Des vies froissées

L’automne s’installe doucement, la saison pluvieuse arrive à petits pas, les sorties se font plus rare. Le mois de novembre donne place aux soirées-ciné. Blottie dans mon fauteuil et enveloppée d’un plaid molletonné, je décide de regarder un film sur Netflix pour, pourquoi pas, écrire mon prochain article.

« Alors, que choisir ? Dahmer ? » Série qui fait exploser l’audimat depuis sa sortie en octobre… ça en dit long sur l’état de notre société quand on sait que ce Dahmer est un psychopathe sanguinaire, tueur en série…

« Quoi d’autre ?  Certainement pas une super production hollywoodienne ! » Je préfère de loin le cinéma international. Mon choix est fait, je me tourne vers la Turquie.

Il fait nuit noire, tout le monde dort, les écouteurs bien positionnés, j’appuie sur enter et plonge dans les rues pittoresques d’Istanbul pendant 97 minutes. 

Mehmet, qui a grandi dans la rue, est aujourd’hui un jeune homme qui dirige une déchetterie dans un quartier délabré de la capitale. Equipé d’un chariot et avec l’aide de ses « employés » de fortune, il récolte des déchets de toutes sortes dans les poubelles de la ville qu’il revend afin de pouvoir survivre. Très sensible au sort des enfants des rues, on découvre un Mehmet au grand cœur partageant la souffrance de ces gamins livrés à eux-mêmes. Bienveillant et très apprécié par ces jeunes, il n’hésite pas à se montrer généreux avec eux.

Un jour, Mehmet découvre, caché dans son chariot, un petit garçon, Ali, abandonné par sa mère. Très vite, il se prend d’affection pour lui et fera tout pour l’aider à la retrouver.

Le pitch énoncé, on peut être amené à penser que l’auteur signe, au pire un mélodrame larmoyant, au mieux, un film social dénonçant les coulisses d’une Istanbul peu florissante où tentent de survivre des enfants et ados tristement abandonnés à leur sort. 

Et pourtant, la thématique des enfants des rues ne constitue que l’ossature sur laquelle se greffera le thème principal du film : la blessure de l’abandon.

Un récit qui révèle avec une justesse cruelle la déchirure, la douleur poignante, intense et omniprésente liée à l’abandon. L’auteur met en scène de façon éclatante et brillante cette pauvreté obscure dans laquelle baignent ces enfants et adolescents abandonnés. 

Nul besoin de comprendre le turc pour apprécier la bande originale émouvante et mélancolique.  La qualité de la réalisation et le choix des prises de vue détrônent de loin les blockbusters made in USA. Sans parler de la performance des acteurs qui est juste brillante. Quant au protagoniste principal, il n’interprète pas la palette d’émotions qui traverse le film… il les incarne.

Que dire de la fin ? Inattendue, saisissante, bouleversante. Bref, grandiose! 

Clap de fin.

« Comment les enfants abandonnés peuvent-ils se (re)construire ?, 

Comment peuvent-ils guérir, ou du moins, panser la blessure de l’abandon ?,

Comment penser à l’avenir quand le passé les hante ?,… »

Un film qui résonnera en vous tout comme il résonne encore en moi longtemps après le clap de fin…

L.M.

Des vies froissées, un film de Can Ulkay, sorti le 12 mars 2021 sur Netflix.

Une réflexion sur « Des vies froissées »

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