Faut-il interdire les réseaux sociaux aux moins de 15 ans ?

Victime de harcèlement scolaire qui se poursuivait sur les réseaux sociaux depuis plusieurs mois, Lindsay, jeune collégienne de 13 ans, décide de mettre fin à ses jours le 12 mai dernier. La tragique nouvelle fait froid dans le dos et me laisse perplexe…

Chaque année, des faits similaires de cyberharcèlement menant au suicide sont tristement révélés par la presse laissant tout parent au regard hagard se murmurer intérieurement : « Elle aurait pu être ma fille/il aurait pu être mon fils… ».

Le cas de Lindsay me questionne particulièrement, jusqu’à aujourd’hui, un mois après les faits, où je décide de coucher sur papier les idées qui me tenaillent. 

Généralement, les parents dont l’enfant, victime de harcèlement, commet l’irréparable témoignent souvent, avec regrets, que leur enfant n’a jamais dénoncé les faits. 

« Je ne savais pas. Pourquoi ne s’est-il/elle pas confié.e? Je n’ai rien vu venir. Il/elle souffrait en silence. Je n’ai pas été capable de détecter que quelque chose n’allait pas. »

Le cas de Lindsay s’en différencie grandement dans le sens où la jeune fille a dénoncé les faits au directeur de l’école et à la conseillère principale d’éducation. Avec l’aide de sa mère, elle a même alerté la police, le ministère de l’Éducation nationale et le Président de la République sur le harcèlement scolaire qu’elle subissait. Mais en vain…

Hier, les parents ayant perdu un enfant dans ces tragiques circonstances se mobilisaient dans les écoles, dans les médias pour encourager les jeunes victimes de harcèlement à en parler, à demander de l’aide, à dénoncer les faits. Aujourd’hui, Lindsay l’a entendu. Elle a crié au secours. Mais, quant à elle, personne ne l’a entendue.

Les parents ont déposé plainte contre la direction du collège où était scolarisée leur fille, l’académie de Lille, les policiers en charge de l’enquête et… Facebook.

Ce n’est pas la première fois que ce dernier se retrouve sous les feux des projecteurs pour pareil cas. Il est évident que les réseaux sociaux ont révolutionné notre manière de communiquer et d’interagir avec les autres. Ils occupent une place prépondérante dans la vie de beaucoup d’individus. Cependant, l’utilisation précoce de ces plateformes par un public très jeune suscite inquiétudes et préoccupations. On pourrait dès lors légitimement se poser la question suivante : faut-il interdire l’accès des réseaux sociaux aux moins de 15 ans ?

Tout d’abord, cette interdiction permettrait de protéger la vie privée des jeunes utilisateurs – pas toujours conscients – des risques et des conséquences à long terme que peut engendrer le partage de leurs données à caractère personnel, et permettrait également de leur accorder le temps nécessaire pour développer une compréhension plus affûtée des enjeux que cela représente.

De plus, l’utilisation précoce des réseaux sociaux peut avoir des conséquences néfastes sur la santé mentale des adolescents dont le cerveau est en développement. En pleine construction identitaire, les adolescents, particulièrement vulnérables au regard de l’autre et aux pressions sociales, sont facilement influençables. D’ailleurs, beaucoup sont prêts à tout pour décrocher un maximum de pouces bleus.

Par ailleurs, la comparaison constante avec les autres sur les réseaux sociaux entraine des sentiments d’insécurité et de dépréciation de soi chez les jeunes.

Et je ne parlerai pas davantage du harcèlement ou de l’exposition des adolescents à des contenus inappropriés (violence, pornographie…).

Pour revenir à ma problématique : « Faut-il interdire l’accès des réseaux sociaux aux moins de 15 ans ? », il est évident qu’elle n’est même pas « formulable » sachant que 87 % des jeunes (11-12 ans) en France utilisent régulièrement au moins un réseau social, alors que l’âge minimum requis pour s’inscrire est de 13 ans.

Il est plus que temps de mettre l’accent sur l’éducation et la sensibilisation aux dangers des réseaux sociaux et ce, dès le plus jeune âge. Attendre l’entrée en secondaire ou au collège (en France) est trop tard. Le rôle nous incombe, à nous parents, mais pas seulement. Le législateur a un rôle prépondérant à cet égard.

C’est pourquoi, il faudrait soumettre à Pap Ndiaye, Ministre de l’Education nationale, d’organiser une activité de sensibilisation, dès la maternelle, aux dangers du cyberharcèlement et des réseaux sociaux. 

Mais non, que dis-je ! Ce n’est pas possible, il ne peut pas être sur tous les fronts. Il est bien trop occupé à mettre en place son programme contre les stéréotypes de genre dont l’objectif sera de combattre, dès le plus jeune âge, les idées reçues : un garçon a le droit de jouer à la poupée et une fille peut taper dans un ballon ! 

N’est-ce pas là le plus important… ? 

L.M.

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