Les dix dernières nuits, le cadeau ultime

Hier soir, nous sommes entrés officiellement dans les dix dernières nuits de ce mois béni de Ramadan. Un top départ pour un sprint final d’intenses efforts à fournir à l’image de notre bien aimé (pbsl[1]). Mais comment profiter pleinement de ces dix dernières nuits dans notre société occidentale où tout semble aller trop vite ?

D’après Abu Hurayra, qu’Allah l’agréé, le prophète (pbsl) a dit : « Celui qui jeûne le mois de Ramadan avec foi et dans l’espoir d’obtenir la rétribution d’Allah, tous ses péchés passés lui seront pardonnés. Et celui qui veille Laylat Al-Qadr (La Nuit du Destin) (en prière) avec foi et dans l’espoir d’obtenir la rétribution d’Allah, tous ses péchés passés lui seront pardonnés. »

Les dix dernières nuits sont donc arrivées et avec elles un nombre incalculable de bienfaits et de bénédictions. Après 20 jours, le jeûne est devenu une habitude, le corps ne ressent ni la soif ni la faim, mais si la fatigue se fait plus intense, un dernier effort reste à fournir pour profiter pleinement de ces bénédictions.

La retraite spirituelle, al itikhaf

D’après Boukhari et Mouslim, selon Aïcha, qu’Allah l’agréé, le prophète (pbsl) faisait l’itikhaf les 10 derniers jours de Ramadan et cela, jusqu’à sa mort. Un moyen pour lui et les croyants de se détacher et de se soustraire aux activités mondaines et de se consacrer pleinement à un retour à l’essentiel. Aujourd’hui, en Belgique, et dans la société occidentale, il devient difficile de se couper entièrement de cette vie pour s’isoler à la mosquée. Plusieurs éléments peuvent entraver cet objectif de retraite : la vie de famille, l’absence de mosquée ouvertes toute la nuit, le travail,… mais alors comment néanmoins profiter pleinement de ces moments rares et privilégiés ?

Le sens profond de cette retraite est de permettre à son cœur et son esprit de se détacher de toute autre préoccupation que Dieu

Une retraite avant tout intérieure

S’il n’est pas aisé de se couper totalement de son environnement, il convient de nous rappeler que la retraite est avant tout intérieure. Le sens profond de cette retraite est de permettre à son cœur et son esprit de se détacher de toute autre préoccupation que Dieu et d’orienter tout son être vers la recherche de Sa satisfaction. L’intention et la volonté de se détacher de cet environnement sonore, physique, visuel qui agresse au quotidien nos sens et notre être intérieur est une manière concrète de revivifier le sens profond de la retraite spirituelle. Le Prophète (pbsl) nous apprend que parmi les catégories de gens qui se retrouveront sous le trône d’Allah le jour de la résurrection se trouvent ceux dont les cœurs sont attachés aux mosquées. Les cœurs et non les corps… votre cœur peut se trouver à la mosquée mais votre corps à votre domicile. Parmi les privilèges accordés à sa seule communauté est que la terre toute entière est un lieu de prière, ne nous sommes donc pas cantonnés à un lieu, une bénédiction énorme dont il est d’autant plus nécessaire de profiter lors de ces dix dernières nuits.

Des distractions qui parfois nous font tomber dans une insouciance qui mène à l’oubli, l’oubli de Sa présence

Un exercice, une autodiscipline

Se créer son propre cocon intérieur pour s’exercer à se détacher de toutes les préoccupations futiles qui empêchent notre être de revenir à l’essentiel (les réseaux sociaux, les longues heures de shopping, les interminables soirées au café, la famille,…). Des distractions qui parfois nous font tomber dans une insouciance qui mène à l’oubli, l’oubli de Sa présence. Certes le Messager d’Allah (pbsl) redoublait d’effort lors de cette dernière décade du Ramadan, notamment parce qu’elle comporte ce trésor, cette nuit du destin, au cours de laquelle Dieu décrète pour chaque âme, pour l’année à venir, son espérance, sa subsistance… Mais si l’on observe de plus près la vie de Mohammad (pbsl), il est un fait que toute sa vie était une retraite intérieure, toute son existence, son cœur, son âme, son esprit était entièrement voué au Maître de l’univers, à la recherche de sa proximité. Un enseignement que l’on se doit d’acquérir. Cette rupture qui est une aspiration qui doit habiter le cœur et l’esprit de tout croyant est en réalité un moyen de s’exercer à vivre toute notre vie durant dans cet état de retraite spirituelle vis-à-vis de notre environnement qui nous « happe » au quotidien. Cette période représente finalement un moment idéal et propice pour exercer notre cœur à la recherche de l’excellence, la quête ultime.

H.B.

[1] que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui