le cheval n’est pas une priorité, et reste à évaluer en fonction de l’avancement des cours. Ce qui est différent si le but est de faire de l’équitation sportive. Mais, c’est plutôt de la mise en confiance qu’elle travaille, et India, sa jument est docile : sa douceur, sa sensibilité est un atout pour ce genre d’exercices.

De plus, l’environnement est loin des habitats, la piste se trouve dans une nature agréable, et les codes vestimentaires ne doivent pas être un frein pour l’équicoaching. Ambre, elle-même, arrive avec sa longue robe ou un long pull et son voile.

Ambre a conscience de cette grande difficulté et espère que la communauté féminine s’ouvrira à cette approche originale pour prendre confiance et ainsi développer le potentiel en elle.

Travailler sur sa peur de l’échec, sur le regard qu’on porte à soi, sur la gestion des émotions, sur le jugement des autres, sur cette tendance à remettre les projets à demain, sur le fait de ne pas s’autoriser à penser à soi… Une forme « d’éducation positive » dont le thérapeute est un cheval…

Najoua

Pour en savoir plus:

Ambre GUERBOUZ

GSM :0486 37 28 50

                                                                                                                                  Najoua


[1] J’ai interviewé Ambre Guerbouz le mercredi 29 juin 2022.

[2] Image tirée du site Muslim-mine.com

[3]Image tirée du site wikipedia.org : le cheval oriental.

Un jeune sur trois est victime d’harcèlement

Insultes, moqueries, violences physiques et psychiques, chantage, rumeurs, rejets, incitation à la haine… Voici les sévices psychologiques que certains jeunes font subir à d’autres quotidiennement. Aujourd’hui, en Europe, les études concluent que 15% des jeunes scolarisés seraient concernés par ce phénomène. En Wallonie-Bruxelles, 35 % des jeunes seraient victimes de harcèlement et souvent, cela passe sous silence. Mais comment peut-on expliquer ce phénomène ? Quelles en sont les conséquences ? Que peuvent mettre en place les parents ainsi que l’établissement scolaire ? 

Quand peut-on parler d’harcèlement?

La plupart des chercheurs s’accordent à dire que le harcèlement se définit par 3 caractéristiques :

  • Une conduite inadaptée d’un élève ou un groupe d’élèves envers l’autre dans le but de nuire.
  • La répétition des faits dans la durée.
  • Le déséquilibre des forces (dominant/dominé).

Le harcèlement scolaire peut avoir lieu en classe, au réfectoire, à la récréation et souvent peut se poursuivre en dehors des murs de l’établissement. 

Par exemple, vers le chemin du retour à la maison, dans les moyens de transports ou via les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Twitter…). Un seul élève peut être l’auteur du harcèlement mais parfois il peut s’agir d’un groupe de jeunes qui s’acharnent sans relâche sur la victime. Le phénomène débute déjà à l’école maternelle mais est beaucoup plus fréquent en primaire et secondaire. Souvent, le harcèlement qui a lieu à l’école se poursuit de façon virtuelle. Il s’agit de la propagation numérique des faits.

« L’omniprésence des réseaux sociaux fait planer l’ombre du harcèlement hors du temps scolaire, jusqu’au domicile. »

François Joliet

Le cyber-harcèlement

96% des 12/18 ans utilisent internet en Belgique. Aujourd’hui, les réseaux sociaux occupent une grande place dans la vie de nos ados ainsi que des gens de tout âge. Internet est un outil formidable qui a permis la réalisation de choses qui n’étaient pas envisageables dans le passé mais à condition de l’utiliser à bon escient !

Malheureusement, à l’ère des réseaux sociaux, le cyber-harcèlement existe bel et bien et il va souvent de pair avec le harcèlement scolaire. En effet, certains jeunes subissent un déferlement de propos haineux et de moqueries au quotidien à la suite de la publication d’une photo, d’un article ou même d’un sujet déjà abordé sur les bancs de l’école. Le but de l’auteur étant d’offenser, d’intimider ou de menacer sa victime. 

Ce qui est spécifique au cyber-harcèlement, c’est que l’auteur se sent surpuissant derrière son écran. Par conséquent, l’auteur ose davantage et n’a pas de limite qui le freinerait.

Dans l’affaire du meurtre d’Alisha, 14 ans, lundi 8 mars à Argenteuil, une photo intime de la victime avait été partagée sur le groupe Snapchat de la classe. Suite à cela, sont nés des tensions entre la victime et ses camarades. Quelques jours plus tard, Alisha a été retrouvée morte dans la Seine avec de nombreux hématomes au visage et dans le dos…

L’influence de la pornographie

Aliya, 13 ans, dit se sentir « moche ». Un jeune homme s’intéresse à elle sur les réseaux. Après quelques conversations, une complicité naît et elle commence à éprouver des sentiments pour lui. Il lui demande d’envoyer une photo d’elle nue. Elle refuse mais il insiste et lui dit que si elle ne l’envoie pas, ce serait fini entre eux ! Elle finit par céder…  Les demandes sont quotidiennes, parfois plusieurs fois par jour. Il la menace d’afficher ses photos si elle arrête ! La gamine pleure, se renferme sur elle-même, n’a plus goût à rien. Elle n’ose pas parler, parce qu’elle sait qu’il ne fallait pas envoyer la première photo. Elle a cédé. C’est sa faute, pense-t-elle. À bout de souffle, elle se scarifie à l’école et s’évanouit…

Véronique Agrapart, sexologue, interrogée par le Huffington post explique :  » C’est devenu courant de demander des photos de ‘nude’ aux jeunes filles. Au secondaire, mais aussi au primaire. Les garçons disent : « Si on sort ensemble, tu dois m’envoyer des photos de toi nue, sinon tu ne me fais pas confiance…Il faut replacer les notions d’émotion, de pudeur, de confiance auprès de cette jeune population qui est influencée par les vidéos pornographiques qu’ils trouvent en moins de dix secondes sur Internet. L’accès au porno à cet âge est dévastateur ! S’ils n’avaient pas accès au porno de la sorte, ils n’inventeraient pas de telles mises en scène  »

Les dommages engendrés sont désastreux

Dépression profonde, suicide, meurtres sont des faits relatés tous les jours par les médias. Les victimes subissent un véritable calvaire et sont généralement silencieuses car elles craignent les représailles. La victime traine des pieds pour aller à l’école. Ses résultats scolaires chutent ! L’enfant souffre en silence à en perdre l’appétit, à en devenir insomniaque. Il se plaint régulièrement de maux de ventre et se replie sur lui-même. 61% des victimes auraient même eu des idées suicidaires. 

« Tony Jean, 19 ans, raconte avoir commencé à être harcelé dans les vestiaires du collège. Je me suis aussi fait voler trois téléphones en l’espace d’un an. Le médecin qui lui a diagnostiqué une dépression lui fournit un traitement médicamenteux. Mais le traitement ne fonctionne pas et le jeune homme tombe dans l’alcool, la drogue et abuse des médicaments. Un jour, il fait une tentative de suicide… »

Quant à Nora, elle était chez un ami, lorsqu’elle a senti qu’il était arrivé quelque chose à Marion 13 ans. Elle rentre précipitamment chez elle, et découvre sa fille pendue… Elle a laissé une lettre destinée à ses camarades de classe où elle racontait les insultes qu’elle subissait. 

« On a découvert que la veille de sa mort, elle avait été prise à partie par tout un groupe durant le cours… Durant toute l’après-midi, ils n’ont eu de cesse de l’appeler, de la harceler, de lui faire des menaces de mort dans la cour. On lui a dit : « Si tu reviens demain, t’es morte ! », on lui a dit : « Va te pendre ! »  Et les adultes en qui elle avait confiance ont laissé faire ».

« Thomas, 17 ans, victime d’homophobie, s’est donné la mort en se pendant avec ses lacets de chaussures. C’est son grand frère qui a fait la macabre découverte. L’adolescent était victime de harcèlement. »

« Dinah, une adolescente de 14 ans, s’est pendue après avoir été harcelée à l’école pendant plusieurs années. »

Que faire?

Les parents doivent impérativement communiquer tous les jours avec leurs enfants. Essayer de comprendre pourquoi leur enfant adopte cette attitude. Qu’est-ce qui provoque ce changement de comportement soudain ? Mener une enquête auprès de l’établissement scolaire et des proches de la victime (frères/sœurs/ami.e.s). Surveiller la fréquence d’utilisation d’internet chez les mineurs ainsi que le contenu des sites visités car le harcèlement existe sur les réseaux sociaux mais aussi la pédocriminalité et la pornographie ! Les parents se doivent d’être très vigilants quant à l’utilisation excessive d’internet par leurs jeunes enfants et leurs ados.  Se poser des questions si son enfant perd beaucoup trop souvent ses affaires personnels et électroniques, s’il demande trop d’argent, il pourrait être victime de racket.

Une fois le harcèlement détecté, prendre contact avec les responsables de l’école.  Sur les réseaux sociaux, bloquer la ou les personnes toxiques et ne pas répondre à leurs provocations.  Encadrer son enfant et le soutenir dans cette épreuve difficile surtout à un âge ou leurs émotions et leur sensibilité est fragile. Un âge où les jeunes se construisent et sont rapidement déstabilisés. 

Actuellement, les écoles ont mis en place des cellules psychologiques avec des professionnels pour lutter contre ce phénomène qui gangrène les établissements scolaires et peut s’avérer très grave si les choses ne sont pas prises en main à temps.

Dans certaines classes du secondaire, le titulaire crée un groupe WhatsApp dans lequel les élèves peuvent échanger des informations concernant certains cours lors d’une absence, ou pour avoir davantage d’informations sur un devoir ou une leçon.

Les professeurs se doivent d’être vigilants et surveiller le contenu des échanges et veiller à ce qu’il n’y ait pas de dérives car cela pourrait passer inaperçu. 

Que faire si mon enfant est responsable de cyber-harcèlement?

  • Essayer de comprendre son comportement. Ensuite, l’aider à prendre conscience des faits.
  • Si le dialogue s’avère difficile, consulter des professionnels.
  • Si le harcèlement a lieu à l’école, rentrer en contact avec le centre PMS ou le titulaire/direction. 
  • S’il a lieu sur les réseaux sociaux, contrôler le temps passé devant son écran ainsi que le contenu des échanges avec ses camarades.
  • Appliquer des sanctions non violentes et adaptées et lui demander de s’excuser auprès de la victime.

Enfin, il convient de rappeler que le harcèlement est interdit et est puni par la loi. Les victimes et leurs familles peuvent donc porter plainte. Le code pénal, article 442 bis, prévoit une peine d’emprisonnement ou une amende. Pour un mineur, certaines sanctions peuvent être décidées par le Tribunal de la Jeunesse afin de lui faire comprendre la gravité des actes commis et de le responsabiliser par rapport à ceux-ci. Exemples de sanctions : des travaux d’intérêt général, une réparation des dommages, etc.

La fédération Wallonie-Bruxelles a lancé plusieurs numéros verts d’écoute et d’assistance pour les parents d’élèves touchés par le harcèlement scolaire.

I.S.

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