Fuir ou rester? Le dilemme de Waad El Kateab

La guerre n’a ni couleur, ni religion, ni ethnie, ni terre. Elle s’installe, s’éternise sur les territoires et ces habitants n’ont de but que de survivre et de se maintenir en vie quoi qu’il arrive ; quitte à s’exiler loin de chez eux pour aspirer à un avenir meilleur pour eux et leurs familles. Fuir la guerre, la famine, le siège, la dictature ou rester en sursis, pour une vie de résistance en côtoyant la mort à chaque instant, voilà le dilemme d’un exilé.

2015. Première grande crise migratoire du XXIe siècle, où des centaines de milliers de familles syriennes fuyaient leur pays dévasté par la guerre civile, via la Turquie afin de trouver refuge en Europe. Six ans après, des Syriens sont cette fois-ci bloqués aux frontières de la Biélorussie et de la Pologne, pris au piège comme des pions d’un échiquier sur fond de rivalités politiques. Refoulés des deux côtés, des hommes et des femmes ainsi que des enfants se retrouvent bloqués le long de la frontière forestière des deux pays. Rares sont les images et les informations réelles car les journalistes et les ONG n’ont pas accès à cette zone frontalière. C’est à croire que le « jeu » perdurera jusqu’à ce qu’un camp fasse « échec et mat ». Un duel entre intérêt économique et intérêt politique ! Mais où est l’intérêt humain, la dignité ?

Une crise humanitaire avant tout

Le problème est devenu un tas de poussière qu’on voudrait cacher sous le tapis ; alors que des pays durcissent le ton en projetant de construire un mur, d’autres encore veulent ignorer l’urgence du problème. Cette crise migratoire est une crise humanitaire, elle va de la responsabilité de tous les pays du monde et pas seulement de l’Europe. Nous sommes en 2021 et la question des réfugiés n’est plus le sujet numéro un dans l’opinion publique de l’Europe, plus préoccupée par la reprise économique et sociale après la crise du covid (crise dont nous ne sommes pas encore sortis). Il faut parfois des drames humains pour remettre autour de la table les politiques sur la crise migratoire.

A la question du traitement de l’information des médias européens sur le conflit syrien, certains médias ne distinguent pas l’affrontement qui dure depuis plus de 10 ans et le voient comme une affaire de terrorisme ; et parfois (quand la Syrie devient un sujet d’élection) on montre un pays devenu plus calme et plus ouvert aux changements, et les Européens ne comprennent pas pourquoi les réfugiés ne retournent pas dans leur pays.

Pour ne pas oublier

Pour ceux et celles qui se demandent pourquoi ils viennent en Europe, voici la réponse en 1h35 de film. « Pour SAMA, journal d’une mère syrienne »[1] est un reportage pour que la guerre en Syrie ne devienne pas un conflit oublié. Ce documentaire est dédié à SAMA, la petite fille de la journaliste Waad Al Kateab, un message d’amour et un cri de détresse lancé au reste du monde. Un témoignage intime sans être voyeuriste, pour sauvegarder la mémoire d’un conflit vécu de l’intérieur, au quotidien. Un témoignage au monde entier des horreurs d’une guerre civile dont l’Occident et sa population ne semblent pas prendre conscience, comme dans tant d’autres hostilités.

Les images tremblent. Au détour d’un couloir, une déflagration, la panique et la poussière qui rend l’air irrespirable. Dans le sous-sol de l’hôpital où travaille Hamza, le mari de Waad, des blessés s’entassent… « SAMA, tu es ce qui nous est arrivé de plus beau. Mais quelle vie ai-je à t’offrir, toi qui n’as rien demandé à personne ? » s’interroge Waad en contemplant sa petite fille de quelques mois. Du rire aux larmes, des petits bonheurs aux grandes terreurs, Waad Al Kateab a filmé pendant 5 ans, l’espoir né à Alep avant que le chaos ne s’empare de la ville assiégée. Pour son enfant, qui sourit entre ses bras et sursaute au fracas des tirs, la jeune femme saisit un monde solidaire aux abois, où chacun se débat pour sa survie mais aussi pour celles des autres. Waad témoigne de l’horreur ordinaire : « Jamais nous n’aurions imaginé que le monde puisse permettre cela ! ».[2]

Ce reportage est un condensé de notre humanité, dans tout ce qu’elle a de pire et de meilleur. Et peu importe le nom que les partis politiques leur donnent : refugiés ou migrants, il serait intéressant de se questionner à propos de notre accueil. C’est pourquoi, ce documentaire s’adresse d’une part, à nous, pour changer le regard que nous portons sur les réfugiés et d’autre part, aux décideurs et aux personnes qui ont du pouvoir, à ceux qui peuvent faire la différence…

Najoua


[1]  Pour SAMA, journal d’une mère syrienne. Sortie en juillet 2019 aux États-Unis, puis en Europe en octobre 2019, il reçut divers récompenses et prix dont l’Œil d’Or du meilleur documentaire au festival de Cannes en 2019. Documentaire de Waad Al Kateab et Edward Watts.

[2] Tiré du site www.arte.tv, documentaire diffusé le mardi 9 novembre 2021 à 20h25.

Quand l’islam s’invite dans une maison juive

Qui n’a pas entendu parler de ces belles âmes charitables qui invitent chez elles des réfugiés, venus de loin, très loin, qui ont traversé des périples horribles ? Des récits à nous glacer le sang. Des récits qui nous rappellent notre confort, la chance d’être nés dans un pays avec des droits… J’ai fait de très belles rencontres d’hébergeuses qui accueillent chez elles des personnes ayant traversé, au risque de leur vie, la mer, la misère, la torture, côtoyé la mort, pour arriver en Europe, avec l’espoir d’un avenir meilleur. Ces personnes sont appelées nos amis ou les invités afin de donner un côté plus humain, moins stigmatisant. Je vous livre aujourd’hui une de mes plus belles rencontres. Celle de Karine qui accueille Abdallah. Karine est juive et Abdallah musulman. 

Il arrive que des hébergeurs et hébergeuses n’ouvrent leur porte que le temps d’une nuit ou deux. Ce qui est déjà formidable. Ils permettent à nos amis d’être à l’abri du froid, de la pluie, de la faim et du danger de la police. Ils leur permettent également de prendre une douche, avoir du wifi pour contacter leurs proches, laver leurs vêtements, se confier s’ils le désirent. Ensuite retour au parc ou dans une autre famille d’accueil. 

D’autres accueillent à plus long terme, créant des liens, leur confiant les clés, … et considèrent leur invité comme un membre de la famille. J’ai eu le bonheur de rencontrer ce genre d’hébergeuses. Que vous dire … ? Un don de soi, un partage qui est rare. 

J’ai fait la connaissance de Karine via une autre hébergeuse. Il faudra des mois avant qu’elle ne me confie qu’elle est juive. Après avoir perçu ‘mon ouverture d’esprit et la tolérance’. 

Abdellah, lui, a directement montré sa religiosité. Dans les paroles mais aussi et surtout dans les actes. Malgré les épreuves, il tient fermement à sa foi. Ou plutôt grâce à sa foi, il surmonte les épreuves. Manger halal est une condition sine qua non. Il va jusqu’à lire les étiquettes sur les paquets de biscuits et autres. Il jeûne les lundi et jeudi, le mois de Ramadan, lit le Coran, prie la nuit, ses prières quotidiennes, va à la mosquée, … Dans sa recherche d’emploi, il n’a qu’une seule exigence : faire sa prière à l’heure. Karine me confie qu’il connaît le Coran par cœur et que ses connaissances sont bien maîtrisées. Elle a plusieurs fois tenté de le déstabiliser ou lui poser une colle mais en vain. Il maîtrise. Et elle adore leurs échanges. Il lui explique les similitudes entre les deux religions, les 3 même, lui parle des différents prophètes, …

Une lumière sur le visage

Elle ne comprend pas sa colère contre les caricatures … après tout, ce ne sont que des dessins. Avec émotion, il lui raconte combien le Prophète, pbsl, est sacré, bien plus que notre propre personne. Avec pudeur, elle le comprend maintenant.  Abdallah a une lumière sur son visage qui est très impressionnante. Des paroles douces, qui plaisent à Allah. Et un sourire qui ne le quitte pas. Il marque les petits et les grands.  Karine est folle d’inquiétude pour lui. Elle en a eu des invités mais lui, ce n’est pas pareil, me confie-t- elle. Elle a dépensé des sommes énormes pour sa demande d’asile, pour l’aider à passer en Angleterre, payer les avocats, chaussures, vêtements, pour acheter un scooter, le lancer dans les livraisons Uber, … 

Des cours de Coran donnés dans une maison juive

Elle me confie que Abdellah a un amour pour le Coran tellement immense qu’elle le voit bien l’enseigner. Et il apprécie beaucoup les enfants.  Je lui propose donc un petit job qui allie les deux : il a quelques fois donné des cours de Noraniya[i] à mes enfants ainsi que la correction des sourates. La première fois, ils y sont allés avec des pieds de plombs. Ils sont ressortis de là sous le charme. Eux parlent français, lui l’anglais. Et malgré cela, il a su leur parler, avec le cœur. Ils m’ont dit combien il était doux, attentionné et qu’il ne faisait que sourire… Quand ils se trompaient, il les encourageait, les félicitait. Il n’a aucun revenu mais a refusé que je lui donne des sous…Il le fait pour Allah. Pas possible pour lui de faire payer le Coran.   Karine lui a beaucoup apporté et continue de le faire. Elle s’est parfois arraché les cheveux pour lui. Mais pour rien au monde elle ne le lâcherait. Il fait partie de sa famille maintenant.  Abdallah a permis, avec douceur, patience et fermeté, à cette hébergeuse de comprendre plein de choses, d’éclairer des zones d’ombre, d’instaurer un respect… de faire entrer l’Islam dans une maison juive.  

Fatima J.


[i] La méthode Nourania (القاعدة النورانية) ou al Qaeda Nourania est un système d’apprentissage de la langue arabe aux moyens du Quran. … En résumé, cette méthode offre à l’apprenant un moyen efficace d’apprendre l’alphabet arabe, sa prononciation correcte et les règles du tajwid du Quran par la même occasion.

La onzième heure

Nous vivons une période inédite, une période de changement, une période de transition accompagnée d’incertitudes, d’imprévisibilité, de perte de repères. Nous éprouvons de multiples émotions, une fragilité qui a bouleversé nos styles de vie. Au niveau mondial, cette expérience nous a transformés, elle nous a démontré que nous sommes tous logés à la même enseigne face à de tels bouleversements. Forcés de marquer l’arrêt, voilà une occasion propice pour se reconnecter à soi-même. Dans son ouvrage, « La onzième heure », Martin Lings (Abu Bakr Siraj al Din) érudit anglais musulman, nous donne quelques pistes de réflexion concrètes sur la façon d’aborder le monde moderne.

La onzième heure ?

Lorsque l’individu arrive à la fin d’un travail, on le qualifie péjorativement « d’ouvrier de la onzième heure ». Les travailleurs prestaient de six heures du matin à dix-huit heures et, sur ces douze heures de travail, certains se permettaient de terminer une heure plus tôt tandis que d’autres s’autorisaient à ne venir travailler qu’à la dernière heure pour toucher le même salaire. La onzième heure prend ses origines dans une histoire racontée dans l’évangile:

« Voici en effet à quoi le règne des cieux est semblable: un maître de maison qui
était sorti de bon matin embaucher des ouvriers pour sa vigne. Il se mit d’accord
avec les ouvriers pour un denier par jour et les envoya dans sa vigne. Il sortit
vers la troisième heure, en vit d’autres qui étaient sur la place sans rien faire et
leur dit:  Allez dans la vigne, vous aussi, et je vous donnerai ce qui est juste.  Ils y
allèrent. Il sortit encore vers la sixième, puis vers la neuvième heure et il fit de
même. Vers la onzième heure, il sortit encore, en trouva d’autres qui se tenaient
là et leur dit: Pourquoi êtes-vous restés ici toute la journée sans rien faire? Ils lui répondirent:  C’est que personne ne nous a embauchés. Allez dans la vigne, vous aussi, leur dit-il. Le soir venu, le maître de la vigne dit à son intendant: Appelle les ouvriers et paie-leur leur salaire, en allant des derniers aux premiers. Ceux de la onzième heure vinrent et reçurent chacun un denier. Les premiers vinrent ensuite, pensant recevoir davantage, mais ils reçurent, eux aussi, chacun un denier. En le recevant, ils se mirent à maugréer contre le maître de maison et dirent: Ces derniers venus n’ont fait qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons supporté le poids du jour et la chaleur! Il répondit à l’un d’eux: Mon ami, je ne te fais pas de tort ; ne t’es-tu pas mis d’accord avec moi pour un denier?  Prends ce qui est à toi et va-t’en.  Je veux donner à celui qui est le dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire de mes biens ce que je veux? Ou bien verrais-tu d’un mauvais œil que je sois bon? C’est ainsi que les derniers seront premiers et les premiers derniers. 
»

Confiance et honnêteté

Après lecture de cette histoire, nous constatons premièrement que ces ouvriers de la onzième heure ne se préoccupent absolument pas de leur salaire. Ils ignorent ce qu’ils vont gagner. Il ne leur est même pas annoncé, contrairement aux ouvriers de la troisième heure, à qui l’on précise seulement un salaire juste. Mais ils se mettent tout de même au travail. Ils sont désintéressés. Ils font entièrement confiance au propriétaire, ils le croient sur parole. Ils auront la bonne surprise de recevoir bien plus qu’espéré,… dix fois plus. Deuxièmement, ces ouvriers reconnaissent humblement que personne n’a voulu d’eux. Ils ne cherchent pas à se mettre faussement en avant, ils ne cherchent pas à cacher leur faiblesse. Devant le propriétaire, ils sont sans fraude. Qui peut juger du poids de l’épuisement des uns? Qui peut juger de l’investissement des autres?

Vers la douzième heure

Selon Martin Lings, notre époque correspond à « la onzième heure », qui précède immédiatement cette « douzième heure ». Concrètement, dans notre époque plus que jamais, tout s’achète, tout se mérite. Dans notre société, la justice veut que chacun reçoive en proportion de ce qu’il a fait, dans une relation donnant-donnant. Ce sont désormais les producteurs et commerçants qui dominent notre monde. Dans cette perspective, la grâce de Dieu peut nous paraître injuste, parce qu’elle ne se fonde pas sur notre propre conception de la justice. Mais la miséricorde divine est bien présente aujourd’hui.

Dans la tradition tibétaine, tous s’accordent à annoncer que la douzième heure marquera la conclusion non pas de « la fin des temps » ni de
« l’Age de fer » ou encore de « l’Age sombre » mais bien de l’un des grands
cycles des quatre Âges de l’histoire de l’humanité. Cet âge sombre (période actuelle) doit être inévitablement succédé par un nouvel « Age d’or » . Dans ce cadre Martin Lings analyse les aspects négatifs du monde moderne puis les aspects positifs qui sont la contrepartie Miséricordieuse.

A retenir

Voici quelques mots d’ordre pour vous prémunir et vivre cette transition en toute confiance :

  • Dédramatiser car ce à quoi l’on résiste persiste,
  • Se responsabiliser car ce à quoi l’on fait face s’efface,
  • Lâcher prise car ce à qui nous affecte nous infecte,
  • S’exprimer car ce à que l’on réprime s’imprime,
  • S’enraciner car ce que l’on fuit nous poursuit
  • Rayonner car ce qui émane de nous revient à tous les coups,[1]
  • Enfin, apprenons à voir le verre à moitié plein plutôt qu’à moitié vide…  

Hana


[1] https://m.facebook.com/276796229032963/photos/les-7-cl%C3%A9s-de-la-lib%C3%A9ration-int%C3%A9rieure1%C3%A8re-cl%C3%A9-sexprimer-ce-que-lon-r%C3%A9prime-simp/1045352548843990/, consultée le lundi 20 décembre

Touria Chaoui, première femme pilote du monde arabe

Longtemps oubliée, aujourd’hui Touria Chaoui est réhabilitée dans les livres d’histoire marocains mais pas uniquement. Cette pionnière au caractère fort et à l’intelligence rare a su marquer les esprits à une époque où les femmes qu’elles soient européennes ou maghrébines n’avaient pas encore le droit de vote.  Portrait

Touria Chaoui nait à Fès en 1936 au sein d’une famille bourgeoise, laquelle s’installe à Casablanca en 1948. Son père, Abdelwahid est un intellectuel. Journaliste d’expression française, acteur, metteur en scène, c’est aussi un nationaliste convaincu. Car le Maroc est alors en plein sous le régime du protectorat français. Dans l’entourage de la jeune Touria gravitent des personnalités telles que Allal El Fassi ou Ahmed Balafrej, qui œuvrent pour en finir avec la présence française. A ce titre, la famille Chaoui a déjà essuyé un attentat à la bombe visant sa villa. Imprégnée de ce qu’elle peut voir et entendre dans sa sphère, Touria révèle une personnalité forte et déterminée, ainsi qu’un esprit vif et curieux.

Soucieux de stimuler son esprit, son père la pousse à réaliser des choses qui, dans la société marocaine d’alors, sont autant de signes d’une éducation d’avant-garde. Ainsi de ce concours littéraire auquel il l’encourage à participer ou de ce film, « La 7ème porte », où elle apparaîtra dans un petit rôle à ses côtés.

Une passion précoce et une détermination étonnante

Lorsqu’à 14 ans elle déclare vouloir passer son brevet de pilotage, son père la soutient. Le fait même que la seule école d’aviation ( l’Ecole des Ailes chérifiennes de Tit Mellil) soit réservée à l’élite française et masculine, ne les fait pas douter.

Accueillis fraîchement, le père et la fille finiront par arracher une inscription.

Sa formation est semée d’embûches. Ainsi de cet examen final consistant en un vol solo, réalisé un jour d’orage violent, que la direction n’a pas souhaité déplacer.

En 1951, forte de sa persévérance, Touria décroche à l’âge de 16 ans son brevet de pilote, et devient la première femme pilote du monde arabe. Le Maroc entier découvre alors son visage, et le Sultan Mohamed ben Youssef la reçoit au palais royal pour la féliciter. La presse internationale s’en fait l’écho. Des associations de femmes la sollicitent pour venir parler en faveur de l’éducation des filles. Touria s’engage dans des activités féministes et militantes.

La famille apprend être sur la liste noire des autorités françaises et se réfugie un temps en Espagne. Leur retour au Maroc coïncide avec celui du Sultan, rentré d’exil, fin 1955. En ce moment de joie populaire, Touria effectue un survol du palais royal en signe de bienvenue, balançant des tracts en faveur de l’indépendance du Maroc.

De la renommée à l’oubli

Le Maroc sera indépendant quelques mois plus tard le 2 mars 1956.

Quant à elle, elle ne le verra pas, assassinée dans sa voiture à bout portant devant son petit frère le 1er mars, c’est-à-dire la veille de l’indépendance. Elle a 20 ans.

Le crime ne sera jamais élucidé officiellement. Crime passionnel ? Crime politique, perpétré à cause de ce qu’elle représentait en matière d’émancipation des femmes ? La vérité, réclamée par les milliers de Marocains sous le choc, accompagnant le cortège funèbre, ne viendra pas. L’histoire l’a oubliée pendant des décennies. Les manuels scolaires marocains n’en ont guère parlé. Ces dernières années, des auteurs et des chercheurs ont commencé à réhabiliter sa mémoire. Son petit frère Salah Eddine Chaoui a écrit un livre : « Ma sœur Touria, première aviatrice du monde arabe. »

Si à Clermont Ferrand une rue porte son nom depuis 2014, il faudra attendre encore un peu pour voir Salé, Casablanca, Berkane et El Jadida lui rendre hommage.

Ainsi, chacun peut désormais au détour d’une rue, s’interroger sur cette jeune femme pionnière, en avance sur son temps, qui réussit contre tous les pronostics, à saluer les étoiles.

Hayat Belhaj

La « MALBOUFFE » : première cause de mortalité dans le monde!

Obésité, diabète, maladie cardio-vasculaire, dépression, cancers, … Voici les conséquences d’une mauvaise alimentation sur notre santé. En effet, l’OMS a élaboré un rapport scientifique dans lequel est stipulé que les maladies liées à la malbouffe et malnutrition sont les premières causes de mortalité dans le monde. Celles-ci tuent plus que le tabac! A compter l’ensemble des victimes de ce fléau, nous arrivons à des chiffres mirobolants : un décès sur 5 dans le monde ( 11 millions/an ).

Se faire plaisir sans excès 

Nous consommons quotidiennement des aliments trop sucrés, trop salés, riches en mauvaises graisses, composés d’additifs, non nutritifs car présence de pesticides ou cuisson non adaptée. Cela est nuisible et peut être dévastateur pour l’organisme!

Mais entendons-nous bien, la malbouffe n’est pas à bannir radicalement. Consommer un burger ou un soda de temps à autre n’est pas néfaste pour l’homme. On peut se faire plaisir à condition de manger équilibré le reste du temps.

Il faut aussi retenir que ne pas consommer de produits sains et nutritifs est pire que de consommer excessivement de la malbouffe. Car une carence en vitamines, minéraux, antioxydants, etc., peut être gravissime et provoquer une fatigue intense, des maladies rénales et hépatiques, des maladies chroniques, un système immunitaire moins résistant aux infections, …

La pandémie de coronavirus est actuellement une cause majeure de mortalité à l’échelle mondiale. La malnutrition est la principale cause d’immunodéficience dans le monde, ce qui augmente la vulnérabilité aux infections.

En l’occurrence, le lien entre l’immunité et l’alimentation est une évidence car de nombreux nutriments jouent un rôle essentiel dans la défense de notre organisme.

« LES ALIMENTS SONT VOS MEILLEURS MEDICAMENTS » Dr Henry Joyeux

Qu’est-ce que l’immunité et à quoi sert-elle?

L’homme est exposé quotidiennement à des agressions : virus, bactéries, champignons, parasites, métaux lourds, …

Pour les combattre, il doit être équipé d’un bon système immunitaire composé de soldats pour le défendre. En cas d’agression, le tissu devient inflammatoire (rougeurs, température, …). Mais si notre organisme souffre d’une carence en nutriments essentiels, la réponse immunitaire sera faible, voire inefficace.

« QUE TON ALIMENT SOIT TA SEULE MEDECINE  » HIPPOCRATE

Pourquoi cette attirance pour la malbouffe ?

Nous avons une attirance naturelle pour la malbouffe et ce, pour diverses raisons.

D’abord, le marketing qui influence considérablement nos choix. En effet, les spots publicitaires sont sur tous les fronts: trams, métros, télévision, Youtube, réseaux sociaux, … 

L’excès de publicité a un énorme impact sur les plus jeunes qui sont beaucoup plus vulnérables que les adultes. Les grandes chaines alimentaires mettent le paquet pour tromper et manipuler le consommateur. Vous remarquerez que tout est mis en place minutieusement pour inciter et manipuler le consommateur à acheter davantage : packaging, couleurs utilisées, logos, formes, célébrités ou influenceurs, etc. Le but étant de créer de futurs sur-consommateurs.

Et puis, il y a la facilité. Quand on a une journée chargée, on n’a pas forcément l’envie ni l’énergie de cuisiner de bons plats maison mais plutôt de se tourner vers des repas industriels prêts en 15 minutes tels que des pizzas congelées ou des nuggets dans lesquels on peut retrouver parfois plus de 10 additifs ; ce qui est un véritable poison pour l’homme. Certains de ces aliments sont riches en graisses, sucres, sels, et exhausteurs de goût ce qui provoque une forme d’addiction. 

Des études neurobiologiques ont démontré que le sucre combiné aux graisses pourraient rendre accro comme le ferait la cocaïne. 

Il y a aussi leurs aspects en bouche : croquants, moelleux, qui peut se révéler particulièrement important et créer une sensation qui va stimuler notre cerveau et lui donner envie d’en reprendre encore et encore…

Il faut savoir que les sociétés agro-alimentaires ne produisent pas de simples aliments mais plutôt une addiction qui va générer beaucoup d’argent. Le prix affiché ou en promo paraît raisonnable mais en réalité, il est très cher pour l’apport nutritif offert. C’est un ensemble de produits chimiques qui ne coûtent quasi rien au producteur.

L’inactivité accroîtrait notamment les risques d’obésité. Nous pouvons constater que durant le confinement, certaines personnes se sont réfugiées dans la nourriture pour apaiser leurs peurs, leurs angoisses ou pour faire passer le temps tout simplement.

Mais alors, que mettre dans son assiette pour une meilleure santé ?

Nous pouvons constater que certains enfants refusent catégoriquement de manger leur plat ou de boire leur soupe car leur palais est habitué aux goûts trop sucrés, trop salés, exhausteurs de goûts, … C’est pour cette raison qu’il est primordial de les sensibiliser aux goûts des fruits et légumes dès leur plus jeune âge et de remplacer les collations industrielles par des fruits secs par exemple qui constituent un concentré d’énergie riche en vitamines et minéraux. Ou des cakes maison qui sont plus sains car les additifs sont absents et le sucre est dosé faiblement.

Il est important aussi de promouvoir l’allaitement maternel qui est très favorable à la santé du bébé car il assure sa croissance et apporte davantage de protection contre les infections.

Notre assiette doit être variée et contenir de préférence des aliments issus de l’agriculture biologique car les nutriments sont conservés. On peut y retrouver des fruits et légumes de saison, des légumineuses ou des céréales riches en fibres qui favorisent un bon transit. Consommer occasionnellement les viandes rouges et opter plutôt pour des viandes blanches ou du poisson. Diminuer drastiquement le pain qui n’a pas grand intérêt au niveau nutritif. 

Et pour une hydratation optimale, boire 1,5 à 2l d’eau par jour. Cela favorise l’élimination des déchets par notre organisme.

Il est important de prendre son repas assis, dans le calme, de manger avec modération et de mâcher suffisamment longtemps pour une meilleure digestion. 

Le jeune thérapeutique est favorable pour une certaine catégorie de personnes mais doit être encadré par des professionnels de la santé tels que des médecins, nutritionnistes, … 

Il est aussi vivement conseillé d’effectuer une activité physique plusieurs fois par semaine : sport, marche, etc., qui est favorable au bon fonctionnement du cœur et des intestins.

L’activité physique est impliquée dans la production de dopamine qui va stimuler le système nerveux en apportant du tonus, et une sensation de légèreté et de bien-être.

Le Coran et la sunna font l’éloge de plusieurs aliments grâce aux remèdes et vertus qu’ils contiennent :

  • l’huile d’olive 
  • le miel 
  • le gingembre  
  • les lentilles 
  • le raisin 
  • la grenade 
  • la banane 
  • la figue 
  • les dattes 
  • le concombre 
  • la courge 
  • l’ail 
  • l’oignon, …

Allah le Très Haut dit :

« Que l’homme considère donc sa nourriture ; c’est Nous qui versons l’eau abondante, puis Nous fendons la terre par fissures et y faisons pousser grains, vignobles, légumes, oliviers et palmiers, jardins touffus, fruits et herbages pour votre propre jouissance et pour vos bestiaux. » s.80, v.24 à 32

« Dieu, c’est Lui qui a créé les cieux et la terre et qui, du ciel a fait descendre l’eau grâce à laquelle Il a produit des fruits pour vous nourrir. » s.14, v.32

«  Un esprit sain dans un corps sain »

Plus on habitue son cerveau et son palais à une alimentation saine, moins on a envie de malbouffe. C’est un mode de vie que nous devons adopter au quotidien afin de diminuer cette addiction aux différentes substances néfastes. Il est rare de retomber dans un schéma de malbouffe après avoir pris conscience des méfaits de cette alimentation, de s’être habitué à un parcours sain. Au contraire, nous pouvons même ressentir un dégoût.

Néanmoins, un léger écart de temps en temps est permis pour ne pas engendrer de frustration. 

Pour conclure, l’homme doit adopter un mode de vie sain. L’équilibre entre une activité physique et la nutrition favorise le bien-être physique et mental de la personne. Et dans cette dynamique, l’homme se sent aussi plus concerné par le respect de l’environnement, une consommation plus modérée, moins de gaspillage, …

L’Islam ne nous enseigne-t-il pas le bon comportement en toute circonstance ?

De ce fait, l’homme doit adopter une approche éthique dans sa consommation.

Allah le Très Haut dit :

«  Et mangez et buvez; et ne commettez pas d’excès, car Il n’aime pas ceux qui commettent des excès. » s.7, v.31

Le Prophète paix sur lui a dit : 

«  Celui qui mange peu (juste ce qu’il faut), son corps jouira de la bonne santé, son cœur sera pur, … »

« Le surplus d’aliments est la cause de toute maladie. »

«  Et ton corps a un droit sur toi! »

En effet, ce corps est un bienfait et un dépôt sacré du Créateur. 

L’homme se doit donc d’en prendre soin et d’éviter les excès qui sont nuisibles pour lui! 

I.S.

BIBLIOGRAPHIE :

  • Le Saint Coran traduction en langue française, Éditions Dar Al Bouraq.
  • Stéphane TETART, Vanessa LOPEZ, Ma Bible des secrets de naturopathes, 2019, Leducs Éditions, 313 pages.
  • Professeur Henri JOYEUX, Changez d’alimentation, 2013, Éditions du Rocher, 663 Pages.
  • Véronique LIESSE, Alix LEFIEF-DELCOURT, L’alimentation « spécial immunité », 2020, Leducs Éditions, 296 pages.

Développement personnel: la grande imposture?

Renouer avec son moi intérieur… Apprendre à dire non… Écouter son corps pour atteindre le bien-être et le bonheur, tels sont quelques-uns des objectifs bienveillants proposés par le développement personnel. Cette nouvelle pratique fait fureur notamment au sein de la communauté musulmane belge. Mais que se cache-t-il derrière cette quête obsessionnelle du bonheur ? Certaines dérives liées au développement personnel interpellent. Plongée au cœur de cet univers nébuleux. 

Le développement personnel, c’est quoi ? 

« Le développement personnel est un ensemble hétéroclite de pratiques appartenant à divers courants de pensée qui ont pour objectif l’amélioration de la connaissance de soi, la valorisation des talents et potentiels, l’amélioration de la qualité de vie personnelle, la réalisation de ses aspirations et de ses rêves. » Voilà la définition qu’en donne Wikipédia. La réalisation de ses rêves, l’amélioration de sa qualité de vie, tout cela semble très alléchant ! Ces dernières années, la crise du coronavirus a accentué l’état de mal-être général de la société. Les psychologues et psychiatres ont vu ainsi leur charge de travail augmenter considérablement durant la crise. Certains, ont fait le choix de se tourner vers une nouvelle « thérapie », celle du développement personnel. 

Connaître ses propres besoins

Je suis allée à la rencontre de six femmes : Sirine, Khadija, Amal, Souad, Salima, Farida[1]. Elles ont toutes été séduites par cette nouvelle approche. Certaines ont réussi à utiliser les enseignements pour s’épanouir dans leur quotidien tandis que d’autres en gardent un goût amer. A leur demande, leur témoignage est anonyme. Sirine est convertie à l’islam. Le développement personnel a été un outil efficace pour elle. « L’objectif principal est d’apprendre à se connaître, à formuler ses propres besoins. Dans la communication non violente notamment, nous apprenons à formuler les choses car ce que l’on dit, la personne en face ne le reçoit pas de la manière dont nous le disons mais avec ses propres filtres. Cette communication non violente je l’applique principalement au sein de mon foyer avec mes enfants, mon mari. Il y a un manque de connaissance de notre religion et personnellement, je fais toujours un lien avec ma spiritualité. Chaque outil utilisé m’a permis de revenir en arrière et prendre conscience que cela existe aussi en Islam. Par ailleurs, il m’est arrivé de tester d’autres outils mais dès que cela me semble bizarre ou que les sensations que je ressens dans mon corps ne me plaisent pas, je ne m’aventure pas plus loin. »

Farida est coach. Curieuse de nature, elle a testé de nombreux outils de développement personnel. « Il faut le prendre en tant que musulmane pratiquante et donc mettre Allah au-dessus de tout et utiliser certains outils avec des pincettes parce qu’il est clair qu’il y a des dérives. Certains formateurs n’hésitent pas à faire appel au monde invisible au cours de leurs séances. Certains sont des chamans, donc c’est clair. Personnellement, j’ai toujours été fascinée par ce monde-là mais avant chaque séminaire ou séance je fais mes ablutions, je fais ma prière de consultation et je lis ayat al kursi pendant la séance, une manière de me protéger. Mais dans ma pratique de coach, il y a certains outils que j’ai mis de côté parce que j’ai des doutes concernant leur licéité. Ce sont des outils super puissants qui nous permettent d’aider des gens, je voyais des résultats très rapidement mais avec le recul j’ai préféré ne plus y toucher par crainte de franchir une ligne rouge. » 

Découverte d’un milieu obscur

Mais sur le chemin de cette quête parfois obsessionnelle du bonheur, les charlatans et autres guérisseurs jalonnent les sentiers.

Khadija est responsable d’une asbl à Bruxelles. Elle s’est intéressée à la question du développement personnel par hasard. Et au fur et à mesure de ses recherches, elle entre dans une sphère nébuleuse. « Je suis abasourdie par ce que j’entends et j’apprends de la bouche de ces femmes qui ont tenté l’aventure du développement personnel. Des sœurs, des amies que j’ai côtoyées et qui ont un bagage islamique, qui ont étudié dans des instituts reconnus à Bruxelles, sont tombées dans le piège et les dérives de cette pratique. »

Parmi les dérives, la connexion avec les esprits… « Une de ces femmes m’explique qu’elle s’est inscrite à un séminaire de communication non violenteCelle qui est responsable de ce centre est connue et reconnue par toutes les femmes de la communauté qui passent par le développement personnel. » Sur sa page Facebook, elle se présente comme guérisseuse, maître et dans la droite lignée de sorcières bannies il y a plusieurs siècles. « Je suis arrivée chez elle par un concours de circonstances en m’inscrivant à l’atelier de communication non violente » explique Salima. « Si de prime abord, elle utilise les outils classiques de la communication non violente comme la théorie de Rosenbergles 5 blessures de l’âme, … tout doucement elle oriente son discours sur l’enfant intérieur et ses blessures et pousse les participantes à révéler des éléments intimes de leur vie privée. Les femmes se confient alors, elle instaure un cadre de confidentialité, de confiance qui pousse à la révélation. »

Une addiction

«  Là où cela commence à dériver, c’est lorsqu’elle se lance dans des séances de guérison, où elle nous dit clairement qu’elle est chamane musulmane… elle dit qu’Allah lui a donné un don, qu’elle est souvent connectée avec Jibril… et que sa mission est d’éveiller les consciences. Je suis tombée dans le panneau à cause de grosses blessures personnelles. Les thérapies classiques sont onéreuses, longues, alors qu’elle, nous certifie que le processus de guérison se déroule en 10 séances. Il y a une véritable dépendance qui se crée, nous lui donnons une sorte de pouvoir sur nous, elle nous tient par nos révélations. Elle organise d’autres ateliers où elle fait appel à une chamane de France. Lors de ces séminaires-là, il n’est plus question que de chamanisme, de tambours et de transe. Des sœurs ont consommé des champignons hallucinogènes lors de ces séances, ce que j’ai toujours refusé. Avec d’autres sœurs, nous avons commencé à lui parler de notre mécontentement par rapport à certaines de ses pratiques, sa réaction a été de nous retirer du groupe. J’ai essayé d’en parler autour de moi, de porter plainte mais personne n’a voulu me suivre. Ce n’est plus de la communication non violente, elle crée de la dépendance chez des personnes fragiles, elle perturbe notre communauté, nos croyances mais personne ne fait rien, j’ai été vraiment dégoutée par le manque de soutien pour dénoncer ces dérives. » 

Des réactions violentes

Amal a aussi croisé son chemin il y a plusieurs années. Mais plusieurs éléments la perturbent très vite. « Je n’ai pas été réceptive, pour moi c’était de grands principes, de beaux discours mais dans la pratique il n’y avait pas grand-chose. Des amies m’ont accompagnée, certaines se sont éloignées tandis que d’autres sont encore dedans. Elles ont radicalement changé. Elles avaient des pratiques religieuses qui ont disparu. Ce qui m’intrigue, c’est qu’on a le sentiment qu’avec cette femme elles ont acquis des valeurs, des principes comme si avant cela elles n’en avaient jamais eus… pourtant ce n’est pas le cas. Lorsque je fais part de mes critiques et questionne les sources, j’ai été victime d’agressions verbales violentes. J’étais devenue celle qui n’était plus fréquentable… pour des personnes qui forment en communication non violente c’est un peu contradictoire… » Khadija, la responsable d’une asbl à Bruxelles, pousse, elle, ses recherches plus loin et à force de poser trop de questions, elle dérange aussi les adeptes de cette pratique. « J’ai reçu des menaces, des messages intimidants me demandant de rester à ma place et de m’occuper de mes cours de Aqidah et Fiqh. J’avais véritablement l’impression de rentrer dans la mafia, c’était assez incroyable. » 

Des bienfaits ? 

Il serait faux de réduire cette pratique à ces dérives qui existent et interpellent. Néanmoins, il convient de se demander s’il existe de réels bienfaits qui découlent de cette nouvelle « thérapie ». Ce n’est en tout cas pas l’avis du prédicateur et enseignant Sofiane Meziani qui s’est exprimé (un des rares prédicateurs qui s’est exprimé sur le sujet) dans une vidéo à visionner sur Youtube. « On ne peut accepter une chose qui produit des effets négatifs sous prétexte qu’elle contient de bons ingrédients.  Le coaching personnel mélange tout : la psychologie, la spiritualité, l’âme, l’esprit. Avoir une bonne santé mentale, ne nous empêche pas de vivre une vie pauvre spirituellement. Cette méthode vise à cultiver le goût de l’égo et non celui de la foi. » Autre point négatif selon le professeur, c’est que le développement personnel « développe davantage la confiance en soi que la confiance en Allah ». Enfin, toujours selon Sofiane Meziani, les seuls ingrédients positifs de cette méthode sont ceux empruntés aux religions et spiritualités. « Un concept est celui de la pleine conscience, Al khushù (en arabe), le recueillement dans la présence de Dieu. Ici, il est question de ressentir la présence divine tandis que dans le développement personnel, il faut ressentir le moi intérieur… ».

Souad a elle aussi été attirée par cette nouvelle pratique qui lui a permis comme Sirine de faire un parallèle avec sa foi, néanmoins elle ne conseillerait plus de se tourner vers cette méthode. « Je n’ai pas reçu d’éducation religieuse petite mais j’ai toujours été intéressée, je voyais des jeunes filles voilées se rendre à la mosquée pour apprendre et moi je les enviais. Mon père avait beaucoup de préjugés sur ces personnes-là. Donc j’ai dû attendre d’être adulte pour rechercher, apprendre mais je ne parle pas l’arabe, je ne le comprends pas, et le développement personnel m’a permis de mieux me connaître et par ricochet de mieux connaître mon créateur. J’ai eu des outils mais au final, tous ces outils on les retrouve dans notre religion : le Miracle Morning, le fait de se lever tôt, on l’a dans l’islam, le fait d’être dans la gratitude, le remerciement, c’est le dhikr. La cohérence cardiaque, c’est ce qui permet d’apprendre à contrôler sa respiration afin de réguler son stress et son anxiété, on l’a en lisant le coran… Tout est à notre portée mais j’ai dû d’abord apprendre ces outils extérieurs pour me rendre compte que tout était devant moi. »

Un culte de l’autonomie contraire aux valeurs islamiques

Alors que le public attiré par cette nouvelle méthode est essentiellement féminin, il est urgent de s’interroger et de remettre en question certaines dérives liées à cette pratique. Il convient aussi de rappeler que ces dérives ne doivent pas occulter les bienfaits inhérents au développement personnel. Chacun, avec sa propre grille de lecture, doit pouvoir opérer les bons choix en accord avec ses valeurs et sa spiritualité. En ce qui concerne l’Islam, ses enseignements sont clairs et ne permettent pas la perversion. Allah (swt) dit dans le coran : «  Nous n’avons point fait descendre sur toi le Coran pour que tu sois malheureux » Taha, verset 2. Dans la société du 21ème siècle, nous sommes pris dans une course effrénée. Un rythme soutenu dès le lever, ce stress constant génère un mal-être. Porter un regard réaliste sur notre âme et nos manquements, et se remettre en question constamment, c’est peut-être là le début d’une réforme intérieure pour vivre pleinement une vie qui au final, n’est qu’éphémère… 

H.B. 


[1] Noms d’emprunts

Être riche sans travailler

« Le patrimoine des 1 % les plus riches de la planète devrait dépasser celui des 99% restants (…).» Pire, « 62 personnes possèdent autant que la moitié de la population mondiale » (soit 3,5 milliards de personnes). Le fossé entre riches et pauvres s’est encore plus accentué avec la crise covid : les pauvres sont encore plus pauvres et les riches sont encore plus riches. De plus en plus de personnes ne se reconnaissent plus dans ce modèle financier et décident de s’en affranchir mais peut devenir libre financièrement et surtout comment acquérir cette liberté financière?

Une personne est libre financièrement à partir du moment où elle peut continuer à avoir le même train de vie et à ne pas vivre dans le besoin, et ce même après sa retraite. Le fait de ne pas avoir trop de doutes par rapport à son avenir permet de prendre des décisions qui collent à ses choix personnels.

Dans cet article, nous allons principalement nous intéresser aux facteurs à développer pour atteindre la liberté financière :

Avant toute chose, toute personne doit se connaître et connaître son ADN financier. Elle doit adopter un esprit critique tout en continuant de s’éduquer et de ne pas laisser son cerveau se reposer. Elle doit lutter contre la procrastination, se fixer un objectif long terme et se munir des meilleures armes pour s’affranchir de ses contraintes financières. Ceci n’exclut pas la prise de risques mesurés.

1.     L’éducation conventionnelle ET non conventionnelle

Le fossé entre riches et pauvres s’est encore plus accentué avec la crise covid : les pauvres sont encore plus pauvres et les riches sont encore plus riches.

Et la Belgique n’a pas été épargnée : « Le pourcentage des personnes disposant d’un patrimoine global de plus d’un million de dollars (étude du Crédit Suisse) est très faible, soit 3% de la population adulte belge. »

« La Belgique comptait l’an dernier 133.600 millionnaires en dollars, contre 132.700 en 2019. Soit une très légère croissance de 0,7% alors que le PIB du pays s’est, quant à lui, effondré de plus de 6% l’an dernier suite à la pandémie ».

Pourquoi les inégalités explosent aujourd’hui ?

Le célèbre économiste français Thomas Piketty justifie ces inégalités en évoquant deux raisons principales.

« La première raison est la mondialisation de la Chine sur le marché mondial du travail et de nombreux travailleurs peu qualifiés qui ont tiré les salaires vers le bas dans les pays riches. Les grandes victimes sont généralement les personnes les moins bien formées. Les riches ont su tirer profit de cette situation en plaçant leur argent sur les places financières les plus rentables.

La deuxième raison d’inégalité réside dans le fait que le système éducatif de qualité est réservé aux enfants des personnes les plus riches.

Par exemple, le revenu moyen des parents d’étudiants à Harvard correspond actuellement au revenu moyen des 2% des Américains les plus aisés.»

Néanmoins, il convient de souligner qu’aujourd’hui, internet nous offre de grandes opportunités éducationnelles et de qualité. Le plus grand défi est de savoir reconnaitre les bonnes formations des mauvaises.

Le cursus des formations non conventionnelles permet de tirer un meilleur profit d’internet, de gérer mieux son temps, de s’adapter aux nouvelles technologies et d’éviter le déclassement.

2.     Déterminer son ADN financier :

L’affranchissement de ses contraintes financières passe avant tout par une introspection et une remise en question de ses acquis, de ses modèles de pensées et de l’héritage reçu. Il s’agira alors de garder les éléments pertinents et de se défaire de ceux qui ne le sont pas. Ils constituent des connaissances limitantes.

De nombreux parents ont encouragé et encouragent leurs enfants à faire de longues études, à obtenir un diplôme qui permettrait d’avoir une garantie de confort de vie et même permettrait d’accéder à la richesse…

Mais très peu de ces étudiants deviennent riches grâce à leurs études et à leur(s) diplôme(s). Les études ne sont pas une fin mais un moyen.

A contrario, celui qui n’a pas fait d’études ou qui considère ses études comme étant accessoires, va essayer de s’en sortir autrement. Il n’aura pas peur de prendre des risques et de créer son entreprenariat car pour lui, il n’a « rien » à perdre. Que se serait-il passé si Steve Jobs n’avait pas pris de risques ? Que serait devenue Tesla sans l’ambition démesurée d’Elon Musk ?

Les études ne sont donc pas un gage de réussite financière : elles peuvent y contribuer.

3.     L’esprit critique, un outil indispensable

En outre, une étude a récemment démontré que les étudiants d’université avaient un sens de la critique très limité.

Dès lors, pouvons-nous nous demander s’il existe une corrélation entre l’esprit critique que l’école n’enseigne pas assez et la liberté financière ? L’un des hommes les plus riches au monde, Warren Buffet, dit sur le fait de penser par soi-même :

« Vous devez séparer votre opinion de celle de la foule. Les comportements grégaires conduisent les cerveaux à la paralysie. Les études complexes et les écoles de commerce récompensent la complexité au détriment de la simplicité. Dans les faits, la simplicité est presque toujours plus efficace. »

La remise en question de son éducation passe avant tout par la remise en question de sa propre personne et de son ego.

En effet, l’humilité et la modestie sont les clés de l’esprit critique car ce sont elles qui nous permettront de déconstruire pour mieux reconstruire.

4.     La procrastination destructrice de l’ascension

Une étude a démontré que certaines qualités et traits de caractère permettent de lutter contre la procrastination tels que :

  • L’ouverture aux autres, la curiosité, l’imagination, et … les aptitudes intellectuelles et scolaires ;
  • La compassion et la coopération aux autres ;
  • L’extraversion au sens de l’ouverture à autrui et de curiosité, la faim de toujours apprendre ;
  • La rigueur: ce dernier trait fait appel au sens de l’engagement, au respect du planning et des délais, à la mise en place d’une structure, à l’atteinte de ses objectifs fixés préalablement avec motivation.

5.     L’objectif ultime et généreux :

Pour devenir libre financièrement, il faut avoir une vision claire et puissante inscrit dans du long terme.

L’objectif final doit être décortiqué en plusieurs sous-objectifs de façon à ne pas se décourager dans l’accomplissement des tâches.

Une étude réalisée sur les millionnaires a prouvé que 50 % des millionnaires avaient recours à des budgets et planifiaient leur avenir.

L’atteinte de l’objectif est grandement facilitée s’il est combiné au don. Il doit être centré sur le partage et la générosité et avoir une empreinte altruiste.

Selon une étude, en 2019, la générosité en France représente 8,5 milliards d’euros dont 3,5 milliards pour les entreprises. Les dons des entreprises représentent donc 41 % de la générosité en France.

Sortez donc de votre sentier battu, écrivez votre histoire d’une plume persévérante et motivée et fixez-vous votre objectif humblement, une histoire où seul vous êtes le héros du livre, où vous êtes l’inspirant et l’inspiré. Fixez-vous un objectif et n’hésitez pas à prendre des risques. Ecrivez vos erreurs, celles qui vous permettront de vous relever, de grandir et d’avancer de plus bel.

Accomplissez votre destinée avec motivation et persévérance et soyez la cause de votre réussite. Donnez-vous les moyens pour atteindre votre fin.

Nelm

Pour en savoir plus:

Le message de Philippe Grenier à la France du XXIème siècle

Le 20 décembre 1896, à la surprise générale, le premier député musulman de l’Histoire de France, est élu au second tour comme député de Pontarlier face à un avocat. L’Islam bouleverse les vies et Philippe Grenier est l’exemple vivant d’un converti qui a frappé les esprits de son époque, par son éthique et ses projets de réformes sociales.    

Élevé dans les principes les plus stricts du catholicisme, Philippe Grenier est né en 1865 à Pontarlier, commune de France.

Après ses études de médecine à Paris, il décide de s’installer dans sa ville natale en tant que médecin. Très vite, son altruisme, son dévouement et sa bonté envers ses patients, surtout les plus démunis auxquels il ne fait pas payer les consultations, feront de lui « le médecin des pauvres » et gagneront les cœurs des habitants.

Voyage en terre d’Algérie

Profitant de passer des vacances chez son frère militaire à Blida, en Algérie, Philippe Grenier est fasciné par le comportement et la foi musulmane de cette colonie française. Il s’intéresse au Coran et à ce qui y est révélé, allant jusqu’à apprendre quelques sourates. Il apprécie notamment la tenue traditionnelle algérienne, la gandoura, le burnous et le turban ; trouvant, en tant que médecin, que cet habit est plus hygiénique que le costume européen qu’il a l’habitude de porter.

En 1894, Philippe Grenier se convertit à l’islam et fera son pèlerinage à la Mecque, il avait 29 ans. Ce qui va affecter son envie d’action et de réforme sera la manière dont la France maintient les Algériens musulmans dans la misère, notamment en leur refusant la citoyenneté et le droit à l’instruction. Alors, qu’à la même époque, les juifs d’Algérie  avaient ce droit.

L’aventure parlementaire

A son retour en France, il s’engagea, non seulement auprès des plus démunis, mais aussi politiquement dans des réformes sociales et d’hygiène publique. Connu dans la région et apprécié sans que sa foi musulmane soit problématique, il se présente aux élections législatives de 1896.

Et à la grande surprise générale, il fut élu à 51% de vote contre 49%  face à son adversaire.

La Petite Gironde titre à la une : 

« On avait déjà beaucoup de candidats ; on en compte un de plus aujourd’hui. Ce dernier, le docteur Philippe Grenier, M. le « prophète de Dieu ».

Lors de la rentrée parlementaire, le 12 janvier 1897, il fut l’objet de toutes les attentions et mêmes de moqueries, en se présentant en habit traditionnel berbère.

Lynchage médiatique parisien

Pendant un an et demi, la presse scrute le mandat du député Grenier, et mènera une campagne de dénigrement contre lui. Lors d’une conférence de presse, Philippe Grenier répond aux questions des journalistes (Le Matin, Le Gaulois, Le Journal, Le National, Le Soir et La Patrie).

« Je siégerai avec mon burnous et je ferai mes prières là où je me trouverai. (…) Sans doute aurai-je des désillusions, mais je n’en continuerai pas moins la lutte. »

« Je me suis converti par gout, par penchant, par croyance et nullement par fantaisie, comme on a insinué dans la presse. (…) J’ajoute que les prescriptions dans la foi musulmane sont excellentes puisqu’au point de vue social, la société arabe est basée tout entière sur l’organisation de la famille et que les principes d’équité, de justice, de charité envers les malheureux y sont seuls en honneur ; et qu’au point de vue de l’hygiène, elle proscrit l’usage des boissons alcoolisées et ordonne les ablutions fréquentes du corps et des vêtements. »

« Je fais, il est vrai, ma prière lorsque je rentre à la Chambre des Députés, mais est-il extraordinaire qu’avant d’accomplir des actes qui peuvent peser sur les destinées de mon pays et avoir les conséquences les plus graves, je demande à Dieu de me diriger et de m’éclairer dans ma conduite ?»

« Le Coran contient des sagesses dans sa doctrine. Le Coran est certes un code religieux, mais c’est plus que cela, c’est un code moral et un code civil. »

Ses prises de position et son programme social

– Un rapprochement de la France avec la population musulmane des colonies, ce qui permet d’augmenter son influence en Afrique grâce à la diffusion de l’instruction. Il compilera des données, des informations et se battra pour défendre la cause de ceux qu’on appelait «les indigènes».

– Il dépose un projet de loi concernant la défense nationale. Il propose de faire appel aux troupes coloniales pour compenser l’isolement stratégique de la France face à l’Allemagne (quelques années plus tard, l’Allemagne, forte en nombre, va envahir la France : la première guerre mondiale éclatera en 1914). Il propose de créer une armée coloniale grâce aux populations algérienne, tunisienne, sénégalaise et d’Indochine, et de les rémunérer en tant que militaire des colonies françaises.

– Son opposition à la consommation d’alcool lui vaut une hostilité de plus en plus vive dans sa circonscription, où la production d’absinthe est importante. En effet, Pontarlier est la capitale mondiale de la fabrication de ce spiritueux très alcoolisé, qui fait vivre économiquement toute la région. Son projet consistait à réduire le nombre de débit dans les bistrots et de taxer fortement l’absinthe. Cette lutte impopulaire contre ce fléau de « la fée verte » qui ravage les ouvriers et les plus démunis face au lobby des productions d’absinthe, lui valut son arrêt de mort électoral aux élections de 1898.

– Il dénonce les injustices sociales et l’excès de luxe et de privilèges de ses compatriotes, députés de l’Assemblée Nationale. Il sera la risée de la presse de l’époque, et celle-ci ironisera sur les causes qu’il défendait. Celle-ci le considérera comme un illuminé, un fou et un être ayant perdu tout contact avec la société.

Citoyen et homme de foi

A la fin de son mandat, il ne sera plus réélu même s’il s’était présenté par deux fois. Ainsi, il reprendra son activité médicale en 1898 en continuant à être dévoué à la cause des « petites gens», et écrira aux administrateurs coloniaux et aux grands de ce monde afin de passer un message d’humanité et d’humanisme : accepter l’autre dans sa différence et dans sa religion. Oublié par la presse et la population, on entendra le nom de Philippe Grenier, lors de l’inauguration en 1925, de la Mosquée de Paris. Il meurt à l’âge de 79 ans, le 25 mars 1944, à Pontarlier. Une mosquée et une école portent son nom dans sa ville natale.

Najoua

Pour en savoir plus :

*www.retronews.fr_ site de presse de la Bibliothèque Nationale de France (BNF), espace de consultations d’archives afin de connaitre l’histoire à travers les coupures de presses, radios et télévisuelles. Créé en 2012, documents numérisés.

*Livre : SALLEM Sadek, L’Islam et les musulmans de France, (Edition Tougui, 1987)

A toi Eric «l’Olivier»,

Je me souviens lors de ma grossesse, il y a une dizaine d’années, tu as égayé mes insomnies avec tes débats houleux que je prenais plaisir à suivre dans l’émission On n’est pas couché du service public de France 2. A l’époque déjà, ma fille me donnait des petits coups de pieds dans le ventre quand elle entendait tes propos parfois tendancieux ! Elle, qui baignait dans un havre de paix, ne pouvait pas comprendre que tu cherchais à faire le buzz…

Tu as fait ton chemin… De droite, tu es passé à l’extrême-droite et maintenant, je dirais que tu es arrivé à l’extrême-droite-extrême ou alors à la droite-la plus extrêmement-droite.

Tiens, c’est pas mal comme slogan pour ta course (non encore déclarée) à la présidentielle ? Un peu pompeux, je le reconnais mais on peut travailler ça ensemble. Ceci dit, tu n’as pas besoin de moi, je suis sûre que tu es entouré de gens compétents (et d’autres…) qui te concocteront un leitmotiv digne de tes propos…

J’hésite quant au qualificatif à accoler à ‘tes propos’… ? Nauséabonds ? Haineux Racistes ?

Ça, on le sait déjà… tes nombreuses condamnations pour injure et provocation à la haine raciale en témoignent. Et bien, Eric, qu’est-ce qui t’es arrivé pour virer autant ?

Il y a peu tu t’es encore distingué par cette déclaration : «les Musulmans peuvent très bien se détacher de l’Islam et avoir une pratique de leur religion que j’appelle moi, ‘chrétienne’.» Euh… tu peux répéter ?! Je crois que je n’ai pas saisi…

Sinon ta meilleure blague reste quand même ton désir d’interdire à un Français de confession musulmane d’appeler son fils Mohammed. Il faut tout de même souligner que, dans un élan d’ouverture et de tolérance, tu as rectifié qu’il pourrait le donner en 2ème prénom. Tant d’égards et de sollicitude me laissent sans voix !

Bientôt, tu nous imposeras le tajine au jambon. Quoique… s’il est halal, je ne suis pas contre ! T’as vu, c’est ça l’ouverture, Eric !

Fervent admirateur de Bonaparte, tu n’es pas sans savoir que certains penseurs affirment que le code de Napoléon a été inspiré de la doctrine malékite. Toi qui redoutes l’islamisation de la France ! Tu te rends compte, Eric, la charia insidieusement distillée dans le code napoléonien ! C’est le comble de l’ironie !

Ressaisis-toi, Eric, et redonne les lettres de noblesse au nom berbère qui est le tien, « Zemmour », « l’olivier ». Force et sagesse, voilà ce qui caractérise cet arbre majestueux. Entre nous, sans vouloir t’offenser, tu n’as ni l’une ni l’autre…

Là d’où je viens, on m’a appris à tendre la main, même au plus virulent des intolérants… Alors, si tu passes à Bruxelles, je t’invite à prendre un thé à la menthe avec une corne de gazelle… pardon, sans vouloir te heurter, je voulais dire un café avec un paris-brest ou un saint-honoré. Histoire de réhabiliter cette vision, partielle et partiale, que tu as de l’Islam. 

A ce propos, Islam ne signifie pas seulement « soumission » comme tu aimes le scander sur les plateaux de télévision. Islam vient du mot arabe « salam » qui signifie paix. Entrer en Islam, c’est s’abandonner à Dieu pour entrer en paix avec soi et les Autres…

Que la Paix soit sur toi, Eric !

L.M.

P.S : Maintenant que j’y pense, tu peux venir avec Marine… plus on est de fous, plus on rit ! 😉

Toi, l’écriture, trace le message

Si tu n’existais pas, rien n’aurait pu être dévoilé.  Ton empreinte est gardienne des mots, des récits, des secrets…qui par ailleurs, tout auteur ne pourrait s’identifier sans ta présence.

N’es-tu pas le témoin et la preuve qui ont défini l’Histoire ?  Celle dont l’encre à flots, a parfois, malencontreusement,  jeté l’ancre de la vérité.

Avant que tu ne deviennes la réalisation de l’auteur, tu étais son sujet et sa muse.

Tu  provoquais en lui le style qui dessinait l’œuvre et tu animais le genre du narrateur.

Néanmoins, maintes et maintes fois, tu as été gommée, comme si tu devais renaitre pour mieux vivre.  Cependant, les traces ne s’effacent pas entièrement, elles demeurent perceptibles.

Comme les erreurs commises dans la vie, on n’oublie pas son passé, sauf que le présent permet de traverser de nouvelles épreuves.

Victorieusement tu es là !

Sache que pour certains, tu représentes comme une thérapie ou encore la meilleure des amies. Dès l’adolescence, tu deviens la confidente, la subsistance des journalistes et la marque de la connaissance.

Ton rôle n’a pas de frontières, tout être qui te connait, t’utilise pour parler de lui et de la vie. Véritablement, tu réveilles la conscience humaine et tu empêches qu’elle ne se détruise par l’aveuglement de l’ignorance.

Alors, trace et continue à tracer. Le monde a besoin de tes lettres qui traduisent la raison, l’amour, l’imagination de l’humanité.

ℒamiaa