Le Muslim Bashing ou le refus du « succès musulman »

Le terme « Muslim bashing » désigne le dénigrement systématique et souvent virulent des musulmans en raison de leur religion (apparente ou supposée). Ce phénomène s’est intensifié ces dernières années, alimenté notamment par des discours politiques polarisants, des médias sensationnalistes et des préjugés coloniaux ancrés. En Belgique, plusieurs personnalités publiques ont été affectées par ce phénomène : l’ingénieure Ihsane Haouach, le fondateur de MolenGeek Ibrahim Ouassari ou encore récemment le député Fouad Ahidar. 

Le Muslim bashing n’est pas seulement un problème de discrimination individuelle, mais un enjeu sociétal qui affecte la cohésion sociale et qui impacte la perception des musulmans de manière générale dans la société civile. 

Les origines du Muslim bashing

Plusieurs éléments peuvent expliquer l’apparition de ce phénomène : l’Histoire coloniale, tout d’abord. Les politiques coloniales ont souvent exploité les différences religieuses pour diviser et gouverner. Cette histoire a laissé un héritage de méfiance et de stéréotypes qui perdurent jusqu’à aujourd’hui. Deuxième élément, le terrorisme et la sécurité. Les actes de terrorisme commis par des extrémistes ont conduit à une généralisation injuste de l’ensemble des musulmans. Cet amalgame renforce la peur et le rejet de l’islam et de ses partisans de manière plus globale. A cet effet, le cas d’Ihsane Haouach est très révélateur. En 2021, l’entrepreneuse sociétale de 38 ans est nommée commissaire du gouvernement auprès de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes. Une nomination qui suscite de nombreux remous malgré un cv en béton. Attaquée de toutes parts, elle finit par démissionner six semaines seulement après sa nomination… En troisième lieu, les discours politiques. Certains politiciens utilisent le Muslim bashing comme un outil pour gagner des voix en exploitant les peurs et les préjugés. Cela est particulièrement visible dans les discours populistes et nationalistes et en période électorale ou de négociation pour la formation d’un gouvernement. Un exemple d’actualité concerne le député Fouad Ahidar et sa liste qui a remporté un succès inattendu lors du scrutin du 09 juin dernier. Partisan de la liberté de culte, il est accusé de vouloir «  imposer la charia » en Belgique, est présenté comme « un parti religieux », une liste « islamique »,… Ses vingt ans d’engagement en politique notamment en tant que président du Parlement de la communauté flamande à Bruxelles et vice-président du Parlement bruxellois ne pèseront pas dans la balance… Enfin, en quatrième lieu, les médias sensationnalistes. Les médias jouent un rôle clé en amplifiant les incidents impliquant des musulmans tout en négligeant les contextes plus nuancés. Cette couverture déséquilibrée contribue à la stigmatisation. Les mea culpa, rares, n’arrivent qu’une fois le mal occasionné. 

Conséquences du Muslim bashing

Les répercussions du Muslim bashing sont multiples et profondes : discriminations, exclusions, violences, harcèlement,… De nombreuses réputations sont aussi durablement entachées et le travail fourni durant toute une vie est réduit à néant en quelques minutes. Ibrahim Ouassari, fondateur de MolenGeek a ainsi été étiqueté de « Frères musulmans ». L’affaire a été portée en justice par l’intéressée mais celle-ci ne lui a pas donné gain de cause en raison notamment de « la présence importante  de jeunes filles portant le foulard » et qui suivent les formations dispensées par cet écosystème technologique. Une décision qui interpelle. Néanmoins, l’apparition de musulmans qui revendiquent cette part de leur identité à des positions stratégiques contribuent à accentuer un sentiment de méfiance et de peur de la part d’une certaine frange de la population. Il est aujourd’hui essentiel de continuer à mener ce combat malgré les conséquences. Un combat qui permettra aux futures générations d’assumer pleinement leur religiosité et leur citoyenneté. 

H.B. 

Laisser un commentaire