Les dangers de la course aux « likes »

Facebook, Insta, TikTok, Snapchat, Twitter… on ne compte plus le temps passé sur nos réseaux à commenter les photos de vacances de nos amis, à modifier et perfectionner sa photo de profil. Un tweet par-ci, un like par-là, un selfie sur Insta… Cette consommation excessive de réseaux est devenue une véritable addiction pour la plupart des gens.  Mais quelles en sont les conséquences sur notre santé mentale et celle des plus jeunes et des plus vulnérables?

Le « like » (j’aime) est apparu il y a un peu plus de dix ans sur le réseau social Facebook. Aujourd’hui, on le retrouve sur presque toutes les plateformes telles que Insta, Youtube, LinkedIn,… Cela permet une interaction entre les abonnés et développe également le sentiment de ne pas se sentir seul. En effet, on se retrouve face à une communauté « d’amis » avec qui l’on partage nos photos de vacances, des adresses incontournables, des lieux instagrammables…

Souvent, on « like » les statuts de nos amis dans le but d’être « liké » à notre tour. Plus on accumule de pouces bleus, plus on se sent exister aux yeux des autres. Cela augmente la confiance et l’estime de soi. Alors, on parfait le contenu à poster dans les moindres détails afin d’avoir davantage de j’aime. 

Sur cette lancée, certains iront même plus loin et sentiront le besoin d’exhiber leur corps, leurs biens matériels, leurs plats gastronomiques, pour enfin exister et récompenser ce côté narcissique!

Mais attention, l’image renvoyée aux autres n’est pas toujours le reflet de la réalité. Celle-ci est parfaitement choisie voire manipulée ou retouchée. 

D’après Michael Stora, psychanalyste, interrogé par la Croix , « la dimension du ‘like’ est très perverse : de petites décharges de dopamine sont libérées dans le cerveau lorsqu’on reçoit un like ce qui va encourager à poster beaucoup plus… »   

Mais quand le like se fait attendre, il peut créer une véritable angoisse qui, à son tour, va créer une paranoïa. « Je ne suis pas assez jolie sur cette photo peut-être ? » « Mon commentaire n’est pas pris au sérieux » « J’aurais peut-être dû mettre un filtre? »

Recevoir des commentaires négatifs ou tout simplement le non intérêt d’autrui peut devenir source de frustration. Ainsi, une personne fragile est susceptible de sombrer dans des dépressions profondes et se renfermer dans une bulle.

Parfaire son image à l’aide de filtres…

Finies les rides, les cernes, les imperfections qui nuisent à notre image. Actuellement, il est possible de rectifier son apparence en quelques clics sur de multiples applications et ainsi obtenir un grain de peau plus lisse, des yeux moins fatigués ou des dents blanchies. 

Vous avez l’embarras du choix : le nez affiné, les lèvres pulpeuses, les joues rosées, et j’en passe… Tout est mis en place pour cacher le moindre petit défaut apparent. 

D’après Sabrina 17 ans : « Perso, je ne me trouve pas laide mais c’est vrai que quand je dois poster une photo de moi sur les réseaux, je préfère mettre un filtre. C’est comme ça! Je dirais que c’est dans les normes. Tout le monde le fait, même ceux qui ont zéro complexe! »

Quant à Sarah 21 ans : « Je n’ai aucune photo de moi sans filtre dans mon téléphone depuis des années. Et pour quelle raison? Là, je suis un vrai canon, pas besoin d’être maquillée et tout est parfait! »

Un impact sur les plus vulnérables

Il faut savoir que l’utilisation à répétition des filtres peut avoir un impact psychologique sur les jeunes. En effet, il y a un décalage entre la réalité et l’image sans défaut affichée sur son smartphone. Alors, s’enchaine une consommation excessive de filtres qui va forcément engendrer des complexes de plus en plus lourds qui poussent le jeune à tout mettre en œuvre pour ressembler le plus possible à son Avatar. Cette obsession de vouloir véhiculer une image parfaite de soi avec comme résultat davantage de « likes » va créer des troubles psychologiques chez les personnes vulnérables.

Les jeunes adolescents sont dans une période difficile de leur vie. Beaucoup ressentent des complexes, sont mal dans leur peau ou ressentent un manque d’estime de soi… A force de se voir ou de voir les autres sans aucun défaut physique, ils finissent par rejeter leur image naturelle : on appelle cela le DYSMORPHISME. 

En réponse à ce malaise de plus en plus fréquent, les jeunes (les jeunes filles plus particulièrement), vont franchir la ligne rouge en se tournant vers la chirurgie esthétique afin d’assouvir ce désir de visage parfait et d’améliorer leur physique selon les normes de beauté imposées par les filtres. Malheureusement, à force de chercher la perfection, ils deviennent d’éternels insatisfaits. Plus aucune limite ne peut les freiner et ils tombent dans un cercle vicieux sans issue.

Instagram et Snapchat sont d’ailleurs les réseaux sociaux qui exercent le pire impact sur la santé mentale et le bien-être des adolescents, selon une étude menée par l’association caritative dédiée à la santé publique Royal Socialty for Public Health (RSPH) auprès de 1479 jeunes âgés de 14 à 24 ans, faisant part de leur anxiété, de leur solitude, voir de leur dépression. 

L’hypersexualisation précoce

Ces dernières années, nous remarquons que de plus en plus de jeunes enfants sont accros au numérique et aux réseaux sociaux. Ceux-ci ont accès à du contenu non adapté à leur jeune âge tels que de la pornographie, certaines propagandes ou aux influenceurs qui vendent du rêve aux jeunes générations. Le risque serait qu’ils tombent entre les griffes de prédateurs pédophiles mais aussi qu’ils finissent par vénérer ces pseudos influenceurs qui exhibent leur nudité ou leurs biens matériels sans aucun tabou. Cette façon d’agir est aussi une méthode marketing pour vendre davantage de produits et ainsi gagner des sommes exorbitantes sans le moindre effort.

Beaucoup de jeunes filles dans la précarité et souvent issues de quartiers populaires sont fascinées par la beauté mais aussi le train de vie de ces influenceurs. Pour pouvoir se payer de beaux sacs ou de la chirurgie esthétique, elles se tournent vers la prostitution qui permet de se faire énormément d’argent en très peu de temps. 

Quant aux jeunes garçons, eux, vont dealer de plus en plus et ainsi être aux commandes de gros bolides, porter des montres luxueuses, etc.

Ce phénomène touche de plus en plus de jeunes qui n’arrivent plus à discerner le vrai du faux et sont ainsi hypnotisés par l’illusion des réseaux sociaux! Ils rêvent d’avoir la même vie que leurs idoles qui sirotent toute l’année leurs cocktails au bord d’une piscine sous un soleil de plomb…

Mais derrière cette image idyllique, se cache une réalité bien différente…

Bondyblog a interrogé Samy qui est éducateur dans une cité de Montreuil, en France. Il suit de près l’évolution du phénomène et l’explique par un sentiment de frustration dans les quartiers : « Les garçons comme les filles ont grandi dans des tours HLM en voyant leur mère faire des ménages et leur père trimer au chantier. Ils veulent faire de l’argent facilement à l’heure où on est imprégné par les marques, le luxe et les voyages. » D’après lui, les jeunes sont en perte d’identité dans une société où tout se consomme, y compris le sexe. Les raisons sont multiples, entre décrochage scolaire, appât du gain, etc. » 

Les ados et les plus jeunes qui sont confrontés tous les jours à des modèles virtuels de beauté tentent de reproduire les mêmes faits et gestes que leurs idoles en publiant des photos ou des vidéos provocantes. Nous pouvons aujourd’hui observer de jeunes filles d’à peine 7-8 ans se déhancher de façon vulgaire sur TikTok. Elles mettent en scène leur corps d’enfant, souvent maquillées et vêtues de tenues trop légères pour leur jeune âge, dans des positions d’adultes et laissant apparaitre leurs formes. Tout est fait pour mettre en valeur ce qui attire les hommes chez une femme.

Ce qui pose un véritable problème d’hypersexualisation précoce et engendre bien entendu de la pédopornographie numérique. Ce phénomène touche beaucoup plus les jeunes filles et malheureusement l’hypersexualisation va contribuer aux violences faites aux femmes. De plus, l’attitude de ces jeunes et l’exposition à outrance de leur nudité va accroitre leurs complexes et ainsi les rendre sensibles aux regards des autres.

A l’inverse, recevoir trop de compliments va gonfler leur égo et créer des personnages narcissiques. Pour contrer cela, aujourd’hui, est né un mouvement de femmes dans le monde défendant le « no make up ». L’idée est d’apprendre à s’aimer au naturel et de cette façon elles revendiquent ne plus vouloir subir cette pression sociale.

Ce mouvement pourrait aider beaucoup de jeunes filles à s’accepter telles quelles et enfin sortir de leur souffrance due à leurs complexes souvent accentués par les réseaux sociaux.

Le like bientôt masqué sur Instagram… 

L’application a annoncé récemment que l’affichage des likes ne serait plus public tout comme le compteur de vues des vidéos postées. L’objectif est ainsi de permettre d’enlever la pression du nombre de likes qu’un message peut recevoir.

«  Une décision qui devenait plus que nécessaire » souligne auprès de L’Express Michael Stora, psychiatre spécialiste d’Internet et des mondes numériques. « Car au-delà du simple clic, ce processus de « likes » peut devenir dangereux pour la santé mentale des utilisateurs les plus fragiles. » 

Il faut absolument une prise de conscience collective. Les parents sont responsables de leurs enfants et doivent impérativement être vigilants quant à l’utilisation excessive des réseaux sociaux mais aussi du contenu visité et partagé afin de détecter à temps les dérives qui peuvent avoir lieu et éviter des conséquences pouvant être désastreuses : cyber-harcèlement, hypersexualisation précoce, pédo-criminalité,…

                                                                                                                                                                             I.S

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