La foi

Un monde qui paraît mort, le gouffre d’ombres stériles et de lueurs spectrales, le vent polaire souffle très fort, et les arbres grondent

Courbés et malmenés, malgré tout, ils arrivent à résister

Le monde se lamentait, le soleil paraît timide

Prisonnier de la nuit, on le croyait pourtant vaincu !

Mais au fond des cœurs, une lumière divine s’abrite

Nullement agitée, par ce qui se passe

Sereine, elle attend, la fin de l’ouragan.

L’écorce de l’arbre la protégeait, elle demeurait confiante ;

La foi.

Quand l’épreuve surgit, te mutilant de ses coups

Ne sois pas affolé, lève tes mains vers le Divin, reste prosterné

Tu te réfugies ainsi dans les bras de ton Créateur

Rien ne t’arrivera, sois en convaincu !

Sans la foi, tu ne peux l’affronter, il te faut le secours de Dieu !

N’essaie pas par toi-même, car tu cours à ta perte et ce serait dangereux

Mais laisse-la agir, abandonne-toi à Lui et attends patiemment

La victoire tu l’auras, si tu restes confiant.

“Nulle pierre ne peut être polie sans friction, nul homme ne peut parfaire son expérience sans épreuve.”

Confucius

Ainsi est la foi quand elle brille, elle dépasse le cadre d’une expérience personnelle

Elle débute par le toi, prend racine dans ton cœur et s’étend vers tous les pans de la société. Débutant de l’individuel afin de bâtir le collectif !

La paix, l’apaisement, lumière

Seule la Liillaha ilalah te donnera la force de te libérer de leur servitude

Seule la Liillaha ilalah a servi à proclamer la révolte contre les tyrans de la terre.

Seule La Liillaha ilalah a été un appel universel

Seule La Liillaha ilalah annonçait la naissance d’une société nouvelle et équilibrée

Triste de constater que la foi aujourd’hui n’érige plus notre comportement dans nos sociétés, il ne s’agit plus que d’une foi « géographique » ou « héréditaire », un héritage comme on aurait hérité d’une terre ou d’une maison,

Une foi endormie, dépourvue d’influence et de dynamisme

L’homme s’est avili par l’amour de ce bas monde et parce qu’il éprouve de l’aversion pour la mort.

Ne crois surtout pas que la foi s’invente, ou se consomme dans un séminaire, non elle est bien inscrite dans ta nature, capable de soulever des montagnes,

Tu as la faculté du discernement, de par cette foi tu aspires à ressentir ta dignité et préserver ton identité, tu aspires à éprouver le sentiment que ton existence a un but et que tu es doté d’une mission de vie,

Dans ce cas ne t’inquiète pas Ô toi ! Dieu est de ton côté !

Il est cet abri sûr, ouvert et permanent

Qui te dit d’y entrer, d’y entrer maintenant.

Hana Elakrouchi

Il s’en va…

Tel un ami, il est arrivé apportant avec lui paix, sérénité, spiritualité… Nombreux sont ceux qui ont retrouvé le chemin des mosquées, les familles se sont unies, les prières se sont élevées dans des moments de partage et de communion rares.   

A quelques heures de son départ, une pointe de tristesse nous envahit… Nous ne savons si nous aurons le privilège de le retrouver. Le cœur est triste mais, s’il s’en va, il nous laisse des cadeaux qu’il a semé, à nous de les trouver. Il est donc temps de jeter un regard en arrière et d’en retirer tous les enseignements pour poursuivre le chemin même s’il n’est plus à nos côtés. 

Il n’est pas rare d’éprouver un sentiment d’inachevé, de « trop peu », mais tel un tremplin, le mois de ramadan est venu nous montrer le chemin de la réforme, les prémices du véritable changement qui, lui, peut prendre toute une vie… 

Une amie me confiait il y a quelques jours : « je pense que l’on connaît tous à un moment notre propre laylatu al qadr », notre nuit du destin. Ce qu’elle essayait de me faire comprendre c’est que s’il existe une date « officielle » de la nuit du destin, ce moment d’intense connexion avec Allah peut arriver à tout moment durant le mois de ramadan et même en dehors de celui-ci, à nous de créer ce moment unique. Il ne suffit que d’un instant de sincérité pour changer sa destinée… 

Trouver la paix avec soi, les autres et avec Allah exige une autodiscipline et une maîtrise de soi : se détacher du monde pour se rattacher à Lui, tel est donc l’enseignement principal qu’est venu nous enseigner ce mois béni. Le ramadan est donc à la fois un retour à soi et un renoncement à soi. Al Ghazali disait : « En se dépouillant de ce qui l’attache à la vie terrestre, le jeûneur découvre qu’il est peu de choses par rapport à l’infini de Dieu, dont il est la créature.

Sacrifice d’autant plus exigeant qu’il ne repose que sur la foi… Ce soir en rompant notre jeûne, gardons à l’esprit que ce n’est pas la fin, mais seulement le début d’autre chose, d’encore plus fort in cha Allah ! 

H.B.

L’Islam, une grande puissance économique

Le dernier prophète ﷺ a dit : « Vous verrez les Musulmans à travers leur bonté, leur affection et leur attachement réciproque, constitués comme un seul corps, quand l’un des membres souffre, il transmet sa fièvre et son insomnie à tout son corps. » [1] Abstraction faite de son sens philosophique, si nous considérions ce conseil précieux comme une hypothèse économique ? Une hypothèse pas plus farfelue que celles posées dans la très grande majorité des théories économiques renommées : « Tous les consommateurs sont rationnels et prennent des décisions en cherchant à maximiser leur propre bien-être sous contrainte budgétaire. » La première hypothèse (celle que nous posons) est orientée vers un altruisme presque mystique et la seconde, celle reprise dans beaucoup de postulats économiques est, quant à elle, orientée vers un égoïsme humain presque naturel. Il parait donc beaucoup plus compliqué à l’homme d’appliquer ce 1er conseil puisqu’il est naturellement tenté d’appliquer la seconde hypothèse. Or, cet article propose une réflexion autour de la naïve question de savoir s’il aurait été possible de faire jaillir une grande puissance économique si les chefs d’état avaient appliqué ce conseil ?

Et oui, avec des si, Paris pourrait être mise dans une bouteille mais l’Histoire des civilisations nous apprend beaucoup de choses et nous permet même de mettre en évidence certaines erreurs. Et c’est bien à la lumière de ces erreurs que les réflexes et les décisions de l’Homme s’adaptent. N’est-ce pas là le propre même de l’intelligence humaine ? S’adapter sur base de son vécu, ses expériences et s’améliorer en ne reproduisant plus les mêmes mésaventures.

Je vous propose de voyager avec moi, le temps de quelques lignes, à travers l’Histoire et de parcourir ensemble certains choix qui ont eu un gros coût dans l’histoire de la civilisation musulmane :

  1. De la naissance à l’indépendance de l’Arabie Saoudite

Vous souvenez-vous de cette époque où l’Islam était un empire, jadis, nommé le grand empire Ottoman ?

Avant 1500, tout allait bien pour cet empire qui partage la même religion et les mêmes valeurs que la future Arabie Saoudite.

« En 1517, la ville sainte de la Mecque étant désormais placée sous contrôle ottoman, Selim se proclame calife et serviteur des villes saintes de l’Islam. »[1]

Mais « l’intérieur de la péninsule connaît une évolution séparée qui mène à l’émergence de la famille Al Saoud . »[2]

C’est précisément la naissance de l’Arabie Saoudite qui nous intéresse, ce visage aujourd’hui emblématique de l’Islam, l’incontournable des musulmans.

En 1700, l’Arabie saoudite était divisée et contrôlée par différentes tribus et familles. La population était constituée majoritairement de nomades et le pays était désertique. Le pétrole n’était pas encore découvert et le pays était très peu intéressant d’un point de vue économique.

En 1744, une alliance nait entre l’émir de Daria, Mohammed Ibn Saoud et l’imam Mohamed Ibn Abdelwahhab (qui donna le nom au wahabisme). Le premier donne son fils à la fille du second. Cette alliance est donc le symbole du mariage entre l’autorité religieuse, le wahabisme et l’autorité politique représentée par Ibn Saoud qui donna son nom à l’Arabie Saoudite qui continue de s’agrandir et de rassembler des territoires.

En 1818, l’Empire ottoman, qui craint cette alliance pour ses territoires, envoie l’Egypte et parvient à stopper la dynastie Ibn Saoud. Mais…le petit fils s’est enfui et s’est caché. Il donnera une descendance qui se vengera et fera renaitre son pouvoir pour conquérir tout l’Etat en 1902.

Nous ne résisterons pas à l’envie d’imaginer quelle serait cette puissance islamique si l’Arabie saoudite et l’empire Ottoman ne faisait qu’un corps.

Il y aurait eu sans doute moins de pertes humaines, moins de perte financière et moins de perte énergétique. 

Au lieu de cela, l’Arabie Saoudite s’est tournée vers les Britanniques pour chercher, contre l’Empire ottoman, une protection militaire, des armes, de l’argent. Et en échange, l’Angleterre peut exploiter les terres de l’Arabie Saoudite à la recherche de pétrole.

L’Arabie tira profit de ce pacte tant et si bien que celui-ci provoqua la chute de l’Empire Ottoman.

En 1920, l’Angleterre, désespérée de ne rien trouver, retire ses troupes de l’Arabie et en 1932, l’Arabie Saoudite proclame son indépendance.

Le destin fut autre pour cet empire qui aurait pu être inégalé dans l’histoire.

La trahison du Maroc 

Poursuivons avec un autre fait de l’histoire :

Celui où le roi du Maroc, Hassan II, a donné un enregistrement à Israël pour casser la stratégie de guerre de certains pays arabo-musulmans unis pour protéger la Palestine contre toute invasion israélienne. Cette fameuse guerre des 6 jours fut soldée par une victoire triomphante d’Israël et un échec total des pays musulmans. La Palestine en sortit encore plus vulnérable et elle en paie les frais encore aujourd’hui.

« Pendant la guerre, qui a pris fin le 10 juin (1967), Israël a saisi la bande de Gaza et la péninsule du Sinaï à l’Egypte, la Cisjordanie et Jérusalem Est à la Jordanie, et le plateau du Golan à la Syrie. Le roi Hassan II avait secrètement enregistré la réunion de 1965 parce qu’il ne faisait pas confiance à ses invités de la Ligue arabe, a annoncé Yedioth. »[3]

Non seulement, le Maroc n’avait pas répondu à l’appel des pays arabes pour protéger la Palestine, mais de surcroit, il trahit ses frères en enregistrant secrètement cette invitation et en révélant que les pays arabes ne pourraient pas gagner cette guerre car ils n’en avaient pas les moyens financiers et militaires. 

Que serait aujourd’hui la Palestine sans cette trahison ? Un fantasme ?

Le Maroc et l’Algérie 

Sous le règne de Mohamed V, les relations entre ces deux pays, non seulement frères mais aussi voisins sont très bonnes à tel point que le Maroc aide l’Algérie dans son indépendance en fournissant des aides militaires, financières et matérielles. 

Les tensions commencent à apparaitre, sous Hassan II, après l’indépendance d’Algérie qui conteste les tracés frontaliers qui séparent les deux pays.

En 1975, Hassan II organise la Marche verte qui se solde par l’annexion du territoire du Sahara occidental. La guerre du Sahara occidental se déroule entre 1975 et 1991. 

Le 24 août 2021, l’Algérie annonce une nouvelle rupture de ses relations diplomatiques avec le Maroc. Parmi les raisons évoquées, l’Algérie cite le soutien de l’ambassadeur du Maroc à l’ONU au MAK, les déclarations du ministre israélien des Affaires étrangères lors de sa visite au Maroc, le scandale d’espionnage Pegasus et la question du Sahara occidental. Le Maroc répond de façon laconique à cette rupture. Son ministre des Affaires étrangères annonce avoir pris note de la décision unilatérale de l’Algérie, et la qualifie de « complètement injustifiée », mais « attendue – au regard de la logique d’escalade constatée ces dernières semaines. » [4]

Ainsi, l’histoire nous montre que trop de fois, les chefs d’états font passer leurs intérêts individuels au-dessus de leurs principes et leurs valeurs collectifs. S’ils mettaient autant de moyens à des fins philosophiques pour défendre un état au nom des valeurs qui les unissent, l’Islam serait encore aujourd’hui une grande puissance.

Le destin de chaque état est écrit tel que la raison ne peut le comprendre, l’œil ne peut le voir et l’oreille ne peut l’entendre. Bien des évènements dépassent l’entendement humain et pourtant, ils arrivent à se dérouler.

Tant que l’ambition est orientée vers l’égoïsme, l’échec sera au rendez-vous.

Lorsqu’elle sera guidée par des intentions altruistes, la civilisation humaine au sens large sera élevée vers la réussite quelles qu’en soient ses croyances.

Et s’il est plus naturel de chercher à maximiser son bien-être individuel, le souci de l’autre et sa bienveillance permettraient d’avoir un résultat général bien plus grand tant économique (au niveau micro et macro) que spirituel…Mais voilà, pour arriver à ce degré de magnanimité, l’être humain doit avant tout combattre son ego… le travail de toute une vie.

Nelm


[1] https://www.histoire-pour-tous.fr/civilisations/5624-l-empire-ottoman-xive-siecle-1923.html#:~:text=Le%20fondateur%20de%20l’Empire,en%20font%20leur%20propre%20capitale.

[2] https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27Arabie_saoudite


[4] https://fr.wikipedia.org/wiki/Relations_entre_l%27Alg%C3%A9rie_et_le_Maroc

[1] [Sahih al-Bukhari 6011]

Au-delà des mots, la sacralité de la Maison de Dieu

Il existe un lieu et un moment pendant lequel toute l’humanité peut se reconnecter à l’héritage d’Ibrahim (Paix sur lui), prendre du recul sur sa vie, réviser sa façon de penser et d’agir en toute quiétude, de prendre conscience de qui nous sommes.

Au cœur du Sacré

Alors que presque partout dans le monde, l’humanité est déchirée par des conflits; dans ce lieu sacré qu’est la Maison de la Mecque, Al-Ka’ba,[1] chacun peut trouver un lieu de paix, une bulle de miséricorde.

C’est au cœur de ce lieu sacré que tout croyant ressent la toute Grandeur de Dieu, la Toute Puissance du Maitre des Mondes. Ce lieu, nous renvoie à une histoire commune, à travers la prophétie d’Ibrahim (Paix sur lui), l’origine du culte monothéiste. C’est la première Maison offerte à l’humanité pour nous rappeler que nous sommes une seule et même famille humaine.

L’importance d’un lieu ou objet sacré est nécessaire car celui-ci a une réelle efficacité du fait qu’il contribue à nourrir la foi. Ainsi, le sacré implique la reconnaissance de l’être transcendant comme une réalité et de l’univers comme le fruit d’une Essence Créatrice Toute Puissante. En quelques mots, le lieu (ou objet) sacré assure la médiation entre l’Homme et le Divin. Dès lors, l’union de la parole et du geste constitue l’essence du sacré, mais aussi un profond engagement envers Dieu : le servir uniquement, réaliser sa vocation de vicaire (khalifa)[2] et honorer son dépôt (al-amanah)[3].

« Je réponds à Ton appel, mon Dieu, oui, j’y réponds ! »

Le pèlerinage, un des piliers de l’Islam permet de se découvrir, d’avoir une connaissance profonde de soi, de se nourrir spirituellement comme on cultiverait un jardin privé. Le voyage de toute une vie qui prend alors sens et trouve une harmonie dans son rapport à soi, aux autres, à l’univers et au Créateur de toute chose. Ce cheminement personnel se vit en collectivité, au milieu des Hommes, dans une communauté unique – au-delà de toutes appartenances ethniques ou culturelles – dirigée vers un même point, vers une direction originelle, vers le même destin.

La Ka’ba.Derrière cet objet sacré, cet édifice, impressionnant, fascinant, se cache la grandeur du Créateur. Il nous rappelle qu’Il est le Puissant, le Maitre, le Grand, l’Unique. « Seigneur ! Nous sommes faibles et nous sommes soumis ! » Voilà ce que nos cœurs battent à la chamade au rythme de nos pas autour de Sa Maison. Cet aveu salutaire est le message d’un retour vers Lui. Notre regard agit comme un aimant vers cette Maison, attiré inlassablement, au point que son image s’inscrit sur nos rétines. Chaque battement de nos cœurs répond à l’appel du Divin.

Ainsi, l’héritage de nos Prophètes et Messagers résonne en nous et anime de leurs passages passés ce lieu béni, et ce jusqu’à la fin des temps.

Toute personne ayant visité ce lieu sacré, restera à jamais marquée dans son cœur par le désir ardent un jour d’y retourner…

« Cette connexion a fait s’incliner vers la Ka’ba les cœurs des mondes, elle a distillé de l’amour pour elle dans les âmes ainsi qu’un profond désir de la voir. Elle est le lieu de rendez-vous de ceux qui aiment Allah, et jamais leur soif n’est assouvie. A chaque visite de la Ka’ba, le désir de la revoir se fait plus fort, la soif n’est pas étanchée et la distance n’y change rien. »[4]   

                                                                                                                      Najoua


[1] La Ka’ba est la Maison d’Allah, elle se situe au centre de la Mosquée sacrée (al-Masjid al-haram). Il s’agit d’une maison cubique composée d’un toit et de murs asymétriques : la longueur du mur comportant la porte est de 11,68 m.

[2] Lieutenant, successeur. L’homme est appelé dans le Coran le Khalifa ou lieutenant de Dieu sur Terre.

[3] En tant que Khalifa, l’homme a reçu une charge ou amana dont il doit s’acquitter.

[4] Tiré du livre de Mahmud al-Dawsari, Tout savoir sur la Ka’ba. Editions al-hadith, 2015. Extrait p.31/32

L’islam est-il compatible avec le féminisme?

EN 2017, le féminisme fait partie des termes les plus recherchés sur le net. Un regain d’intérêt important suite notamment à la couverture médiatique de la Women’s March à Washington le 20 janvier 2017. Au lendemain de l’arrivée au pouvoir de Donald Trump, les femmes sont descendues dans les rues de la capitale américaine et un peu partout dans le  monde, notamment à Bruxelles, pour défendre leurs droits, entre les manifestations contre le sexisme et l’avalanche d’accusations d’agressions sexuelles.

La femme… définie comme manipulatrice, tentatrice, celle qui use de ses atouts pour parvenir à ses fins. Pauvre Ève pécheresse, rendue fautive d’avoir cédé à la tentation invitant Adam à l’imiter. Maligne, la femme a su faire profil bas, a su rester dans l’ombre à scruter et étudier les moindres faits et gestes de l’homme, puis elle décide de sortir des fourrés d’un seul coup et de plaquer l’homme à terre. Une image qui pourrait paraître désuète pourtant elle résiste à travers les siècles. Toutefois, nombreuses qui ont tenté à chaque fois de redonner ses lettres de noblesse et sa place à la femme. Ève, Simone de Beauvoir, Coco Chanel, Margaret Thatcher, Rabia al Adawiya, Marie Curie, Zaynab Nefzaouia… loin d’être une liste exhaustive, étaient toutes sur la même longueur d’ondes. Des mouvements d’idées psychologiques alors naissent et viennent promouvoir l’égalité homme-femme.

Un peu d’histoire

Si dans la tradition judéo chrétienne, la femme est considérée comme coupable du péché originel, le Coran, lui, attribue la responsabilité au couple, contrairement à ce que dit le récit biblique, la femme ne porte pas la culpabilité originelle en elle. L’islam est venu apporter les moyens et outiller les droits octroyés aux femmes. Mais aujourd’hui, au nom de l’islam, la femme est infériorisée, opprimée, soumise. Le message divin n’a pourtant rien d’ambigu : il conjugue la libération spirituelle et sociale des hommes et des femmes de façon égalitaire.

D’où vient dans ce cas cette confusion ?

La position traditionnelle et la lecture misogyne ont infantilisé la femme : l’interprétation patriarcale, la vision exclusivement masculine des textes priment malheureusement depuis des siècles. Les revendications du féminisme occidental et la lecture misogyne de certains textes mènent à confusion et à ne plus réellement savoir quelle cause plaidée.

Un livre, d’une femme engagée, Souad Mossadi, s’est penché sur toutes ces questions relatives aux femmes. Elle apporte de la lumière à ce sujet si tumultueux. Son message est clair, le combat du féminisme occidental ne s’accorde pas à celui de l’islam, il est différent. Le droit de la femme musulmane a été destitué par l’homme, c’est l’une des revendications des  féministes musulmanes. Un droit, un statut élevé que Le Seigneur a octroyé à celles-ci sans avoir dû mener un quelconque combat. Souad Mossadi, dans son livre : « La femme et ses histoires » retrace le parcours de vie de la femme musulmane des XXème et XXIème siècle ainsi que l’histoire du féminisme islamique en terre d’islam et en occident. Elle revient pour « L’Autre Regard » sur son parcours qui l’a mené à la rédaction de cet ouvrage.

Quelle a été la motivation de rédiger votre livre? Quel est le message que vous souhaitez transmettre à travers celui-ci?

Pendant au moins deux ans je n’ai fait que lire et prendre des notes, j’ai ainsi pu lire des dizaines de livres et remplir plusieurs carnets de notes. Ce n’est qu’alors que j’ai commencé à écrire peu à peu tout en continuant mes recherches et mes lectures, j’ai d’abord écrit le chapitre sur le féminisme qui ne devait représenter qu’une très brève préface avant de rentrer dans le vif du sujet mais les informations étaient tellement nombreuses et le sujet si important que j’ai décidé d’en faire le premier chapitre, étant donné que beaucoup de personnes parlent du féminisme mais n’en connaissent pas la véritable histoire et tout ce que cela implique, j’ai voulu retracer le parcours des différentes vagues féministes en Occident et dans le monde arabo-musulman afin d’éclaircir la question et de constater tous ses acquis aussi bien que ses dérives.

D’après vous, est-il possible d’allier vie familiale et vie professionnelle tout en étant sereine?

Dans ce livre que j’ai voulu divisé en quatre chapitres, après avoir tenté de clarifier les questions féministes, j’aborde dans le deuxième chapitre qui est certes le plus long la vie d’une femme dans ses diverses facettes et ses multiples responsabilités depuis sa plus tendre enfance à sa vie adulte qu’elle soit étudiante, célibataire ou épouse, sœur ou belle- sœur, mère ou grand- mère dans la sphère privée sans oublier son rôle dans la sphère publique dans les domaines professionnel, social et politique. Ainsi, le plus grand défi pour la femme est de parvenir à un équilibre entre toutes ses obligations. C’est pourquoi, je me suis attardée sur la conciliation entre ces dernières afin que la femme puisse parvenir à un réel épanouissement.

A la page 275 du livre, on peut notamment lire : « l’islam préconise toujours la voie du juste milieu. Donc, même si le travail peut occuper une grande place dans nos vies de femmes, il ne faut pas non plus en faire le seul objectif de son existence. Le travail doit demeurer une des sphères de notre vie qui peut nous aider à nous épanouir, mais ce n’est pas la seule. »

Le fruit de votre travail est basé sur des recherches très approfondies sans avoir négligé de prendre en compte le contexte.

Cet ouvrage tente d’apporter des réponses aux questions que se posent la plupart des femmes et se basent sur des données scientifiques, historiques, sociologiques, psychologiques mais toujours en accord avec notre corpus religieux avec la volonté ferme de ne jamais entrer en contradiction avec le Coran, parole de notre Seigneur ni les hadiths prophétiques authentiques. Au contraire, par la grâce d’Allah, notre belle religion confirme à chaque fois les données profanes sur lesquelles nous nous sommes appuyées. Le but essentiel de ce livre est de fournir à nos soeurs des sources d’épanouissement, de leur rappeler que la paix du coeur ne se trouve que dans la foi et la proximité d’Allah, que le vrai bonheur est d’ordre spirituel et qu’au final cela a un impact positif sur nos soucis du quotidien.

A la page 32 du livre : « si le voile est vu en Occident comme un symbole de soumission des femmes, en Orient, la pornographie, la prostitution et l’absence de respect pour les femmes dans les médias occidentaux sont vivement critiqués… »

Est-il réellement possible qu’aujourd’hui la femme musulmane puisse jouir de ses droits? Pouvez-vous nous donner un exemple?

J’achève mon livre sur l’histoire de deux femmes exemplaires et sublimes, qui sont une source d’inspiration pour toute femme à la recherche du bonheur, leur vie auprès de notre cher Prophète est un modèle pour nous. A travers l’histoire de Khadija et ‘Aisha, j’ai voulu illustrer tous les concepts que j’ai abordés tout au long du livre et qui peuvent sembler parfois trop abstraits en montrant leur dévouement, leur courage, leur patience, leur confiance inébranlable et leur amour du Prophète et du Créateur malgré les dures épreuves et les difficultés qu’elles vivaient.

Enfin, à la page 513 : « Lorsque nous étudions sa vie, nous sommes subjugués par sa parfaite maîtrise de la jurisprudence, du hadith, de l’exégèse, de la loi islamique, de la poésie, de la généalogie, de la médecine, et de l’histoire. L’Imam AL-Zuhri dit à son sujet: ”Si on rassemblait la science de Aïcha avec la science de toutes les autres femmes, sans aucun doute Aïcha serait meilleure”

Une évolution impressionnante

Pour conclure, force de constater que l’évolution de la situation des femmes musulmanes depuis plusieurs décennies est réellement impressionnante. Indéniablement, elles ont contribué à l’enrichissement de la théologie musulmane jusqu’à son apogée, certaines ont même atteint un très haut niveau d’érudition à l’échelle internationale. Alors pourquoi ce silence ? Pourquoi la femme doit être reléguée au second plan, pourquoi devoir s’effacer jusqu’à devenir invisible ?

Les lectures sclérosées des textes sacrés et coutumes aberrantes qui les accompagnent, ont fortement contribué à la marginalisation de la femme et plus largement à la décadence du monde arabo-musulman. Nul doute que l’un des plus importants défis aujourd’hui c’est de mettre en lumière et sous les projecteurs ces femmes savantes, militantes, influentes… Et de permettre la renaissance de la pensée de la femme avec un grand « F », et ce en toute liberté.

Rêve utopique pour certains, possible pour d’autres, du moins ne jamais craindre l’utopie. Comme disait Dom Helder Camara : « Quand on rêve seul, ce n’est encore qu’un rêve, quand on rêve à plusieurs, c’est déjà une réalité. »

Hana

Pour en savoir plus:

Souad Mossadi, « La Femme et ses Histoires, à la recherche du bonheur aux sources de la foi », aux Editions Al Hadith