L’esprit du défi

Prendre des risques, sortir de sa zone de confort, se dépasser, aller au-delà de ses limites. Tous ces mots contribuent à donner une définition précise de l’expression « se lancer un défi ! ». C’est l’idée de parier avec nous-même que nous sommes capables de faire quelque chose d’inédit et de particulièrement difficile. Il suffit de plonger dans les réseaux sociaux pour voir tout un florilège de « challenges » : des plus loufoques aux plus sérieux, en passant par ceux qui changent des vies.

Nous allons nous intéresser à un challenge particulier, à une période particulière.

« HadjByCycle » de Nabil Ennasri [1]

Paris – La Mecque : près de 6 000 km en 2 mois, 50 étapes en 65 jours, moyenne de 120 km par étape, plus de 12 pays traversés. Tout cela à vélo !

Vraisemblablement, Nabil Ennasri n’est pas le premier dans le monde à relever ce défi de voyager à vélo vers la Mecque. D’autres musulmans de divers pays l’ont fait.

Tiré du compte Twitter de Nabil Ennasri.

Préparé depuis plusieurs années, Nabil Ennasri accompli une étape importante et chère à son cœur. En effet, l’écrivain est particulièrement engagé à la sauvegarde de notre planète et surtout à réveiller l’esprit de la communauté musulmane à ce sujet. D’ailleurs, l’écologie est un concept qui a toute sa place dans la pratique religieuse de l’islam, les textes scripturaires (Coran et la tradition prophétique) nous ont transmis cette valeur oubliée.

Les grands objectifs qui sont visés par Nabil Ennasri sont les suivants :

  • Mobiliser la conscience musulmane sur cet enjeu crucial de sauvegarder l’habitabilité de notre terre.
  • Renouer avec la tradition des anciens dont le voyage pour le Hadj se faisait à pied ou à dos de monture.
  • Rendre hommage à son père, et à travers lui, à tous les premiers immigrés.

Sur ce dernier point, l’auteur nous explique que la génération des primo-arrivants est en train de nous quitter, marquant ainsi la fin d’un cycle dans notre histoire. Héritiers de cette grande famille immigrante, nous devons écrire notre histoire et se lancer dans « un nouveau cycle » de réforme intérieure et collective.

Parti le 22 avril 2023 de Paris, Nabil Ennasri est enfin arrivé à destination le 17 juin à la ville sainte de Médine. Défi réussi !

Cependant, au-delà de ce succès, il me semble intéressant de comprendre l’intérêt et les avantages de se challenger [2].

Le défi, un moteur de vie

Se lancer des défis, c’est apprendre à mieux se connaître, à croire en ses capacités, à développer sa force mentale, c’est aussi se créer des souvenirs, des expériences de vie qui font grandir et ouvrent des voies. Le tout est d’oser sortir de sa zone de confort, et « d’aller voir derrière le mur » en quelque sorte.

Il est clair que nous ne sommes pas tous de grands aventuriers, et marcher sur les pas de personnages inspirants qui ont défié les lois physiques de la terre, nécessite des capacités et une préparation longue et intense. Ceci dit, il existe des défis plus ou moins grands qui nous apportent des bénéfices personnels : apprendre une nouvelle langue, prendre la parole en public, changer ses pratiques en mobilité, s’éloigner des réseaux sociaux… Bref, secouer ses habitudes et oser des choses nouvelles qui vont nous mettre au défi de nous surpasser. L’idée est de nous stimuler, de permettre d’évoluer, de se mobiliser (intellectuellement, physiquement, émotionnellement). Être en état d’éveil !

« Lorsqu’on se place dans une situation de vulnérabilité, lorsqu’on tente de dépasser nos limites, on se retrouve seul face à son défi, mais surtout face à soi-même. L’atteinte du défi devient alors secondaire, mais les sacrifices que l’on est prêt à faire pour l’atteindre sont primordiaux. On est alors dans un état d’éveil extrême, prêt à affronter n’importe quelle situation. On se surprend alors à se découvrir des qualités insoupçonnées, des ressources intérieures dont on ignorait l’existence. » [3]

L’exploit de Nabil Ennasri va plus loin que le simple fait de se défier soi-même. En effet, l’immobilisme et la fatalité gangrènent nos esprits et nos cœurs. On entend souvent autour de nous, « quoi qu’on fasse ça ne change rien à la situation ». Mais est-ce que l’islam ne prône pas l’idée de mouvement, d’éveil d’état d’esprit ? Sommes-nous fossilisés sur nos acquis, nos habitudes ? N’y a-t-il pas, au contraire, matière à réfléchir pour changer notre manière de vivre, notre manière de concevoir la vie, de « planter sa propre graine » ?

Renoncer à agir, se décourager face aux difficultés, s’avouer vaincu sont des attitudes relativement courantes aujourd’hui. Dans le Coran, Dieu nous demande d’agir constamment, de se fixer des objectifs, de persévérer dans l’action, de s’armer de patience :

« Et qu’en vérité, l’homme n’obtient que le fruit de ses efforts. »

Coran 53, verset 39.

Najoua

[1] Français, auteur du livre « Les 7 défis capitaux », essayiste, politologue, acteur engagé dans le tissu associatif musulman. Réseaux sociaux : #HadjByCycle #ParisLaMecqueEnVelo

[2] Terme anglais qui signifie : défier

[3] Tiré de l’article « Pourquoi avons-nous besoin de défis ? » de Cynthia Brunet, dans le magazine Noovo.ca, publié 22 mai 2019.

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