« Liberté, égalité, fraternité », ces mots définissent les trois valeurs fondamentales de la société française aujourd’hui, et la vie démocratique de manière générale. La liberté ou le droit de vivre librement, libre de toute oppression ou restrictions infondées de la part des autorités, est une valeur fondamentale des sociétés démocratiques. Il en va de même pour l’égalité. Il ne s’agit pas uniquement de traiter d’égal à égal les personnes et de les respecter, mais aussi d’être égal devant la loi. La fraternité (« frère » est la racine du mot) est l’idée d’une solidarité ou d’un partenariat où nous construisons ensemble la société sûre, libre et juste dans laquelle nous désirons vivre. Mais ces valeurs semblent parfois ne pas être appliquées quand il s’agit des musulmans… Analyse.
Si cette devise a trouvé son origine en France, les valeurs prônées n’étaient pas nouvelles. L’idée est en fait très ancienne. De plus, les valeurs de liberté, égalité, fraternité forment un système de croyances qui a finalement conduit aux traités relatifs à la protection des droits humains que nous connaissons aujourd’hui, tels que la Déclaration universelle des droits de l’Homme, adoptée par les Nations unies en 1948.
Le prix d’une lutte populaire[3]
Ces valeurs sont nées d’une lutte, lorsque le peuple a cherché à se libérer du joug de la monarchie oppressive pendant la Révolution française. Si le sens littéraire de la devise parle pour lui-même, elle a été vue comme une sorte de « fourre-tout » qui intègre les droits fondamentaux et les libertés des citoyens français (et principalement ceux des hommes, la femme étant reléguée au second plan et n’avait aucune légitimité dans ses droits civiques). Il s’agissait d’un coup dur pour le pouvoir de la monarchie et du clergé.
Ainsi tous les êtres humains sont égaux devant Dieu, et aucun ne devrait se voir priver de droits dont jouissent les autres. Ceci dit, l’Histoire nous révèlent les excès, les dérives et les abus de ces deux mondes (monarchie et clergé). La fraternité laisse aussi suggérer l’importance du sentiment d’appartenir à une lutte commune chez les Français, unis par leurs croyances et leur nationalité.
La devise française aujourd’hui : valeurs obsolètes ?
« Liberté, égalité, fraternité » est toujours la devise de la République française. Mais, aujourd’hui, quel sens à cette devise pour les hommes ? Elle signifie encore de nos jours la même lutte contre les inégalités, les divisions et abus de pouvoir qu’à l’époque de la révolution. Les mots sont les mêmes mais la signification change. On observe notamment que la fraternité a pris un nouveau sens : il ne s’agit pas uniquement d’un attachement au pays, mais aussi à des relations de la vie de tous les jours.
Et comme la France est devenue beaucoup plus mixte depuis l’époque où cette devise a vu le jour, l’égalité est la valeur qui a sans doute subi le changement de sens le plus important.
Et ce parce que les inégalités persistent dans de trop nombreux domaines : inégalités économiques, géographiques, raciales, religieuses. Ce changement de sens suit le cours de l’histoire de la France. Le colonialisme, les deux guerres mondiales, la montée des organisations extrémistes, souvent ancrées dans une forme d’identité religieuse ou culturelle, ont contribué au changement d’interprétation de la devise et de son application.
Et donc quel avenir pour elle ?
Il est difficile de savoir. Ceci étant dit, la culture française est bien plus complexe qu’à l’époque. Cela a conduit à une certaine révision de l’interprétation de la devise. Les changements culturels et démographiques influencent aussi la façon dont la devise est comprise. Il est vrai qu’elle reste très importante aux yeux des Français et représente une source de fierté car elle englobe les valeurs d’une France moderne et diverse. Mais les personnes lui prêtent des sens différents. Beaucoup pensent que les valeurs d’égalité, liberté et fraternité s’appliquent dans leur véritable forme à tous les individus.
Aujourd’hui, en France, nous remarquons un climat politique et social alarmant. En effet, le journal indépendant Le Mediaécrit : « s’allier avec l’extrême-droite ou reprendre ses idées ne constituent plus un interdit. (…) Plusieurs lois liberticides organisent une société autoritaire de surveillance et de contrôle (…) ces lois stigmatisent une partie de la population en raison de sa religion[5], d’autres en ciblent en raison de leur activité militante. »[6]
Ce jeu de déstabilisation que certains politiciens et médias aiment à jouer, est le résultat de ce déferlement de « haine » sur une communauté, dont le but ultime est de vivre selon les principes et les valeurs divines auxquels la République française fait écho.
« Une année 2021 très difficile pour les musulmans en France. C’est le constat de l’European Islamofobia Report qui réunit plusieurs instituts et experts analysant l’évolution de l’islamophobie au sein de 31 pays. »[7]
Dans le dernier rapport publié par les 37 militants et experts de cette organisation, la France est pointée du doigt pour, entre autres, sa loi anti-séparatisme notamment pour « son caractère liberticide et répressif ». Le rapport cite surtout l’augmentation des actes islamophobes dans le pays en 2021.
L’incertitude économique pourrait bien perdurer et cela pourrait renforcer l’importance donnée à l’identité individuelle (montée des groupes extrémistes) si le peuple ne se lève pas contre les injustices, cela contribuera sans doute à créer un fossé entre le sens donné à cette devise pendant la révolution et le sens qu’on lui donnera à l’avenir…
Najoua
[2] Devise de la France, formulé par Maximilien de Robespierre lors d’un discours, au 18 ieme siècle, et inscrite dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen en 1789.
[3] Image akg-images. Révolution française 1792-97.
[4] Site defenseurdesdroits.fr
[5] Pour en savoir plus, un article du magazine Musulmans en France sur le site musulmansenfrance.fr sur la loi « séparatisme ».
[6] Lemediatv.fr- article « le 12 juin, marchons contre l’extrême-droite et pour nos libertés », 8 juin 2021.
[7] Article tiré du site algeria-watch.org, publié sous le titre « Peut-on encore vivre sereinement en France en tant que musulman ? » écrit par la journaliste Soraya Amiri le 22 septembre 2022.