Je viens de finir un livre…

« Au fait, je viens de finir un livre ! »

« Ah oui ? Ça raconte quoi ? »

« Ben c’est l’histoire d’un figuier qui parle… »

Quoi de plus banal que ces échanges entre collègues ou copines, où l’on essaie de rendre en quelques mots l’aventure romantique, angoissante ou palpitante qui nous a accompagnée quelques soirées durant.

Mais certains livres ne se résument pas en trois phrases entre deux tâches du quotidien. Ce serait sacrilège. Il faut faire honneur à leur style subtil et imagé. Ces livres là ne sont pas pressés, ils invitent à calmer la frénésie du tourbillon de la vie, à ralentir sa respiration, à freiner le pas. Alors, quand vous acceptez d’être ce lecteur patient et prêt à découvrir ce qu’il veut vous offrir, vous pouvez tourner la première page, et avancer d’un pas timide, prêt à recevoir.

Étonnant et original, voilà deux mots qui peuvent qualifier «  L’île aux arbres disparus » d’Elif Shafak.  Ce récit qui prend parfois des allures de conte, nous fait voyager à travers les lieux et les époques. On observe l’impact du deuil et du cyber harcèlement sur une adolescente londonienne, puis on plonge dans les amours clandestines d’un jeune couple lors de la guerre civile qu’à connue l’île de Chypre dans les années 70.

Tour à tour, on regarde les humains vivre et se débattre, mourir aussi parfois, et on écoute un arbre centenaire raconter…

Parmi les nombreux thèmes qui se mêlent et s’entrecroisent comme les racines du figuier, il y a donc la guerre, le nationalisme, et l’intolérance de tous bords. 

C’est aussi un incroyable hommage à la nature, qui vous fera voir l’oiseau  persévérant, le papillon fragile, la forêt mystérieuse et bavarde, avec un regard inédit. On se sent tout petit, et on reprend avec humilité sa place d’humain, modeste maillon parmi les maillons de la chaîne universelle.

Le fil d’Ariane qui nous guide d’un bout à l’autre du livre, c’est la mémoire familiale, le poids des secrets et des non-dits sur les jeunes générations, et la valeur libératrice de la parole, quand elle circule sainement et avec bienveillance. 

Je viens de finir un livre, disais-je donc. C’est l’histoire d’un figuier qui parle et qui m’invite, moi enfant d’exilés, à m’enraciner  dans la terre qui m’a vue naître et à y prendre ma place. A considérer le monde riche et complexe qui m’entoure et à voir la valeur et l’apport de chaque être qui y contribue, si petit soit-il. Le vieux figuier me rappelle aussi que j’ai des racines et que toujours elles feront partie de moi. Car ce sont mes racines qui font que mes feuilles sont vertes et soyeuses…

Un beau livre, doux, mélancolique, d’une fraîcheur inattendue…

Hayat Belhaj 

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